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Exposition

Exposition

Collection D’Arnell-Andréa

par Milner le 15 mai 2007

3,5

paru le 26 février 2007 (Prikosnovénie)

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Il y a ceux, et ils sont majoritaires, qui enregistrent un album par an, parce que leur contrat les y oblige ou, pire, par habitude. Et puis ceux qui préfèreraient qu’on les oublie plutôt que de livrer une œuvre dont la création n’aurait pas été motivée par un besoin violent. Naguère envoûtant et profond, l’art de Collection D’Arnell-Andrea est devenu comme apaisé et a glissé vers une musique moins tendue comme plus décontractée. Le titre de leur précédent album (The Bower Of Despair) laissait entendre que, peut-être, les gens de ce groupe n’enregistreraient plus jamais comme avant. C’est que la mesure des succès recueillis par Collection D’Arnell-Andrea, très faible, est exactement inverse à celle de son talent. Pendant que d’autres glanent des disques d’or à interpréter ce qui a déjà été dit cent fois, ce faux groupe de corbaques fait avancer depuis vingt ans la notion de « beauté froide convulsive » que la France ne veut pas entendre.

Car Collection D’Arnell-Andrea est un groupe étrange de telle sorte que beaucoup de gens vont passer à côté de ce huitième album pour des raisons évidentes. D’une part, Collection D’Arnell-Andrea est un collectif. Le mot est peut-être laid et emprunt de bon sentiment mais en langage décodé, cela revient à dire que certains de ses musiciens jouent de trucs ni très clairs, ni très définis. Et d’autre part, lorsqu’on évoque le ténébreux ou le funèbre au service d’une musique electro-indus, il est possible d’avoir une réaction inconsciente qui consisterait à s’écrier très fort : « Oh, my Goth ! ». Peine perdue dans le cas d’Exposition, tant le concept musical et la démarche artistique ratissent beaucoup plus large. Modestement, il s’agit de présenter onze tableaux de peintres des XIXème et XXème siècle à travers onze titres chantés en français comme en anglais avec comme simple mission d’éviter le piège de l’illustration musicale. Pari osé tant la grandiloquence ou le maniérisme peuvent rapidement s’inviter à la fête. C’est le cas de la première écoute qui propose une musique assommante constituée de riffs mille fois entendus et d’une voix impersonnelle (celle de Chloé St Liphard) qui cherche à s’immiscer en vain entre Liz Fraser et Hope Sandoval.

Bizarrement, une fois passée l’idée qu’à force de se trouver en présence de titres calqués sur la même recette, Exposition est en train de faire passer Collection D’Arnell-Andrea pour un produit, on ne peut que constater la très grande cohérence du projet, grave, construit et organisé pour que le trouble se révèle en soi. L’attention est retenue par l’ouvertement insidieux The Monk On The Shore, Into Flowers ou l’exquis The Island Of The Dead tout en volutes chatoyantes. On pénètre alors la chair d’une musique parfois atone et soudoyée par les claviers. Pourtant, pas un mot ne vient troubler l’onde artistique de cette Exposition : cela mérite de s’y arrêter et même de s’y reposer un peu.



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Tracklisting :
 
1- Les Sombres Plis De L’Âme (4’40")
2- The Monk On The Shore (6’18")
3- Les Herbes Mortes (6’16")
4- Les Méandres (6’09")
5- The Long Shadow (4’53")
6- I Can’t See Your Face (6’07")
7- Les Catacombes (4’00")
8- Into Flowers (5’33")
9- Crowns Of Golden Corn (4’03")
10- L’Eau Des Mauves (5’14")
11- The Island Of The Dead (5’07")
 
Durée totale : 58’27"