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mercredi 15 avril 2015
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par Dumbangel le 12 juin 2007
paru le 18 juin 2007 (Microbe / Warner)
Avec Fenomeno, Fabio Viscogliosi offre un digne successeur à son premier album. Cinq années séparent ce dernier de Fenomeno. Entre temps, les fans en manque ne durent se satisfaire que du morceau Ultimo composé pour l’album Une Saison Volée de Françoise Breut. Et cependant, celui-ci reprend les choses là où elles s’étaient arrêtées avec Spazio. Sur la pochette, on y retrouve le même mignon petit âne, personnage récurent dans l’univers de Viscogliosi, dessiné par lui-même. Car en plus d’être auteur, compositeur et interprète, le monsieur excelle dans l’art du dessin. Il est par ailleurs auteur de nombreux livres de dessins publiés à L’Association, Cornelius et aux Éditions du Seuil. Bref, un artiste complet dont l’univers riche et décalé sont pour beaucoup dans le charme qui se dégage de son travail.
La particularité de Viscogliosi, c’est de chanter en italien. Et ça fonctionne ! Il est en effet étonnant de voir comment cette langue se marie à merveille à ses compositions et finalement à ce petit monde qu’est la pop indé. Avec deux fois rien, l’art de Viscogliosi consiste à colorer ses arrangements de milles trouvailles mélodiques et à réussir à faire naître chez l’auditeur une multitude d’émotions sans que l’on ne comprenne un traitre mot des paroles (à moins de parler italien, bien entendu). Très fort donc.
Aidé de ses anciens complices de The Married Monk (Jean-Michel Pirès et Christian Quermalet) ainsi que de Sonia Zaand et Nicolas Courret, Fabio Viscogliosi fait cotoyer le low-tech avec des cordes subtiles selon les chansons avec une certaine maestria. L’album oscille entre une certaine mélancolie (Quindi, Di trilli, Jase, Il Nostro Caro Angelo), chansons enlevées (Nostalgia, Lago, Astro Di Gomma), goût pour l’expérimentation et les dissonnances (Fenomeno, Rumbubble, Hase).
Témoignage de ce télescopage musical hors-norme , la participation de Amedeo Pace de Blonde Redhead sur l’album qui officie merveilleusment au chant sur Il Nostro Caro Angelo. Cette reprise de Lucio Battisti, chanteur mythique en Italie (le Polnareff italien en quelque sorte dans le côté chanteur culte), est l’un des plus beaux morceaux de l’album. Il n’est alors pas très étonnant de comprendre pourquoi ce titre est sorti en 45 tours avec Lago, la voix limpide de Amedeo Pace se fondant parfaitement dans l’écrin de corde esquissé par Viscogliosi. Une écoute de l’original permet de se faire une idée même de son talent d’arrangeur et de créateur d’ambiance.
Avec The Married Monk, Ben’s Symphonic Orchestra, Yann Tiersen et tant d’autres, Fabio Viscogliosi est certainement l’un des meilleurs faire valoir d’une scène pop indépendante française qui se défie des lois du genre, des codes, tout en témoignant d’une insolence mélodique hors-pair. Il n’y a alors plus qu’à espérer que nous n’attendrons pas de nouveau cinq ans avant de recroiser son petit âne sur une pochette de disque...
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