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par Oh ! Deborah le 22 septembre 2009
paru en juin 2009 (AATT Records/Differ-ant)
Une compilation acoustique était nécessaire à And Also The Trees. Une contre-basse, une guitare sèche, un violoncelle et un dulcimer, pour amplifier le tissage artisanal et le romantisme rural auxquels nous ont habitués les frères Jones depuis vingt cinq ans. Ils recomposent alors quatorze titres choisis parmi leur discographie aux multiples facettes prolifiques, aux inspirations diverses (l’histoire médiévale, la poésie, la littérature moderniste ou encore les débuts du cinéma hollywoodien) mais toujours habitée par une noirceur élégante et surtout, naturelle.
Ce qu’aiment Simon Huw Jones (chanteur) et Justin Jones (guitariste) avant tout, ce sont les lieux, particulièrement les vieilles bâtisses. Ayant composé plus de la moitié de leurs albums dans leur maison familiale datant du XV ème siècle, il enregistrent en 2009, When The Rains Come en live, dans un manoir anglais. Ce qu’ils veulent : explorer les légendes et choisir de se produire, quand c’est possible, dans des endroits historiques. Comme lorsqu’ils jouèrent intégralement cette compilation au Lavoir Moderne le 10 juin dernier [1] qu’ils habitèrent de façon subjugante. Peu de différence donc entre When The Rains Come, délicat, précis, et le concert joué à la perfection. Si ce n’est la guitare de Justin au Lavoir, dont le style unique en forme de mandoline tire toute l’attention du public vers elle et rivalise avec le monstre qu’est la voix hantée de Simon.
Accompagnés de Ian Jenkins à la contrebasse, présent depuis le dixième album du groupe en 2007 ((Listen for) The Rag and Bone Man) et de la sporadique Emer Brizzolara au dulcimer et melodica, And Also The Trees résume sa carrière en dessinant un folk torturé et nuancé, une sécheresse qui ne schématise jamais leurs chansons mais en extirpe avec sobriété leurs sursauts de mélancolie et la justesse de leur romantisme autrefois théâtral. Car, si And Also The Trees naît au sein de la vague gothique du début des années 80 (avec un jeu de scène flamboyant et la légendaire cape arborée par le chanteur), leur mimemis ainsi que leur soin accordé à l’écriture s’apparentent plutôt à des chanteurs à textes, et leur musique à des chansons.
Au fil de cette compilation, des vagues, des soubresauts, la pleine lune, des portes qui grincent, une note qui fait tomber le décor, des teintes boisées, de grands orgues, la voix d’un vieux sage puis d’un ogre puis d’un prophète. Et toujours, des chansons, dont les anciennes et meilleures du groupe que sont Virus Meadow, Dialogue, A Room Lives In Lucy, Mermen Of The Lea, The Dust Sailor, des beautés poignantes.
[1] ancien lavoir public qui inspira Zola pour L’Assomoir
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