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mercredi 15 avril 2015
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par Fino le 6 mars 2006
paru en octobre 2005 (Fiat Lux Records)
Il arrive à tout être humain normalement constitué de se poser des questions existentielles, dont l’une des principales est très certainement : que se passe-t-il lorsque Pierre-Louis, habitué aux frasques électriques noisy, prend sa voix, ses textes, et attrape une guitare acoustique qui traînait là ? Réponse : il se meut en un Luis Francesco Arena chanteur de folk-pop.
Waterlilies & Creatures, titre d’ouverture aux fausses allures de conte merveilleux, révèle immédiatement une délicate qualité d’écriture de la part d’un chanteur dont la voix gémissante, à défaut de remuer les tripes à en chercher désespérément tout objet létal à portée de main pour le retourner contre soi comme celle d’un Elliott Smith, est loin d’être désagréable. Les paroles sont d’une étrange et troublante beauté, en dépit de l’apparente légèreté de leurs intitulés. À tel point qu’un album qui aurait pu paraître répétitif prend une dimension merveilleuse si l’on écoute les textes. Dans ce recueil se succèdent ainsi fragments issus de l’imagination mais aussi surtout de la vie de notre auteur. L’amour parti en cendres d’Ashtray Boy en est l’illustration parfaite ; anodine si l’oreille est distante et distraite, le superbe de ses paroles en font LA perle à conserver du disque.
Alors que l’auditeur continue de se faire bercer, les couplets se font plus abstraits (Fair Exposure). Les pages se tournent lentement au fur et à mesure que se succèdent les vignettes. C’est lorsque débute The Dawrf que l’on commence à regretter que la voix du chanteur, sans pour autant être abominable, loin de là, ne soit pas à la hauteur de cette merveille d’écriture dont l’accompagnement musical nous fait comprendre que l’on touche à un moment de grâce. Curieusement, la magie semble s’évaporer instantanément devant l’extrême platitude de The Nation Is Wrong, indigence qui tranche radicalement avec ce qui avait été donné d’entendre jusque là. C’est précisément pendant ces quatre minutes que l’on réalise qu’à de très rares exceptions près, chant et musique étant très proches d’un morceau au suivant, l’album ne parvient à garder de fraîcheur que par le (la plupart du temps très haut) niveau de ses textes.
C’est précisément la raison pour laquelle le disque finit par perdre quelque peu de sa splendeur. Les chansons sont belles mais ne surprennent plus. La délectation est toujours présente alors que s’égrènent ces fragments féeriques, mais elle s’amenuise légèrement (Good Bye Black Tights).
On est pourtant comblé devant le dépouillement de la splendide fin de l’album. Il se fait de plus en plus difficile de ne pas sombrer alors que le chanteur se refuse d’achever l’obscure Ordinary Flying Horse. Il serait tentant de déclarer que le disque se finit de façon parfaite avec un In Vineyards que l’on est tenté de se repasser immédiatement tant il ne laisse pas indifférent. Néanmoins ce serait une aberration. En effet, comment ne pas signaler que si fin parfaite il y a bel et bien, la responsabilité en incombe à la terrible reprise cachée du morceaux qui avait ouvert le livre, Waterlilies & Creatures, tout de triste piano et de mélancolie, et qui se suit d’un long silence de l’auditeur, qui ne peut que rester interdit alors que le recueil se ferme.
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