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par Nils le 31 juillet 2006
paru le 19 juin 2006 (Wagram)
Les trois trimestres scolaires maintenant achevés, nous avions mis nos pendules aux heures de l’emploi du temps des lycéens pendant une année. Les bilans sont donc arrivés : Hugo (Shades) passe en terminale avec une sale moyenne, Lucas (Naast) empoche son BAC et Youri (Brats) passe aussi le cap de la première. Étant dans la classe de ce dernier, il n’était pas dur de suivre l’affaire qui depuis son début a fait couler plus d’encre qu’il n’en devrait.
Mais, j’imagine bien que si vous lisez ces lignes, c’est plus pour comprendre pourquoi il y a tant d’engouement autour de ces jeunes que pour en apprendre sur leur réussite scolaire. Tout cela commence il y a deux ans, écarté de Paris pour un an, je suis trop éloigné pour suivre. J’entends au loin des noms de groupe qui seraient prêts à faire brûler Paris entre deux cours de récréation.
En septembre, retour dans ma ville, Saint-Maur des Fossés et dans le lycée où évolue une partie des groupes. Obligé de suivre la vague et de plonger dedans la tête la première.
Ici, je ne parlerai pas de tous les groupes, pas le temps ni l’envie et encore la possibilité d’assister à tous les concerts, de parler avec tous les membres et d’écouter tout ce qui défile. Il faut bien que l’on garde du temps pour les disques fondateurs qui ont poussé ces jeunes à prendre des guitares et à monter sur scène. Alors, concentrons-nous sur le disque Paris Calling qui regroupe plusieurs morceaux studio de la scène du Gibus.
Ça démarre très fort avec cette parodie du Clash pour le seul titre des Second Sex, Lick My Boots. Intéressant, puissant, punk à la française et au riff facile, avec un air de Tu Te Trompes des Naast. Cependant, Tim (chanteur) a une voix qui colle mieux à l’esprit de la chanson, ce cri de rage véritable, apaisé au milieu du morceau tandis que la guitare s’amuse à ralentir le rythme, elle aussi, pour mieux repartir vers un violent « Lick My Boots » !
Prenons ensuite les seules filles qui osent se présenter, The Plasticines. Elles chantent exclusivement en anglais et commencent par un Shake (Twist Around The Fire) bien rythmé mais qui laisse sur sa faim. S’en suit Rake, bien meilleur, mais malgré une intro rapide qui en disait long sur un bon groupe avec le mérite de ne pas être écrasé par les hommes, la suite n’est pas au rendez-vous. Ces quatre demoiselles n’ont effectivement pas grand chose à envier à certains de leurs homologues masculins. Si ce n’était quelques mois d’apprentissage en plus car elles peuvent par contre jalouser leurs équivalentes anglaise, ces dernières ayant encore une bonne longueur d’avance sur ce qu’elles font.
De l’expérience et du travail, en voilà un exemple avec les papys du disque, les plus vieux de cette scène, les plus expérimentés, et cela se ressent dans les deux chansons proposées. Du son mature, The Hellboys vont vous en balancer car après presque dix ans de jeux sur scène, les premiers extraits de leur album à la sonorité punk est bien illustré par ces deux titres. Une chanson en français, (Besoin de Rien), où la voix de Nikola Acin est vraiment plaisante, de même pour la rythmique et la mélodie, tout est y est bien réuni. Riff accrocheur, paroles fortes et criées, mélodie paisiblement simple, un classique du Gibus, punk et sans faute. La deuxième en anglais (Burn It Down), qui, même si elle est moins entraînante à la mérite d’imposer le son rock des Hellboys, en chœur, mais toujours surélever par le chant de Nikola Acin.
On reste à Paris mais Brooklyn vient à nous. Avec leur petite tête de faux Anglais, Brooklyn est la grosse surprise de ce disque. Un très bon groupe, on a rien à redire de ces deux morceaux qui collent parfaitement à la rock and roll attitude de la new wave. Clandestine avec son intro de basse morbide qui lance une intrigante voix à laquelle se rajoute un simple riff électrique. Cela donne ce qu’il y a de plus simple comme hiérarchie musicale et la recette sera quasiment la même pour Heart Lies toujours plus néo rock (Strokesiennes ?).
La palme du mystique revient à The Rolls. Time est une chanson à l’ambiance feutrée, maintenant un rythme blues soutenu, on ne sait trop quoi en penser, on ne décèle pas entièrement ce qui se cache derrière ce titre crescendo. Pourtant, Heaven To Hell, comme Time, semble vouloir nous dire quelque chose, du potentiel caché mais pas encore exploité ? Entre rock aux influences anglaises et blues américain, c’est malgré tout une légère goutte de regret qui en ressort car ça ne sonne pas assez fort ni sur de soi pour un groupe jouant sur ce clin d’œil qui mérite plus de « Clash ! ».
Portant bien leur nom pour cette compile, The Parisians décevra peut-être ceux qui les avaient écoutés dès le commencement. Eux aussi ne sont pas les plus jeunes, mais en plus des multiples split qui ont gêné le parcours du groupe les chansons proposées ne sont pas de toute beauté. Contrairement à celles qu’on avait pu entendre avant (I’ve Got To Go sur la compile Passe Ton Bac D’Abord ou Sophie, téléchargeable sur leur site l’année dernière.) On y sent la touche Libertines, de loin, ces derniers qui les avaient épaulés à leur début, voix irritante et rythme saccadé mais cela ne suffit pas à faire frémir nos oreilles.
Je finirai par ce qui s’est fait de meilleur sur cet album. Les anges blancs, la douceur, la parole, la poésie, si touchante et si forte à la fois. Ceux qui effectivement, avec Benjamin à leur tête, seraient capable d’aller défier la perfide Albion. Sans toute fois la renverser mais qui sait, au moins lui faire loucher un petit intérêt sur le jeune mouvement français. Autour de ce petit prince à la douce voix faisant penser aux phrasés de Marc Bolan, aux longs manteaux et anciennement longs cheveux lors d’une de ces rencontres avec un autre poète, Doherty, se trouve Hugo, un maniaque du clavier, indispensable et tellement présent, au même titre que la parfaite rythmique jouée par Victor et Harry sur Like I am A Man. Il n’y a qu’à écouter la résonnante puissance du chant et des chœur au moment où les Shades chantent « Always see you, in my dreams, its way too hard, it makes me scream ». Tout cela ne laisse que rêveur. Histoire d’en remettre une couche, le rythme est accéléré et c’est sur L’Enfant Prodige qu’on sent Étienne et sa guitare présents quand il le faut et à la puissance voulue accompagnant comme il se doit la mélodie du clavier qui donne alors toute possibilité à Benjamin et au groupe de s’envoler vers la lumière et la gratitude qui leur est dû. Car dans cette jeune scène, il y a de tout, du bon, du mauvais mais osons rendre à César ce qui lui appartient.
Ne prenons pas l’âge comme excuse. Premièrement, les meilleurs albums rock se sont rarement faits sur le tard, deuxièmement, si certains les ont poussés à signer et à jouer en concert, c’est qu’ils les voient comme prêts à faire éclater leur talent mais aussi à affronter l’avis du public et des médias. N’importe quel artiste doit accepter cela. Les Hushpuppies, pionniers de cette nouvelle vague et premiers à avoir lancé un LP s’en sont très bien tirés alors pourquoi pas les autres ? Il reste de toute façon encore d’autres groupes à découvrir et dans tous les cas, ces jeunes n’en sont qu’à leur début de ce combat rock engagé avec les médias, le public et la musique. On vous attend.
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