Montée fin 2004 à Londres, The Electric Mainline est une formation qui représente un peu la bonne fortune des expositions de type Myspace : grâce à leur propre site, la troupe a su diffuser ses propres compositions et un intérêt est né, ce qui a conduit à des critiques des morceaux proposés entousiastes. L’affaire était donc en route.

Tiré d’un morceau instrumental de Spiritualized, le nom du groupe n’est pas inapproprié car l’électricité est omniprésente dans la musique qui nous est proposée, un bon point. Justement, cette musique se retrouve pour la première fois sur disque (si l’on excepte la présence sur une compil du label) après de multiples passages radio. Avec ce EP intitulé All Too Much, on découvre enfin ce qui compose la musique de The Electric Mainline. Nous sommes en présence de racines renvoyant au shoegazing, à la cold wave voire à l’ambient avec une touche d’énergie tirée - au hasard - du mouvement garage ou punk. À ceci s’ajoute une autre particularité résidant dans le caractère instrumentaux des morceaux. Voilà, l’enveloppe est décrite, passons à présent aux compositions.

Le disque s’ouvre logiquement avec Intro, sorte de répétition, courte plage dans laquelle on suppose que l’on attend que le courant parvienne jusqu’aux instruments ou bien alors qui renverrait au moment du réveil où l’on n’est pas encore prêt à tout... Bref, il fallait bien commencer mais subitement, la suite nous saute à la figure et là, plus de doute, tout le monde est debout. Something For Nothing se compose d’un motif guitaristique répété tout au long du morceau entre saturation, batterie rentre-dedans sur lesquelles s’ajoutent à chaque cycle une couche de phazing, puis du larsen, puis une autre couche de larsen... jusqu’à l’orgie sonore. Le morceau le plus long du présent disque. La nuit et le jour avec la première piste et donc un effet de surprise réussi. D’ailleurs, on retrouve une recette similaire avec All Too Much, gorgée de larsens, un vrai mur du son valentinesque avec quelques paroles inaudibles et un motif de batterie au poil. Contrairement à certaines productions qui sortirent par le passé du label Creation Records, ici, on peut presque affirmer qu’il n’y a pas de séquenceurs ou de synthés : du son brut et des guitares. Le morceau suivant, Exp#1, s’ouvre étrangement avec un bruit mi-extra-terrestre, mi- guitare surgissant des entrailles de la Terre, le tout, pour une courte plage semblant suggérer la trêve de la surenchère sonore, annonçant de fait une nouvelle face de The Electric Mainline, plus calme, ethérée, toute en arpèges avec la reposante Let Me Drift Away qui suggère un ras-le-bol avec l’escalade sonique des morceaux précédents. Place au calme et à la paresse !

Des sonorités déjà éprouvées par le passé mais qui font toujours un bien fou à entendre de nouveau. Et puis, en guise de conclusion, un morceau parfait, The End Of Time qui mélange les deux aspects du groupe, une bonne synthèse pour ce titre qui n’a sa place nulle part ailleurs qu’en clôture du morceau et qui s’inscrit dans la tête par sa simplicité. The End Of Time qui a du mal à se terminer nous inviterait-il à ne pas oublier The Electric Mainline ?

Oui, on peut le croire car la troupe est actuellement sur le point de boucler son premier véritable album et on ne peut que l’attendre même si cette mise en bouche se veut plutôt convaincante pour un premier essai et contrairement à son titre, ce n’était pas all too much !