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par Parano le 27 janvier 2009
Paru le 11 décembre 2008, autoproduit
Voilà un groupe qu’on attend au tournant. Trois ans après l’agonie des très estimés Distillers, revoilà Brody Dalle, l’une des plus belle voix du rock, jusqu’à présent acquise à la cause punk. Ce retour, sous forme d’un EP téléchargeable sur Internet, fait jaser. Madame Josh Homme (leader des QOTSA) a délaissé la crête rouge, les fringues trash, et les hurlements rauques, pour pouponner et repenser sa musique.
La voilà donc taxée d’opportunisme, voire de trahison, par les grincheux. On l’accuse de plagier son rouquin de mari, après avoir pillé son ex (Tim Armstrong, de Rancid). Tout cela fleure bon le machisme primaire, et on attendait la parution de ce premier EP pour se faire une opinion. Le résultat est mitigé.
Sur le papier, son groupe est alléchant, avec la présence d’Alain Johannes (QOTSA) et Jack Irons (RHCP, Pearl Jam). Il semble que la réalité soit autre, puisque, sur scène, Spinnerette tourne avec d’illustres inconnu(e)s. Brody a d’ailleurs annoncé que le groupe n’en était pas un, et qu’elle choisissait ses musiciens en fonction des circonstances. Dont acte.
Spinnerette. Avec un nom pareil, on s’attendait à ce que le groupe soit à l’aise sur la toile. C’est le cas, si l’on considère le buzz alimenté par les réseaux sociaux, et Youtube. Depuis 2007, Brody a su faire monter la sauce, en diffusant au compte gouttes ses nouvelles compositions (Mashup, un patchwork musical en janvier 2008, suivi de Valium Knights, en août dernier). En attendant la sortie d’un album, courant 2009, Spinnerette passe donc à la vitesse supérieure, avec cet EP téléchargeable, accompagné d’un bon vieux clip. De quoi faire baver les fans, mais également, de quoi négocier un contrat avantageux avec un label.
Que penser de tout cela ? Brody Dalle a visiblement de l’ambition, et souhaite garder le contrôle de sa musique. A l’image de Radiohead, ou Nine Inch Nails ? Cela dépendra sans doute de l’accueil réservé à ce nouvel EP.
A l’écoute des quatre titres, on comprend que les Distillers sont morts et enterrés. Les voix sont chaudes et sensuelles. Un beat electro remplace le martelage de fûts, et la distorsion punk cède la place aux pédales fuzz. Ainsi, le single Ghetto Love séduit autant qu’il agace, en affichant crânement sa filiation au rock musclé de QOTSA. Impression persistante sur Distorting A Code, qui flirte avec la New Wave et le psychédélisme de Rated R. Brody Dalle renoue vaguement avec le binaire sur Valium Knights, dont la substance rappelle autant les Ramones que… Stewie Wonder ! (réécoutez le couplet de Sir Duke). Le titre le moins réussi (ou le plus raté, si vous faites parti des grincheux) est sans conteste Bury My Heart, qui ressuscite les douloureuses élucubrations de l’immonde Garbage (pléonasme volontaire).
Six ans après Coral Fang, Brody Dalle signe donc un retour en demi teinte, au sein d’un groupe fantôme. On peut difficilement reprocher à un artiste d’évoluer, surtout lorsqu’il a du talent, et Spinnerette saura sans aucun doute trouver son public. La surprise vient plutôt de l’écriture, qui paraît moins inspirée, moins immédiate qu’auparavant. Plus mature diront certains. Reste que, pour Brody, faire oublier les Distillers ne sera pas une mince affaire.
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