Le mois d’Août fut pourri, mais l’automne s’annonce radieux. Non, je ne parle pas de l’épopée des trente trois mineurs chiliens, qui guettent follement la sortie du dernier Houellebecq à 700 mètres de profondeur, mais, plus humblement, de l’arrivée du nouvel album des Savy Fav. De deux choses l’une. Soit on connaît le groupe new yorkais et on se lèche les babines, en attendant l’orgasme préfrontal, soit on ignore crassement l’existence du quintette et on en est réduit à se titiller les trompes d’Eustache avec Arcade Fire. Choisis ton camp, camarade.

Ceci étant posé, Root For Ruin a tout bon. Plus dense, plus cohérent que son prédécesseur, l’exubérant Let’s Stay Friends (2007), l’album signe un retour aux sources post punk, net, précis, toujours aussi inspiré. Après 15 ans de carrière et 5 albums assénés en marge de l’industrie (le groupe a son propre label), Les Savy Fav demeurent incapables de faire un mauvais disque.

Root For Ruin est un monument hédoniste. Chaque titre sent la sueur, pas celle du besogneux penché sur sa machine outil, ni du maniaque planté droit dans ses Nike, mais celle des corps à corps amoureux. Tim Harrington, le Falstaff rock, livre sans vergogne ses élans et ses envies, et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa vitalité est contagieuse.

Pour autant, l’album n’a rien de phallique ni de macho. Les Savy Fav sont trop malins pour ça. On se consumera donc avec ferveur et sans aucune retenue sur chacune des excellentes chansons qui composent Root For Ruin, entre énergie brute et étreinte lascive.