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par one minute in the dream world le 1er décembre 2009
Septembre 1998 (Vicious Circle)
Au sortir de ces années 90 prolifiques pour la scène française, les figures de proue de cette dernière ayant mis fin à toute activité, on pouvait craindre l’essoufflement. Heureusement arrive de Grenoble un groupe, un trio pou être juste, qui en deux albums va raviver la flamme du rock français. Issu de l’excellent label Vicious Circle, Virago, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nous sort donc là le premier de ces deux disques enflammés et salvateurs : Introvertu. Et pour un coup d’essai, après un EP déjà très convaincant et qui incluait le formidable Tout Va Pour Le Mieux, il s’agit d’un un coup de maître, ni plus ni moins.
Le rock tendu des grenoblois, lettré et instinctif, sauvage et distingué, sort du lot, se démarque de toute chapelle et chaque titre de cet album est à son maximum. Tension cohabite avec quiétude (toute relative) et les ambiances, variées et en parfaite osmose les unes avec les autres, viennent donner une belle assise aux textes d’Olivier Depardon. Cette alchimie fait de Virago un groupe novateur et personnel, en lien direct avec la scène à laquelle il donne une seconde vie et un nouvel élan. Bout De Souffle, digne de Jesus Lizard, ouvre les hostilités, court et ramassé, asséné avec force et véhémence, avant que la basse en intro de Happe, relayée par le riff bien senti de la guitare, n’annonce un morceau rock saccadé et virulent, à l’image de ce que fait le trio de façon récurrente. Plus Bas illustre fort bien cette démarche, soutenu par une guitare massive, semblable de par ses sonorités à ce que faisaient les groupes de la scène noise, comme Condense ou Tantrum, puis Parfait Te Ment, de facture plus classiquement rock, si l’on peut dire, nous réserve un moment de tension retenue digne des plus grands. 2 doigts lorgne lui du côté de Fugazi, doté d’un riff encore une fois explosif. C’est une suite d’accords de même nature qui introduit A L’Envers, faussement tranquille, perturbé par ces explosions vocales et guitaristiques et qui s’achève dans un feu d’artifice noisy du meilleur effet, Olivier hurlant comme un damné sur fond de grattes à la Sonic Youth.
Arrive ensuite un titre rock enlevé, ce Personne qu’un groupe comme Drive Blind aurait parfaitement pu intégrer sur son Be A vegetable, puis un Little Shit en forme d’intermède qui permet de souffler avant le morceau suivant, Saillie Va, lequel sonne presque hardcore, au rythme trépidant, et relance ce disque avec rage. Comme pour créer un contraste, Le Moment Propice se montre lui très posé, mettant en exergue la qualité des textes, avant de se voir vitriolé par des plages colériques pour s’achever de façon plutôt calme, même si l’on sent derrière ce climat apaisé une tension certaine. La Chair est pour sa part ouvertement rock, boosté par un nouveau riff imparable et par cette rythmique fonceuse, toujours en place, assurée avec maestria par Xavier Bray et Jean-Marc Junca. Il nous reste alors deux titres à dévorer avant que ce feu d’artifice rock ne prenne fin. Je démarre paisiblement avant de s’emporter sans toutefois décoller complètement, exemple parfait de la capacité du trio à bâtir des morceaux exemplaires de retenue, semblables, et égaux en qualité, à ce que peut faire Noir Désir dans un registre peut-être globalement moins torturé. Et Bloc 5t-22h57, instrumental et atmosphérique, enjolivé par un saxo, quelques notes de piano et des voix samplées, vient donner à ce disque des allures de classique du rock français, capable de ridiculiser n’importe quelle autre formation étrangère.
La perfection musicale, en plus d’un bel objet en digipack, et un rock comme on l’aime, non-conventionnel, sauvage et diablement inspiré. Superbe.
PS : Le trio s’est reformé en septembre dernier, pour une date mémorable à Paris, au Nouveau Casino, le 22, en compagnie de Celan. Affaire à suivre...
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