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mercredi 15 avril 2015
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par Le Daim le 17 avril 2007
Il est certain que pour nombre de lecteurs le nom de Robert Hancock n’évoquera rien, et c’est bien dommage. Le bonhomme trimbale dans son sac-à-dos les souvenirs passionnants d’un peu plus de 20 années d’une carrière musicale qui l’a emmené de la Nouvelle-Zélande à la France via l’Ecosse. L’interview qu’il a accordé à Inside Rock révèle un artiste sincère et humble travaillant toujours hors des sentiers battus. Après les débuts psyché-folks du projet avorté The Magic Roundabout, le succès (et les galères) du défunt groupe June Frost aux multiples line-ups, Robert aurait pu en finir avec le rock, et pourtant... Son dernier album en date, Microclimate, réalisé à la maison, est un petit bijou d’atypisme et de mélancolie. Et c’est probablement son meilleur disque à ce jour. En attendant la sortie du prochain, déjà en préparation, il revient sur son parcours d’homme et d’artiste : une bien belle et authentique aventure rock’n’roll.
Inside Rock : Je propose qu’on commence par le début... Parle-moi un peu de ton enfance, de tes parents si tu veux bien. Tu es donc né en Nouvelle-Zélande...
Robert Hancock : Oui, à Wellington. Mon père est arrivé d’Angleterre dans les années 50. Il est assez jeune pour ne pas avoir eu à se battre pendant la guerre bien qu’il ait connu des choses assez horribles dans la banlieue de Londres. Il a rencontré ma mère en Nouvelle-Zélande et ils se sont mariés. Je suis leur quatrième enfant. Lui il voulait être chanteur, mais la famille étant trop pauvre pour l’envoyer au conservatoire il dut travailler dès l’âge de 15 ans. Il est devenu imprimeur. Ma mère chante et joue du piano, mes deux sœurs aussi. Mon frère a fait un peu de violon... Tout ça pour dire que chaque matin je me réveillais au son des gammes ! Chez nous c’était assez naturel de chanter, de faire de la musique.
IR : C’était du classique, des airs traditionnels ou autre chose ?
RH : Un peu de classique oui, et aussi des thèmes de films. Ce genre de musique était populaire dans les années 50 (il chantonne Moon River de Henri Mancini). Et puis l’église aussi. Mes parents sont protestants. Je faisais partie d’une chorale d’enfants, je chantais au temple tous les dimanches jusqu’à ce que je sois en âge d’avoir le droit de ne plus y aller. À ce moment là mes orientations musicales ont pour ainsi dire changé ! (rires).
IR : Ouf ! D’où t’es venu le déclic rock ?
RH : Je faisais du piano, mais je n’accrochais pas trop. Vers l’âge de 14 ou 15 ans j’ai débuté la guitare. C’est là qu’il y a eu un déclic, j’ai compris que j’étais plus naturellement fait pour les instruments à cordes. Mes premiers disques de rock étaient ceux de ma grande-sœur. David Bowie, et des trucs folks comme Don McLean (il chantonne) « Bye bye Miss American Pie... », Peter Paul & Mary... Et puis j’ai découvert le hard-rock. J’étais à fond dans AC/DC, Motörhead, Led Zep, Deep Purple... Je profitais que mes parents n’étaient pas là pour mettre ça à fond dans la maison. Un peu de cette période m’est restée, je continue de bien aimer la saturation, le feedback... So... Ensuite je suis entré à l’université pour étudier l’anthropologie.. Mais les universités en Nouvelle-Zélande ça n’a rien à voir avec les universités françaises, là-bas il y a une vraie communauté, une vraie vie étudiante. Il y avait toujours des concerts sympas de musique alternative sur le campus. J’ai laissé de côté la ringardise du heavy-metal pour des choses un peu plus underground : Cure, Joy Division, le Velvet... Avec mon premier groupe on a commencé à faire des reprises de ces gens-là avant d’écrire nos propres chansons dans le même style.
IR : Tu es en train de me dire que ton premier groupe, The Magic Roundabout, faisait dans la cold-wave et le noisy ? Pourtant, quand on écoute tes enregistrements de l’époque la musique est plutôt acoustique, planante, limite hippie.
