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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 27 septembre 2005
paru en octobre 1977 (Island Records / Universal)
Cela fait bientôt cinquante ans que la musique populaire jamaïcaine prospère à notre insu, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’en s’emballant pour Marley, le public rock a pris le train en marche. Pour un groupe tel que The Clash, il est même devenu évident de reprendre un morceau reggae pour se créer une belle carte de visite dès 1976. Mais si pour les Londoniens reprendre un reggae équivaut à The Rolling Stones de reprendre Carol, l’auditeur est en droit de se demander pourquoi le choix de Junior Murvin ? Et pourquoi Police & Thieves ? Peut-être parce que les paroles militantes de cette pépite collent au tempo torride comme un pansement à la peau. Sans conteste le meilleur titre de reggae de l’année précédente, le chanteur-guitariste Murvin (également présent sur l’album Exodus du prophète Bob) a articulé un album autour de cette chanson et pour tromper son monde, l’intitule à l’identique. Si c’est pas être rusé...
Suite aux émeutes raciales de Notting Hill à la même époque, cet album ne perdit pas tant que ça de son actualité et son charme réside dans la voix mi-Smokey Robinson, mi-Curtis Mayfield qui apporte une bouffée de fraîcheur aux enregistrements de cette période-là. Comme toute production jamaïcaine, on retrouve l’inévitable Lee Scratch Perry à la production et aux crédits et également un bon nombre de musiciens (The Upsetters) qui sont de toutes les sessions d’enregistrement de Kingston. Tout l’album regorge de cuivres intelligents (Roots Train en est le parfait exemple) et de chœurs bizarres. Les chansons sont souvent bonnes mais les paroles sonnent un peu prêchi-prêcha (Solomon et Rescue Jah Children) comme le George Harrison mystique de la même époque, ce qui laisse inévitablement un sentiment de déception. N’importe qui s’attendrait à entendre des morceaux vindicatifs, rageurs mais se retrouvera avec des titres où rejoindre Babylon en conservant un enracinement tiers-mondistes en est la trame principale. Ces quelques désagréments ne feront pas oublier la beauté du reste. Des albums reggae, il en sort un tous les jours mais Police & Thieves possède une classe que les autres n’ont pas.
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