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par one minute in the dream world le 12 janvier 2010
7 Décembre 2009 (Katatak)
Issu d’une cité toulousaine nous ayant déjà gratifiés, entre autres sorties conséquentes, des Despondents, Cabwaylingo, duo chant-guitare/batterie, n’en est pas à son coup d’essai et cela s’entend, cet album, le premier, faisant suite à quatre sorties (démo, cd trois, cinq et huit titres), s’avèrant être une réussite intégrale, poignante et intense. Frédéric Benazeth et Julien Cardaillac y élaborent de superbes mélopées entre révolte et allégorie, se montrant performants dans ce mal-être joliment mis en son comme dans leurs moments plus colériques.
Méconnus, à l’image de leur label, Katatak, ils œuvrent dans l’ombre, en toute discrétion, en toute modestie, et mériteraient de toute évidence une reconnaissance plus large, tant leurs efforts discographiques envoûtent et dégagent une fiévreuse beauté. Cet opus a d’ailleurs été enregistré dans une maison isolée du Tarn, Cabwaylingo se retranchant volontairement pour mieux exalter son ressenti, et nous prend aux tripes dès Freaks, premier morceau au calme trompeur, doté d’une force d’évocation surprenante. Sur une trame en apparence sereine, Frédéric et Julien jettent et exhument ce qu’ils ont en eux, vitriolant cet enrobage sonore par le biais d’attaques de guitares vrillées, soutenues par cette voix magnifique, douloureuse, d’une sincérité à toute épreuve, écorchée, sans fard aucun.
Sur des rythmes plus francs (Enemy), l’efficience demeure ; on pense ici à un Michael Stipe en proie à ses démons, et sur les formats plus étirés comme Clouds, la splendeur de l’étoffe instrumentale, sobre, retenue, permet à la voix de s’exprimer pleinement. Les humeurs changent et se répondent, imitées en cela par cet accompagnement de caractère, et permettent un résultat irréprochable de bout en bout. On ne peut détacher un morceau précis de l’ensemble, cohérent, à l’image du bien-nommé Efficient, délicat, en équilibre instable, doté lui aussi de cet enrobage sensible, capable de caresser l’auditeur comme de lui asséner de soudaines ruades aussi brèves que vives. De superbes introductions (La.m. Dead Middle Of Night) suivies d’envolées émotionelles en diable en titres faits d’une folk exaltée (Freez The Line), Cabwaylingo réussit tout ce qu’il entreprend, poussé vers les cimes par une ingéniosité, une inspiration et un entrelac d’émotions duquel émergent des morceaux sans faiblesses. La finesse du discours (In The Box, Fragile et son chant en Français aucunement dérangeant) donne du coffre, de la splendeur à l’opus, et même le titre caché, en dépit de sa brièveté, laisse deviner une suite de haute tenue, nous donnant ainsi à regretter sa trop courte durée.
Il n’est pas nécessaire d’être nombreux, ni d’en faire des tonnes, pour convaincre et proposer un rendu abouti ; Cabwaylingo, avec pour seuls "moteurs" la passion, un côté entier, à nu, y parvient et signe là un disque à la hauteur des pointures de ce genre torturé et ne comptant pour l’heure que peu de références rééellement crédibles. Puisse ce groupe talentueux s’inviter à leur table ; sa place ne serait nullement usurpée et l’écoute de Sad Songs For Ordinary Happiness vous en apportera l’indéfectible preuve.
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