RH : Non, The Magic Roundabout c’est venu après. Là oui on était vraiment dans un trip acoustique... On fumait aussi pas mal. Et on écoutait des trucs psychédéliques comme le Pink Floyd de la période Syd Barrett. The Magic Roundabout c’est la version anglophone du Manège Enchanté. On trouvait hallucinante la musique de cette émission... En Nouvelle-Zélande à l’époque il y avait aussi un mouvement musical alternatif intéressant porté par le label Flyin’ Nun Records. So, tout ça nous a inspiré et on a fini par créer notre propre style.
IR : En effet, ce que vous produisiez alors n’avait certainement rien à voir avec toute la new-wave qu’on entendait à la radio. Ce qui est marrant c’est que ce style très acoustique, instrumental et libre on le retrouve aujourd’hui dans ton album solo Microclimate, alors que tu as passé des années à faire du pop-rock avec June Frost. Finalement ce que tu avais dans les tripes étant gamin ne t’a pas quitté et sert toujours de matière première à ta musique.
RH : Je pense que tous les musiciens passent leur vie à essayer de composer LA chanson. Je crois que j’aurais du mal à écrire dans un style totalement différent. J’essaye de rester vrai, de ne pas me trahir. Oui il est possible que quelque part je reste dans cette espèce de continuité mais cette idée-là ne me dérange pas.
IR : Revenons à The Magic Roundabout. Vous étiez une bande de copains qui faisaient une musique peu commune, vous avez commencé à multiplier les concerts, à avoir un certain succès... Et vous avez sorti un EP. Comment ça s’est passé ?
RH : On était soutenus par le New Zealand Arts Council, un peu l’équivalent de la Direction des Affaires Culturelles en France. Ils aidaient les jeunes groupes en finançant un EP 6 titres et une vidéo. La vidéo ça n’était pas rien à l’époque... Il y avait un camion, des lumières, une maquilleuse, de gros moyens... Aujourd’hui tu peux faire la même chose avec un camescope numérique ! So... On avait un manager, un ancien policier... Mais il avait des gros soucis avec les impôts, il est parti avec notre argent. Avec ça l’un des membres du groupe était assez fragile psychologiquement, il a d’ailleurs terminé en hôpital psychiatrique... On était jeunes, on avait des projets pour ne pas dire un plan de carrière et voilà que tout se cassait la figure. On était dégoûtés.
IR : Et tes études ?
RH : Je faisais le minimum. J’ai quand même réussi à passer tous les examens jusqu’à la maîtrise. Mais les méthodes d’enseignement ne me plaisaient pas trop. C’était assez sec, froid. Les professeurs avaient le chic pour rendre terriblement ennuyeux ce qui aurait dû être passionnant ! Mon avenir me semblait plus excitant dans la musique.
IR : Un groupe comme The Magic Roundabout pouvait-il réussir en Nouvelle-Zélande à cette époque ?
RH : Réussir... Pas vraiment, à moins de quitter la Nouvelle-Zélande. Le chemin classique passe par l’Australie. Si ça marche là-bas, tu vas à Londres. Ca aurait peut-être pu nous arriver, mais on était jeunes et fragiles. Quand mon pote du groupe a vu que ça capotait il a pété un plomb, c’est là qu’il a été interné... Moi j’ai plié bagages pour l’Europe.
IR : On est en 1990. Tu débarques donc en Écosse...
RH : D’abord j’ai un peu voyagé aux États-Unis et séjourné à Londres, pendant un an.
IR : Comment faisais-tu pour gagner ta vie ?
RH : J’étais avec un copain musicien. On avait un break et une tente, ça limitait les dépenses. Aux États-Unis on a rencontré un gars qui nous a embauché pour refaire son toit... J’avais un passeport anglais, et j’ai eu alors envie de voir les îles britanniques. À Londres j’ai trouvé un boulot de jardinier-assistant. Mais j’ai senti que je n’étais pas fait pour les grandes agglomérations, et je suis parti en Écosse. J’ai du sang écossais du côté de ma mère. Ma grand-mère est née là-bas. Je suis tombé amoureux d’Edimbourg tout de suite et j’ai voulu y habiter... So, je suis arrivé dans une auberge de jeunesse assez branchée. Le patron était un musicien frustré, il avait une cave pleine d’instruments, batterie, amplis pourris... Il m’aimait bien alors il m’a embauché à l’entretien. Plein de musiciens séjournaient à l’auberge, c’était facile de faire des rencontres intéressantes.
