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mercredi 15 avril 2015
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par Psymanu le 23 janvier 2006
paru le 1er février 2006 (Effervescence)
Derrière le nom de This Melodramatic Sauna, se trouve celui de Jonathan Seiman, auteur, compositeur, interprète (chanteur et musicien) de 22 ans. Accompagné de divers invités dont un quatuor à cordes, il publie son premier album après plusieurs participations pour le label Effervescence. Celui-ci, enregistré au sein d’une petite chapelle en Bretagne, nous précise la brochure.
D’une atmosphère confinée peut généralement transpirer deux types de climats : ou la pesante promiscuité d’énergies créatrices parfois contraires, ou bien la douceur de l’esprit communautaire, le calme né de l’isolement des bruits du monde et de ses violences. Sur ...Et Les Fleurs Éclosent À L’Ombre, comme le titre le laisse pressentir, c’est cette deuxième possibilité qui s’impose. Oh, bien sûr, rien ici ne respire la joie de vivre. Et l’on sent percer une gravité certaine sous les douces comptines minimalistes et acoustiques, susurrées en anglais ou en français, dans le premier cas avec un accent bien frenchy mais qui finalement colle bien avec l’apparente légèreté décalée du Sauna Mélodramatique. Un disque en apesanteur, comme dégagé de tout, presque atone. Difficile d’isoler un morceau du tout fort cohérent que constitue cet album. Un album qui d’ailleurs ne se livre pas immédiatement. Si l’on peut être agacé, de prime abord, par la mollesse de l’ensemble, voila que l’envoûtement nous gagne dès la ré-écoute.
Difficile de ne pas penser à Simon & Garfunkel sur Stronger, Strongest et ses arpèges dévoués au timbre gracile de Jonathan Seiman. Comme souvent sur ce disque, ce sont les cordes qui donnent le relief sur Home And Away : d’abord langoureux, les violons se font ensuite tourbillon et emportent le morceau jusqu’à son terme. Des artifices électro confèrent à Ô My Sun son étrangeté, comme une marche d’automate dont les pas trébuchés seraient appuyés par une batterie se faisant soudain très présente. Et toujours cette douce mélancolie qui traverse For Respect, une minute trente de volupté. L’Alchimie Alcoolique peut rappeler les meilleurs Radiohead, dans les sonorités comme dans l’intensité, un morceau qui file véritablement le frisson. This Melodramatic Sauna aime à entamer lentement et timidement ses morceaux pour les faire progressivement ou accélérer ou prendre de l’ampleur. Ce schéma notamment présent sur Home And Away et sur L’Alchimie Alcoolique se retrouve sur Errance, instrumental fantomatique et quasi-flippant sur les crissements finaux. Et un peu aussi sur La Triste Comptine, titre qui aurait pu donner son nom au groupe, finalement, qui change deux fois de tempo pour finir sur des sonorités tziganes. Fin De Partie est une jolie pièce-montée : la guitare est rejointe par un xylophone, eux-mêmes complétés ensuite par des violons puis la batterie, le tout prend de la hauteur, puis laisse place en fondu-enchaîné à un bidule électro. Ce premier album des Bretons s’achève comme il a commencé, sur une Ballade minimaliste.
Un disque de chevet au sens propre du terme. L’écouter la nuit, allongé, et plonger. Peut-être la France s’est-elle découvert un nouveau Yann Tiersen, autre multi-instrumentiste de goût, doué pour créer des climats propices à l’émotion autant qu’à l’évasion. Sans doute ne manque-t-il à This Melodramatic Sauna qu’un film à accompagner, ou bien une célébrité arty en guest pour atteindre une popularité qu’il mériterait. Certes, rien ici n’est novateur, mais la musique proposée oscille sans cesse entre mignonnerie et beauté sans que la tentation de passer à la piste suivante ne se fasse sentir, pour peu que l’on ait su poser le disque dans son lecteur au bon moment, comme il fut enregistré : hors de toute oppressante agitation.
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