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par Our Kid le 24 avril 2007
paru le 19 mars 2007 (Northern Star Records)
Qu’est-ce que la musique psychédélique au XXIème siècle ? Et puis, d’abord, peut-on toujours légitimement la nommer de la sorte à une époque où tout semble s’opposer à l’âge d’or de ce courant (les années 1960) et son dernier soubresaut (1988) ? A priori, cela parait aussi stupide que d’écouter du rockabilly en 2007 et trouver ça frais...
Seulement, ce serait sous-estimer l’influence du psychédélisme dans la musique et le culte qui ne cesse de se former : on ne compte plus les compilations qui tentent de recenser toutes les chansons du genre à travers le monde, ni son retour dans les publicités, sans parler du look, ce qui manifestement valide la théorie selon laquelle le mouvement Flower Power/hippie serait le dernier âge d’or d’une humanité en quête de repères et de réponses. Ainsi, le mouvement ne serait pas mort et continuerai d’exister... Ah oui ? Et pourquoi ne l’entendons-nous pas sur les ondes, comme à la belle époque ? C’est là que sa nouvelle enveloppe prend forme. Avec le changement de siècle, le mouvement est devenu underground et a pris de nouveaux aspects, suite aux progrès de la technologie et de sa diffusion grand public. Déjà, durant les années 1980 était apparu le mouvement shoegazing en Grande-Bretagne avec l’apparition de sampler et d’ordinateurs au profit des guitares acoustiques et des voix. Dans les années 2000, force est de constater qu’un relent vintage secoue le mouvement et depuis, les guitares sont rebranchées et on recrute des chanteurs come on cueille des fleurs, suivant son inspiration du moment.
Problème : si le mouvement devient sous-terrain, comment faire pour juger de son évolution ? Là encore, Internet aidant, on compte désormais sur les doigts de la main les formations qui ne disposent toujours pas d’espace MySpace et, de fait, la diffusion musicale s’effectue simplement, massivement et à moindre frais : une aubaine pour la musique bricolée et qui ne connaît pas de diffusion radiophonique. Encore fallait-il faire le tri parmi la nuée...
C’est désormais chose faite depuis que le label Northern Star s’attaque au problème. Après une première parution qui s’est fait une place, sort le deuxième volet, Psychedelica Volume 2, une compilation mise en place par le label dont le but est de fournir un instantané du mouvement psychédélique des années 2004-2007, ce qui, du point de vue historique, est extrêmement judicieux, en l’espace de deux disques et presque trois heures de musique, miam ! Que reste-t-il de ce mouvement ?
Après quarante ans d’existence, les influences ont été digérées et la compilation propose de tout : morceaux courts et morceaux longs, instrumentaux et présence de vocalises allant jusqu’à égaler les chœurs de The Who période Sell Out (Too Much To Think About de The Quarter After). Pour ne rien changer à la tradition, la basse est imposante et la batterie fait tout le boulot, sans oublier la petite touche de mellotron. Les voix nasillardes sont légion mais on observe peu d’effets tels le phasing ou des boucles. Bref, le mouvement se simplifie. Cependant, la perle pop est toujours présente et le thème des paroles, lorsqu’il n’évoque pas des histoires d’amour, aborde les rêveries ou le non-sens lysergique. Par exemple, sur Desert Hell, on croirait entendre une composition sortie tout droit des sixties, harmonica et son de guitare à l’appui ! The Sound & The Fury compile son 90’s avec, au hasard, Itchycoo Park des Small Faces ! On retrouve cependant des influences plus récentes (le Nirvana de Cobain Electric Sensation) mais aussi du rock garage et du shoegazing, voire de l’ambient (et du planant mou) par moments et des ballades tristes (The Lonely Piano)...
Les sommets de la compile (car il y en a !) sont à trouver du côté de The Coldest Heart, Too Much Too Think About et sa guitare héritée du Status Quo de 1968, May Queen et ses explosions acoustiques du meilleur effet rappelant Love, There’s A World et ses charmants accents Côte Ouest, sans oublier la voix la plus irritante sur Iodine et son curieux saxo. Si on ajoute Missed Call et Dead Eyes, le compte est alors bon et on pourra affirmer la chose suivante : le psychédélisme n’est pas mort et se porte bien. Grâce à Northern Star et Psychedelica Volume 2, fini les myspace et les bricolages dans le garage !
Vivement la suite...
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