D’abord, ce qui attire l’oeil sur cet album, c’est la pochette. Au premier coup d’œil, on pourrait croire à une illustration pour un conte. Mais en regardant de plus près ... Un paysan médiéval, les pieds fondus dans le sol, en train de bêcher une terre désolée, avec pour tout décor un château de conte de fées, sous un ciel sanguin où apparaissent sept lunes, celle du milieu ayant les traits d’un visage humain ... Le verso représente le même paysan, un loup assis à ses pieds dans une forêt sombre et quelque peu lugubre, en train de regarder la lune humaine. Une pochette qui met plutôt mal à l’aise, qui pourrait facilement donner des cauchemars à un enfant à l’imagination fertile. Puis, on insère le disque dans le lecteur.

Une ambiance fantastique et médiévale envahit alors la pièce... Les histoires bizarres et poétiques de Christian Decamps sont excellement bien écrites et installent déjà à elles seules cette ambiance quelque peu malsaine à base de monstre des marais, de rois, d’êtres de lumière, de paysans affamés ... On aurait envie de s’arrêter là mais on en fait rien, comme envoûté par la musique, mélange de rock et de mélodies médiévales, qui accompagne les textes.

L’album mérite son titre, chaque titre se surpasse en folie... Il ne s’agit pas de musique torturée. Non, ici il s’agirait plus d’une folie illuminée, fiévreuse, sorte de delirium tremens. L’exemple le plus frappant est Si J’Etais Le Messie où le narrateur s’imagine Messie, brocardant au passage les foules crédules prêtes à suivre le Messie sans sourciller quoiqu’il fasse :

Sorti en 1974, malgré l’absence de promotion intensive, le troisième album d’Ange connait un véritable succès et devient disque d’or par le bouche à oreille. Loin d’être l’album le mieux produit du groupe, Au-Delà Du Délire est considéré comme LE chef d’œuvre du groupe et place Ange comme porteur du flambeau progressif en France.