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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 2 octobre 2007
Paru le 4 juin 2007 (Nacopagaz / Discograph)
Certains ont des voix qui vous débectent dès la première vocalise. D’autres qui vous poursuivent jusqu’au bout de la nuit noire et bleue. Johanna Wedin est très certainement à classer dans la seconde catégorie. La demoiselle qui officie sous le pseudonyme artistique de Mai a un organe (vocale bien sûr) magnifique et s’en sert pour conquérir le monde. Elle a raison.
À l’heure où les chanteuses folk pleuvent comme des chats sur les ruines, cette jeune suédoise semble avoir tout compris. Compris qu’il ne suffit pas d’une guitare acoustique et de trémolos pour faire authentique, que la véritable authenticité transpire d’elle même, quel que soit le contexte musical auquel elle s’accroche. Comprenez l’habit ne fait pas le moine, Johanna a donc justement multiplié sa garde-robe pour nous offrir un album millefeuille entre pop atmosphérique ou plus légère. Silly pourrait bien ressembler à une musique de supermarché qu’on se surprend à fredonner entre des conserves ou des céréales. Pourtant non, la chose sonne juste et émouvante, même cachée derrière une production ultra-léchée et des lignes d’instruments ultra-claires. Johanna est là et donne le sentiment de n’être que pour soi, d’intégrer l’auditeur à son propre univers tout en réverbérant parfaitement celui de tous. Balaise notre Suédoise.
Comme une personne douée ne se promène jamais seule, Johanna s’est vite fait des amis, dans ce Paris qu’elle a rejoint après son enfance dans la nature du nord de la Suède. Dorian Dumont (The Teenagers) est donc très présent sur le disque, il y vient chanter et aurait été l’élément déclencheur de la vocation de la demoiselle. Sa présence vocale apporte en tout cas un contrepoint salutaire, une respiration autre qui ne fait que donner plus d’air encore au souffle profond de Johanna Wedin, notamment sur Inside. Qu’elle s’accompagne d’instruments traditionnels comme sur l’introductif Snowing Downtown ou le final You’re Lovely But I’m Gone ou qu’elle pose sa voix sur des bribes d’electro plus minimalistes mais tout aussi évocatrices (Voices From The North), Mai accouche de ses textes avec la même volupté et la même aisance. Mi-Bjork, mi Beth Gibbons, Mai pourrait être la surprise féminine de l’année (genre on l’a dit proche de la saturation tant la qualité ne va pas toujours de paire avec la quantité).
On connaissait le label Nacopagaz pour ses publications osées dans le domaine de l’electronica la plus pointue, cette nouvelle sortie montre que le flaire artistique s’adapte à toutes les odeurs, du moment qu’elles sont prometteuses.
Appel de l’horizon et des grands espaces, suavité, chaleur contenue, la musique de ce Still Need A Kiss fait transparaître beaucoup d’émotions et en provoque un nombre tout aussi important. En témoigne le magnifique, You Should Come, ultime invitation dans l’univers si particulier de la Suédoise qu’il est difficile de refuser (d’ailleurs, on aurait bien tort). Un album à l’apparence légère mais à l’intérieur profond. À déguster sans restriction dès aujourd’hui, en attendant le joli mois de Mai.
Le dernier morceau du disque est en tout cas tellement triste qu’il saura vous marquer durablement. Snif, elle est partie… heureusement qu’on peut rappuyer sur play, véritable magie de la musique ! Mais non ! Et s’il en restait encore un petit peu…
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