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mercredi 15 avril 2015
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par Our Kid le 2 mai 2006
paru en 2005 (autoproduit)
Orgamilk, formation acoustique gravitant autour de Pedro, chant, guitare et compositions - accompagné d’un bassiste sur scène - nous présente un premier autoproduit. Originaire de Nantes, la musique du projet se veut sans fioritures, dans le plus simple appareil et il est toujours bon de rappeler comment il est possible de faire beaucoup avec très peu (Ramones, Buzzcocks, etc...). L’entreprise, si elle n’a rien à voir avec les formations évoquées, est réussie et les influences anglo-saxonnes sont assimilées à la perfection. Pêle-mêle, on y retrouve les éternels Nirvana, certains passages renvoient aux Beach Boys, certains titres rappelent les grandes heures du folk et des protest songs avec leurs slogans sans concessions. Disons-le tout de suite : rien de novateur ici (évidemment avec seulement une guitare...) mais l’idée de remettre au goût du jour un style plutôt délaissé en France ces dernières années (eh oui, l’Hexagone n’accouche pas d’un Damien Rice voire d’un Blunt tous les jours) est plutôt bien sentie en regard de la production actuelle. En toute cohérence, Pedro chante en anglais d’une voix rappelant tantôt Kurt Cobain (avant qu’il ne se mette à fumer), tantôt Xavier Boyer (Tahiti 80) voire Johnny Marr (ex-The Smiths), en tous les cas, un timbre chaud, parfait pour ce style acoustique car générateur d’émotions. Les morceaux sont accrocheurs avec des tempos variés, les thèmes des paroles traitent du bonheur, de la société, des relations humaines... et Pedro adapte sa voix avec justesse selon les circonstances, signe qu’il est indissociable du son Orgamilk.
Words Of Happiness lance la machine doucement et nous immerge progressivement dans l’univers intimiste et minimaliste de Pedro. Nice Day se présente plus entaînante que jamais et ne tombe jamais dans la redite. One More Joke ou la plus nirvanesque des compositions : intro empruntée à On A Plain, Polly, Drain You (rien que ça !) et la voix de Pedro lançant des « hey, hey, hey, hey » du plus bel effet. Le solo renforce le côté mélodique du morceau pour en faire un sommet du disque. Fluid s’ouvre tel le Salt Of The Earth des Galets sur des accords en open-tuning mais la voix, lorgnant vers celle de Chris Martin de Coldplay, ne ressemble en rien à celle de Keith Richards, une formule que l’on retrouve également sur Shell. Morceau le plus long du disque, c’est aussi celui où la palette vocale de Pedro est la plus étoffée, pas le morceau-titre pour rien. Guilty Crowds démarre exactement comme le Hully Gully des Beach Boys sur Party !, album acoustique par ailleurs. Au-delà de cette similitude, la composition dispose de sa propre originalité mais ces « emprunts » traduisent du côté remise au goût du jour d’une formule utilisée depuis 40 années maintenant. All It Gives s’approche, dans le même esprit, de III de Led Zeppelin, tout en conservant le style Orgamilk, soit des changements mélodiques à propos et une voix passe-partout mais pas pour autant anonyme. You Belong To This, d’inspiration plus britannique - It’s Not Me de Supergrass n’est jamais loin - est le morceau le plus radio-diffusable. Big Wood Cross, qui contient peut-être la plus belle traduction de la voix de Cobain aurait sûrement à gagner avec un fond de cordes pour amplifier l’ambiance mais, réjouissons-nous, le projet est cohérent de bout en bout. Sunways clôt l’album avec des accords rappelant le Wonderwall d’Oasis.
Fluid ne donne pas l’impression à l’auditeur d’être confronté à une démo car le son y est juste et la voix parfaite. En fait, il apparaît qu’on se trouve en présence d’un unplugged d’une éventuelle formation, ou d’un enregistrement effectué lors d’un showcase et on se plait à imaginer ce que pourrait donner les morceaux avec un orchestre complet, sur disque comme sur scène. Bon point : le yaourt est proscrit de ce disque et l’on jurerait que Pedro est anglophone depuis toujours, un plus de nos jours. Pour un autoproduit, le son est plus qu’honorable et on est impatient de découvrir la prochaine étape et de voir Fluid distribué à plus grande échelle. C’est vrai, après tout, le talent n’a plus de frontières.
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