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mercredi 15 avril 2015
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par Parano le 18 décembre 2007
paru en octobre 2007 (Wichita)
Imaginez un gros américain, barbu, dégarni, bedonnant, éructant des textes surréalistes, fonçant dans le public en slip kangourou. Imaginez une basse sautillante, une batterie syncopée, des guitares eighties, le tout basculant brutalement dans un hardcore malin et jouissif. Imaginez un groupe plus inventif et enthousiasmant que tous les Klaxons, Rapture, et autres Radio 4 réunis. Un groupe qui a le talent de vendre des dizaines (centaines ?) de milliers de disques sans quitter l’underground, et qui offre à ses fans le sentiment délicieux d’être les premiers sur un gros coup. Et quel coup.
Tandis que la masse s’enthousiasme et s’époumone pour des groupes besogneux, taillés pour un single, un album, un tour de piste, et puis s’en vont, les Savy Fav tracent la route depuis 12 ans. 3 albums pour témoigner de leur génie grandissant, ainsi qu’une floppée de singles, taillés pour l’histoire du rock. En 2004, le groupe a laissé filé l’affaire, tout en promettant de revenir faire chauffer les platines avec un nouvel album encore plus abouti. C’est chose faite avec l’arrivée dans les bacs de Let’s Stay Friends.
Les mecs de Brooklyn n’ont pas fait les choses à moitié, et cette fois ci, ils pourraient raffler la mise. L’album s’ouvre sur un rock en trompe l’œil, agitant les fesses sous le nez du grand public (Pots & Pants). Quelle farce. Faut savoir se faire désirer, mais tout de même. A peine le temps de sourire, et le riff diabolique de The Equestrian nous saute à la gorge. Du Savy Fav pur jus, couillu comme il se doit. La suite est un vrai bonheur : Pixies on the dance floor (The Year Before The Year 2000), disco teigneuse (Patty Lee), New Wave animalière un poil barrée (What Would Wolves Do ?), incantation sous acide (Brace Yourself). Incrédule, on se frotte les oreilles. Non, on ne rêve pas. Les Savy Fav nous régalent pour de vrai. Raging In The Plague Age déboule comme un semi remorque dans un poulaillier. Ce truc va faire couler des litres de sueur dans tous les clubs de la planète, c’est sûr. Un riff de basse à choper des convulsions. Ensuite, il faut bien que ça se gâte un peu. Les Savy Fav ont dû écrire Slugs In The Shrubs en pensant à la musique d’Ennio Morricone. Du rock spaghetti plus ou moins digeste. Kiss Kiss Is Getting Old nous ramène, progressivement, au bercail hardcore. Et puis, sans crier gare, le groupe ose une incursion en plein territoire pop americana (Comes & Goes). Scotchgard The Credit Card peine a retrouver le droit chemin, mais on se dit que, finalement, ces escapades pourraient bien être enchanteresses. Bingo, The Lowest Bitter achève en beauté un album surprenant, qui tape fort là où ne l’attend pas, sans décevoir là où on l’attend.
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