IR : C’est comme ça que la première mouture de June Frost a vu le jour ?
RH : Oui. Le bassiste (John Peutherer) était écossais. Le batteur était celui de The Magic Roundabout (Karl Buckley) qui avait aussi décidé d’habiter à Edimbourg. Sauf que son visa ne durait que deux ans ; à terme il a préféré rentrer plutôt que de rester dans l’illégalité. Entre temps on avait fait de nouvelles rencontres parmi les nombreux musiciens qui gravitaient autour de nous. On s’est retrouvés avec un batteur (Patrick Parisot) qui venait de Mirecourt en Lorraine, un australien joueur de didjeridoo (Len Constantini), une violoniste allemande et un bassiste anglais (Kerry Swatridge).
IR : Tous ces gens-là venaient faire carrière à Edimbourg ?
RH : Non, pas vraiment. Sinon ils seraient probablement allés à Londres. Ils venaient pour vivre une expérience musicale ou culturelle. C’est moi je crois qui leur ai proposé d’aller plus loin à un moment. « Pourquoi pas monter quelque chose de solide ici et maintenant ? ».
IR : C’est la décennie de l’indie-rock. Les Pixies, Pavement... Cette scène vous influençait-elle ?
RH : J’ai vu les Pixies en concert en 90, mais avant je ne les connaissais pas vraiment. J’écoutais pas mal les Stone Roses... Well, est-ce que ça nous a influencé ? C’est difficile à dire. Tu sais, on a commencé à répéter avec une batterie, une guitare et un didjeridoo. La musique qui résulte de ce genre de combinaison ne peut-être qu’originale. Ce qui est amusant avec le dijeridoo c’est qu’il ne permet pas vraiment de changer de tonalité, sauf en le sciant ou en bricolant un instrument avec des bouts de tuyaux en PVC... (rires) C’était forcément en do dièse. Et moi je ne suis pas musicien de jazz ! Pour la transposition c’est quand même compliqué. Le plus simple c’est de mettre un capodastre sur la guitare à la dixième case. Ca donne un son très joli, très clair avec de la pêche. So, il fallait que je compose comme ça, mais c’était un peu gênant ! Parce que le son du didjeridoo prend beaucoup de place... 3-4 chansons, ça peut aller mais au-delà ça devient vraiment saoûlant. En plus tout le public hippie commence à rappliquer ! (rires) Je me souviens que quelques années plus tard Jamiroquaï est arrivé avec du dijeridoo dans sa musique... On était dégoûtés : « hey mais attends ! On était là avant ! » (rires).
IR : En 1995 June Frost sort son premier disque.
RH : On avait fait plein de concerts, on commençait à être assez connus. Et puis le copain de notre violoniste était ingénieur du son, il avait bossé avec les Cocteau Twins, This Mortal Coil, Dead Can Dance et des tas d’autres groupes écossais... Il nous a permis de trouver un super studio à Edimbourg et d’y enregistrer un disque pour peu d’argent. On a dû faire l’album en six jours, en finançant tout nous-mêmes. On s’occupait aussi de la distribution, on vendait le disque à la sortie des concerts et via un réseau d’amis en Lorraine et en Allemagne... On a dû écouler quelque chose comme 3000 exemplaires de cet album, ce qui est assez respectable.
IR : Et ensuite ?
RH : On a fait une petite tournée de 35 dates à travers la France, l’Allemagne et l’Espagne, toujours grâce à notre réseau d’amis. On a eu partout un super accueil, bien mieux qu’en Écosse où on était payé 300 francs pour un concert, boisson non-comprise, ce qui ne permettait même pas de payer les frais d’essence... A Mâcon par exemple on avait une superbe loge, et comme j’avais juste dit que j’aimais le bon whisky pouf ! Ils m’en ont tout de suite apporté une super bouteille. Et puis on mangeait dans de bons restaurants, on dormait dans de beaux hôtels. Pas des quatre étoiles, mais même un Formule 1 c’était du luxe pour nous ! Quand on jouait dans un café, le patron nous invitait à sa table, on mangeait avec la famille, il nous offrait une bouteille quand on partait... Ca se passait souvent comme ça. En plus on gagnait vraiment de l’argent. A la fin de la tournée on s’est retrouvé avec une grosse pile de billets. Du coup on a commencé à se dire : (ton naïf) « C’est pas mal ici ! On devrait rester en France, on peut y vivre de notre miouzik ! » (rires).
