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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 31 mars 2005
paru le 28 octobre 1977 (Virgin Records)
En 1976, la Grande-Bretagne était socialement divisée et profondement blessée par la crise industrielle et le chômage. L’industrie de la musique était à demi comateuse, suite à l’explosion des groupes de rock progressif peu exigeants. Par conséquent, la scène était prête à accueillir quatre adolescents individualistes appartenant à la classe ouvrière, et qui souhaitaient, par l’intermédiaire de leur manager expert en manipulations médiatiques Malcom McLaren, créer le chaos et détruire l’ordre établi de l’industrie musicale. En 1977, ils produisirent l’un des albums les plus influents de toute la scène rock.
Fort du contenu musical percutant et volontairement satirique qu’avaient auparavant laisser entrevoir les trois singles extraits (Anarchy In The U.K., God Save The Queen et Pretty Vacant), la conception graphique de leur album à venir se devait d’être de la même veine. Les membres du groupe n’en ont que foutre de la pochette ; ce qu’ils veulent, eux, c’est enregistrer un putain de disque de rock. Le concept directeur était qu’il devait être laid au possible. C’était le critère absolu. Autrement, Malcom McLaren allait s’ennuyer. Si bien que ce dernier et le graphiste Jamie Reid ont tout bonnement créé la couverture la plus laide qu’on puisse imaginer. Ils voulaient s’en prendre à cette idée de graphismes ultra léchés. Tous les deux d’anciens étudiants en arts graphiques durant les années soixante, ils appliquèrent ainsi une conception visuelle directement inspirée de l’underground anglais post-67. Un lettrage de journal compose la forme tandis qu’un visuel particulièrement grossier représente le fond qui semble totalement anachronique à l’écoute du contenu sulfureux des chansons. Les autre possibilités pour l’appellation de l’album furent God Save The Sex Pistols et Where Has The Jury Gone. Mais aucun titre ne résume mieux encore l’influence évocatrice du groupe sur les institutions musicales britanniques de cette année 1977 que Never Mind The Bollocks - expression qu’un ami de Steve Jones vendeur de fish & chips répondait à tort et à travers.
McLaren et ses poulains savaient pertinemment qu’avec un nom d’album de la sorte, ils seraient poursuivis en justice pour la connotation outrancière et obscène du terme bollocks contenu dans leur titre. Lorsque, effectivement, ce moment arriva, le juge John Mortimer, éminent linguiste, défendit le groupe et tapa dans le mille : il relata scientifiquement, l’histoire du mot bollocks depuis sa naissance au Moyen-Âge, expliquant, notamment, qu’il fut utilisé au siècle dernier pour qualifier le clergé britannique. Il s’agit donc bien d’un mot anglo-saxon, d’où la possibilité de l’utiliser légitimement.
Dernier détail, les couleurs de la pochette sont un véritable casse-tête à imprimer. Selon les disciples de Gutenberg, il est tout bonnement impossible d’imprimer du rose fluo et décident de se mettre en grève, ce qui provoqua un retard dans la livraison du produit. En pochettes d’albums mythiques, on n’a jamais fait pire depuis ... ou mieux.
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