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par Vyvy le 14 avril 2008
Sorti en janvier 2008 chez Rhino Records
Un jour, au beau milieu d’une réunion de préparation du tournage, le réalisateur Jason Reitman demanda à son actrice, Ellen Page, ce qu’écoutait Juno. L’interprète, aujourd’hui en bonne voie de devenir très bankable, lui répondit tout de go les Moldy Peaches, voilà ce qu’écoute Juno. Les Moldy quoi ? S’enquit le réalisateur et, ordinateur connecté à la toile miraculeuse aidant, le son tordu et tordant des Moldy Peaches raisonna dans la salle… Banco ! Aussitôt dit, aussitôt fait, Reitman contacta la ponte de l’anti-folk, la maîtresse ès douces bizarreries sonores, j’ai nommé Kimya Dawson, et il lui offrit un écrin de rêve pour rappeler à l’Amérique et au monde que l’anti-folk, c’est bien, ca se prend pas aux sérieux, mais ca vous rend tout heureux. Et c’est ainsi que Kimya Dawson va s’impliquer à fond dans la création de ce qui est assurément une des meilleures BO entendues depuis des lustres…
Mais quel est ce raccourci audacieux entre les Moldy Peaches et Kimya Dawson ? Adam Green ne fut il pas l’autre moitié de ce groupe complètement déjanté ? Oui mais, tandis que l’homme vert est parti brouter vers de plus luxueuse et graveleuses pâtures, Kimya, habituée des costumes de lapins (I like my new bunny suit, when I wear it I feel cute), est restée « vraie » aux sottises de leurs débuts, et son travail en solo ou avec Antsy Pants reste très anti-folk. Et pour tout avouer, même si on parle beaucoup des Moldy Peaches, cette bande-originale est avant tout du Kimya Dawson, seule ou avec les jeunots d’Antsy Pants, et un joli florilège indie et oldie venue des quatre coins du monde anglo-saxon.
La bande-annonce, elle, comme le film, commence avec Barry Louis Polisar, All I Want Is You, et si cela ne suffit pas à vous mettre de bonne humeur, je m’inquiète vraiment pour vous. Polisar, qui vous donne une envie frénétique de devenir une sweet honey bee est un auteur de chansons pour enfants, ainsi que de livres pour enfants, et infuse vos oreilles de couleurs vives tourbillonnantes, de sourires niais et de gloussements incontrôlés.
Too much me direz-vous ? Bah pas vraiment en fait. Juste un petit avant-goût d’une suite, ou tout s’enchaîne parfaitement car, et ce n’est pourtant pas toujours le cas, la bande-annonce suit le fil du récit, ce qui permet aux invétérés de Juno McGuff de se remettre le film dans la tête, et aux autres de profiter d’un enchaînement qui sonne juste.
Cet enchaînement voit ainsi les Kinks se faire suivre d’un excellent Buddy Holly (Dearest, une petite merveille), de beaucoup de Kimya Dawson, notamment avec Antsy Pants (les deux titres du groupe, Tree Hugger et Vampires sont ridiculement géniaux). Ce paragraphe regorge déjà de superlatifs, et je crains que cela ne soit pas fini. En effet, à côté de l’ambiance bon-enfant-bizarre de Dawson, se glisse les contributions de Sonic Youth (reprise des Carpenters, Superstar) d’un côté et de Cat Power de l’autre (avec un Sea Of Love à vous mettre à genoux), qui apporte une profondeur, un peu de brume, un peu d’âme en fait, à cette impressionnante tour de Babel que construisent Kimya Dawson et Mateo Messina, qui a composé la musique du film. De Mateo, seattleois dingue qui compose une symphonie par an, et dont la dernière fait intervenir les Alice In Chains, on n’entend pas grand chose sur ce disque. Il a bien fallu couper, créer, à partir de la musique du film une compilation qui tienne la route. Et la route, pas de doute, elle la tient, en amenant ensemble tant de belles choses, elle poursuit son petit bonhomme de chemin, finissant avec un très mignon duo d’Ellen Page et Michael Cera (les deux personnages principaux), et atterrissant numéro un, en haut du classement Billboard. Décidément, Juno n’a pas à rougir de sa BO…
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