IR : Qu’est-ce qui a vous a fait sauter le pas ?
RH : Un jour un copain nous a dit : « il va y avoir un concert avec un truc pas mal à la clé, une sorte de compétition, vous devriez y jouer ! ». Nous : « okay ». On ne savait pas que c’était pour le Printemps de Bourges. Et on a été sélectionnés pour représenter la Lorraine, alors que c’était tout juste si un membre du groupe était originaire de la région ! So, après ça on a eu de nouvelles opportunités et c’est à ce moment qu’on a vraiment décidé de s’installer dans l’Est... Well, je ne sais pas si c’était une si bonne idée (rires) !
IR : Le second album de June Frost, Circular, arrive en 1996. C’est cette année-là que j’ai entendu ta musique pour la première fois, au fond de mon lit dans une chambre universitaire à Nancy. J’avais emprunté le CD à la médiathèque et je l’avais lamentablement copié sur une cassette...
RH : Salauuud (rires) ! Le deuxième album, on l’a fait un peu trop vite je pense... C’est un peu gênant d’en parler.
IR : Comment ça ?
RH : Well... Le concert du Printemps de Bourges c’était le dernier que June Frost a fait avec ce line-up. C’était la fin de notre tournée, et on avait un paquet d’argent, en tout cas une somme importante pour nous, assez pour me permettre de partir en Nouvelle-Zélande prendre quelques vacances. L’australien du groupe (Len Constantini) est aussi retourné dans son pays mais le problème c’est qu’il n’est jamais revenu. Il avait des problèmes de passeport, une copine et n’était de toute façon pas certain de vouloir continuer. Rien qu’à cause de cela il fallait repenser June Frost, parce qu’une partie du public -pas forcément celui que je préférais d’ailleurs- nous suivait pour le didjeridoo. Et puis notre violoniste faisait partie de ces rares musiciens qui deviennent de moins en moins bons avec le temps. Plus on avançait moins elle avait confiance en elle. Au début déjà elle jouait peu de notes, à la fin elle se contentait d’une seule ! Ca devenait chiant... Elle est partie et on s’est retrouvés à trois : basse, batterie, guitare comme au début. Mais je préfère la musique quand elle est bien arrangée, avec des orchestrations riches.
IR : On en arrive naturellement à la fin de June Frost. Qu’est-ce qui s’est passé ?
RH : Tant que tu es un musicien étranger tournant dans un pays différent les choses tendent à bien se passer. Mais dès que tu t’installes, que tu deviens un groupe local ou perçu comme tel par les gens c’est différent. L’accueil n’est plus le même, il y a des petites jalousies...
IR : Vous subissiez donc une certaine désillusion... Il y avait aussi des problèmes relationnels au sein du groupe, non ?
RH : On avait décidé de vivre de notre musique, encouragés par le succès de nos tournées. Mais ça n’était pas si facile, il y avait les factures à payer, il fallait que ça suive ! Les premiers mois on dormait dans le salon de mon copain Sylvain (Jeandemange, musicien du groupe) à Nancy avec ma copine et le bassiste. Après on a habité dans un petit appartement sans eau ni électricité... On récupérait du bois pour faire un peu de feu, on se réchauffait avec du rouge à sept francs la bouteille... Mais nous on trouvait ça rigolo, on était assez jeunes pour jouer aux gitans. So... Après... C’est vraiment difficile d’en parler, tu sais, parce que c’est des histoires d’individus qui ne sont pas forcément jolies tu comprends ?
IR : Okay Robert, pas de problème.
RH : En 1997 j’ai pris la décision de partir. Sauf qu’on avait de grosses dettes. Et la pire motivation pour un musicien c’est l’argent... Il fallait qu’on refasse un album et c’est ce qu’on a fait en 98 avec Wish Me Luck. Heureusement on avait avec nous un multi-intrumentiste vraiment doué, Sylvain Jeandemange... Anyway, l’album a été enregistré dans des conditions vraiment pourries mais du point de vue de l’écriture c’est selon moi notre meilleur album parce que je savais que ce serait le dernier.
IR : Qu’est-ce qui te poussait à croire cela ?
