Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Fino le 8 janvier 2008
paru en août 2006 (Killer Pimp Records)
Ecoutées immobile et sobre, les cinquante-huit minutes d’Axis Of Blood ne font au départ pas le moindre effet. Si les pistes étendues à l’infini de ce premier album de Blood Money n’ont - contrairement à ce que ses détracteurs diront - rien à voir avec le Metal Machine Music de Lou Reed, le possible ennui mis à part, force est de reconnaître que les amateurs de tatapoum et guitare nerveuse vont attendre en vain la mise en marche du réacteur.
Pourtant, le minimalisme du trio flirte délicieusement avec les belles heures du krautrock, expérimentation poussée à bloc et refus de clore les morceaux à l’appui. Russolo, acte I qui, s’il se contente de tracer le cadre, le fait à merveille, donne une étourdissante impression de vide. Les percussions sont rarissimes, les interventions vocales davantage encore, les deux étant noyées dans le brouillard lorsqu’utilisée dans le champ magnétique généré.
Delillo et sa rythmique presque régulière recrée immédiatement une atmosphère angoissante, à la limite de l’hostilité d’un terrain que l’on aurait préféré ne pas pénétrer. Entre marche désespérée dans l’immensité du désert australien et terreur déformée du XXIe siècle, le voyage, s’il ne secoue pas à l’extérieur, fait des ravages sous le scalp.
L’interminable complainte d’April donne l’impression d’être enfermé dans une boîte autour de laquelle tout se meut et se tord. Dans ce pandémonium, seule la voix entêtante tient le fil qui relie aux quelques repères que l’on parvient à conserver. Les saillies vocales de Ken Ueno, broyées par l’électronique et ce bon-sang d’oscillateur qui ne cesse de résonner, ne donnent rien de bon du point de vue de l’état psychique de l’auditeur.
Following Thunder laisse peu d’alternatives dans cet univers post-apocalyptique. Les plus chanceux ne pourront tout simplement pas supporter ce supplice. Les autres, penchés du côté de l’introspection influencée par les contextes les plus malsains, ne pourront résister à l’appel. Le mouvement se casse pour laisser place aux vibrations de Jet, qui voit le retour d’un tambour lent, lointain et régulier comme le malin. Une marche aux enfers vers laquelle on se sent et se voit emporté, avec la curiosité morbide de savoir où cela va mener nos pas. Puit sans fond dans un minimalisme qui avait fait peu de concessions jusqu’à présent, cette perspective vertigineuse clôt une descente hors de toute vie construite avec grand soin.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |