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Octahedron

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The Mars Volta

par Antoine Verley le 7 juillet 2009

2,5

Paru le 23 juin 2009 (Gold Standard Laboratories/Universal)

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C’est manifeste, et de notoriété publique : il y a, dans l’intelligentsia rock, des snobs. Mais pas n’importe quels snobs : des sursnobs, même. Ces gens-là snobent même les snobs. Oui, vous, inutile de cacher votre beau visage derrière ce tapis de souris hideux, on vous a vu. Bref, reprenons... Ces gens-là sont fiers d’avoir des goûts solides et originaux en affirmant vouer un culte à des groupes suffisamment inconnus du vulgum pour être honnêtes, comme Godspeed You ! Black Emperor ou Animal Collective. N’ayant rien de particulier à haïr, ils cherchent désespérément une bête noire pour crédibiliser leurs positions... Le sort désigna le rock prog, bête hideuse et boursouflée, enfant illégitime du psychédélique. Si l’Histoire donna parfois raison à ces fiers Torquemada, elle leur a souvent, via des oeuvres reconnues du Floyd, Hawkwind et tant d’autres, infligé de sévères rotomontades. Jusqu’ici, on pouvait compter sur Omar Rodriguez Lopez et Cedric Bixler Zavala, anciens At The Drive-In, et leur Mars Volta, pour donner, à leur tour, quelques électrochocs à ces bouseux élitistes.

Sur ce récent travail, on attendait la formation au tournant. Il est vrai qu’après leur excellent opere de l’an passé, tout détracteur du collectif désormais porté aux nues était voué à la fermer.
Mais ici, foin d’une de ces ouvertures musclée qui firent le charme des albums précédents. En place de l’habituel mille-feuilles suffisamment opaque pour que déceler les instruments et influences diverses soit presque un jeu, ici, une surprenante soupe acoustique, plate comme la Méditerranée... On attend que le tout décolle, mais lorsque déboulent les lourdes batteries, c’est l’oreille de l’auditeur qui se ferme. On attendait plus. On fait un sit-in. On refuse de bander pour une offensive si facile, conventionnelle, mille lieues derrière les capacités du groupe. La suite semble aller de mal en pis : Halo Of Nembutals est comme une ballade Aerosmithienne : violente, larmoyante, et décidément très creuse. Le groupe a même l’audace, eh oui, de pondre une piste easy listening (With Twilight As My Guide) ! Trahison ! Que reste-t-il à espérer de la musique, si même les meilleurs dégringolent dans la putasserie nineties ?

Heureusement, fidèle à sa réputation, la cavalerie arrive toujours sur la deuxième face, et ressuscite un groupe qu’on avait laissé pour mort sur la première. Le retour aux affaires (Cotopaxi) est surprenant et le son tabasse à souhait, que demande le peuple ? La suite est tout aussi rassurante : Desperate Graves est une ballade, mais, cette fois, savante, s’il vous plaît. Les explosions et passages fulgurants y sont légion, les multiples couches instrumentales toujours aussi fascinantes. Le rythme déstabilise, il est là pour ça (les fameuses influences latino que beaucoup cherchaient encore). Le chant Zavalien n’est systématiquement qu’un cri synthétisé, mais ne dérange plus, à la longue. Il pourrait simplement finir par lasser... Passons sur l’autre slow niais de la galette, Copernicus, acoustico-soporifique de bout en bout. La pierre n’est pas à jeter aux arpèges mignons-tout-plein de John Frusciante (oui, le...), mais à une carence d’écriture chronique, qui ne s’accorde pas avec le genre. On ne sait pas quelle mouche (tsé tsé ?) a piqué le groupe sur ce titre. A la limite, pour emballer, mais à écouter comme ça, bon... Parce qu’elle ne casse pas trois touches à un moog, à côté de Luciforms, la clôture, odyssée digne du Metatron de l’album précédent. Ballade niaiseuse au départ, muant en combats guitaristiques slashesques (dépouillés, nonobstant, de toute esbroufe à la G3), textes incompréhensibles, succès indéniable.

Une moitié de bonnes chansons ? Concept ou pas, c’est insuffisant... Mais un meilleur score que la plupart des productions actuelles. Qui ne sauvera cependant pas la face du prog auprès des intellectuels précités, qui pourront dormir sur leurs deux oreilles en chantonnant Lift Yr Skinny Fists Like Antennas To Heaven...



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Tracklisting :
 
1. Since We’ve Been Wrong (7’21’’)
2. Teflon (5’04’’)
3. Halo Of Nembutals (5’31’’)
4. With Twilight As My Guide (7’52’’)
5. Cotopaxi (3’39’’)
6. Desperate Graves (4’57’’)
7. Copernicus (7’23’’)
8. Luciforms (8’22’’)
 
Durée totale : 50’03"