RH : Ca devenait de plus en plus difficile de communiquer. Kerry avait de graves problèmes de santé, il déprimait... On a joué une dernière fois à Nancy, étrangement ce fut un super concert peut-être parce qu’on savait que c’était la fin, on a tout donné ce soir-là. Après j’ai voulu laisser derrière moi cette expérience européenne, retourner en Nouvelle-Zélande. J’avais dans l’idée de travailler dans une galerie d’art. Mais sur mon CV la dernière référence à un emploi traditionnel date de 1986, tu vois... J’ai aussi prospecté les cinémas et les radios, mais ça n’a rien donné. Je suis finalement revenu en France, j’avais une bonne raison pour ça puisque j’y avais rencontré celle qui est devenue récemment ma femme.
IR : Tu reviens en France et tu t’installes avec ta femme L’Adorée dans une maison isolée de garde-barrière au cœur des Vosges. Un choix de vie qui peut paraître étrange !
RH : J’ai toujours été attiré par ce mode de vie un peu roots. Mais on ne savait pas trop ce que ça allait donner. On a passé un premier été là-bas et c’était magique. D’une certaine façon ça a changé ma vie. Il n’y avait personne à moins de deux kilomètres, juste des champs et des arbres. Ca m’arrivait de mettre mon ampli dans le jardin, même la nuit, sous le clair de lune. Le riff de la chanson Windsong sur l’album Microclimate je l’ai trouvé comme ça, c’était comme le contre-chant du vent nocturne. So... Tout ça m’a donné envie de continuer à faire plus de musique, mais tout seul à la maison. Je me suis acheté le matériel nécessaire pour enregistrer sur l’ordinateur et quelques synthés analogiques que j’aime beaucoup...
IR : Plus ta collection d’instruments acoustiques à cordes.
RH : Oui, guitare, mandoline, bouzouki... Et mon électrique. J’aime de plus en plus le son de la guitare électrique.
IR : L’album Microclimate est un mélange audacieux d’électronique et d’acoustique. Les chansons y sont toutes différentes mais dans un style très particulier qui ne ressemble qu’à toi. Je trouve que c’est ton disque le plus réussi à ce jour. Cet album fait voyager et en même temps c’est un bon compagnon de solitude.
RH : Ce que j’adore avec la musique c’est qu’elle peut être une passerelle entre des artistes et des gens qui sont comme moi un peu handicapés sociaux. C’est une main tendue qui permet de se sentir moins seul. Quand j’écoute PJ Harvey je comprends tout-à-fait ce qu’elle raconte, c’est à moi qu’elle parle. Les musiciens, les écrivains qui sont si loins de nous, on peut se raccrocher à eux. Ils sont des sortes de messies.
IR : Tu n’as pas enregistré Microclimate vraiment tout seul, tu as fait appel à quelques invités... On y retrouve par exemple le batteur Christian Mariotto avec qui la collaboration est devenue plus que régulière. Tu as depuis formé un vrai groupe avec des musiciens venus d’horizons divers, vous avez fait quelques concerts ensemble. Maintenant que vous avez trouvé un équilibre, quels sont vos projets ?
RH : Trouver des bons musiciens ça n’a pas été facile, surtout par ici (il parle du désert vosgien, NDLR). Même à Nancy, il y a quand même pas mal de nazes, des gens qui n’ont que l’envie de réussir. On a déjà tous un vécu musical, de l’expérience, on sait ce qu’on veut. Je me dis parfois qu’il serait temps que j’avance vraiment, à 42 ans. Je ne veux pas devenir un vieux rocker, tu sais, le quinqua décrépit avec son blouson de cuir et sa queue de cheval qui se la joue, accoudé au comptoir du bar. Ca fait un peu trop Johnny (rires). L’âge abime le corps, si en contrepartie on ne gagne pas en sagesse et en maturité ça ne sert à rien. J’ai quand même confiance en mes capacités, en mes idées, je suis persuadé qu’on peut faire quelque chose de bien du point de vue artistique. Mais il est certain que ça ne dépend pas uniquement de cela, il faut aussi maîtriser le business et ça c’est pas trop mon truc. Il faut vraiment que je m’y intéresse... So, on a déjà enregistré une petite démo de trois morceaux qu’on peut écouter sur le site, et on va normalement passer le mois d’octobre en studio pour faire un album.
IR : On vous souhaite bonne chance ! Merci beaucoup Robert et à bientôt.
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