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mercredi 15 avril 2015
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par Vyvy le 8 février 2010
Paru le 11 janvier 2010 (Rough Trade/Beggars)
Adam Green est depuis plusieurs années une des personnalités les plus intéressantes et prolifiques à émerger de la scène ‘Anti-folk’ New-yorkaise. Son style n’a plus grand-chose à voir avec les enregistrements lo-fi de ses débuts dans les maintenant légendaires Moldy Peaches (amenés aux sommets du cool par la bande-originale de Juno), bien qu’il ait gardé, du côté des paroles, ce talent à faire bien sonner du n’importe quoi.
Le retour d’Adam Green, deux ans après le très sympathique et bien fichu Sixes & Sevens, ne serait pas tant un (micro) événement si entre temps l’homme ne s’était pas perdu dans la drogue et la nuit new-yorkaise. L’an passé, au cours d’un de ces concerts parisiens à l’Alhambra, le petit bonhomme vert que l’on avait connu un peu joufflu, bon vivant, apparaissait drogué jusqu’aux ouïes, titubant, et franchement pas à son niveau habituel. Le pitre était devenu ridicule. Mais le voilà non seulement de retour mais de nouveau sur pied.
Minor Love est un joli disque rose, dans sa boite noire New York by night. Adam Green y sautille bêtement l’air éberlué. L’album n’est donc pas à prendre trop au sérieux. Un peu tout de même, un amour mineur est un amour tout de même, et mérite qu’on y jette un coup d’oreille. Green y revient aux canons de son genre : chansons courtes, album court (31 minutes), jeu sur la voix et arrangement variés d’une simple guitare aux inspirations bruitistes. Et en cette demi-heure il se montre extrêmement convaincant.
Green est un orfèvre de rengaines décalées, et l’album en regorge. Give them a Token avec son mélange de voix sirupeuse et rythmes martiales vous entre dans la tête en un instant bien décidé à y rester. Mais c’est sans compter sur la concurrence du mal-luné Buddy Bradley dont Green annonce d’entrée la couleur.
It’s not a good day to call me, ‘cause I cannot spare some sympathy
Ce titre, qui est le premier single de l’album, se déguste idéalement via son clip, dans lequel Green remet au gout du jour le fait de ne ressembler à rien (et ce avec beaucoup de classe). De retour sur les pistes s’enchainant dans le lecteur, voilà qui arrive Goblin, ou l’homme compare une demoiselle à un goblin (et à un cliché ambulant…), ce qui est toujours très agréable vous en conviendrez. Il se rattrape avec un arrangement délicieusement dissonant et des cœurs d’hommes virevoltant. Et la palme de l’entêtant revient sans contestation à Castle and Tassel qui en plus de sonner fort bien, rime dans tout les sens, agrémentés de petit son de triangle et de haut-bois.
Mais aujourd’hui Green ne fait plus que dans la rengaine joyeuse-décalée. Il fait aussi dans la chanson tristounette, telle Boss Inside. La voix du chanteur, sur un léger fond de piano se laisse alors aller à une palette d’émotions (voire mêmes des notes graves !), teintées d’un spleen bon genre. Et il revient à ses premiers amours (style Garfield) avec Oh Schucks. On y retrouve tout : la voix pas vraiment juste ni posée, le son lo-fi crade attaquant un peu les oreilles, les larsens dans tout les sens. Une replongée en enfance pour le chanteur qui lui permet de s’échapper de l’étiquette de crooner moderne qui lui est si souvent collée.
Au final, l’album est vraiment une agréable surprise, de la part d’un artiste qui paraissait en fin de course il y a si peu de temps. Green arrive à continuer dans sa lancée sans pour autant s’enfermer dans un genre (ni lo-fi, ni crooner, un peu des deux, touche à tout). Il explore de nouvelles directions –notamment au niveau des arrangements ou les violons sont remplacés de plus en plus par clarinette et haut-bois-, et même quand il fait dans l’auto-plagiat éhonté avec Cigarette Burns Forever, ça reste entraînant.
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