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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 16 janvier 2007
paru le 8 novembre 2006 ; durée : 102 minutes.
Shortbus, endroit spécial, film spécial.
Comme si New York était faite pour ce genre de choses. Souvenez-vous, il y une poignée d’années était déjà sorti Tarnation, film quasi-autoproduit original dans lequel Jonathan Caouette s’était amusé à filmer son quotidien on ne peut plus morbide. Le film est rapidement devenu culte pour le peu de personnes à l’avoir vu. Il est vrai que l’entreprise était surprenante et ma foi bien foutue. Maintenant, c’est Shortbus, nouvel ovni new-yorkais qui nous arrive. Apparemment, Jonathan Caouette est dans Shortbus, je ne l’ai pas vu.
Le Shortbus est un bar. Un bar où se retrouvent tous les névrosés sexuels cherchant à satisfaire leurs besoins dans un cadre on ne peut plus étrange. Une jeune psychologue du sexe "en phase pré-orgasmique" (comprenez qu’elle n’a jamais eu d’orgasme, d’où un léger problème) et un couple d’homosexuels en recherche de stabilité se retrouvent dans cet univers décalé. Baisodrome, groupe dont on ne sait pas s’il fait de la musique ou du théâtre, ancien maire de la ville venu assumer ses tendances homos... tout est là pour transporter le spectateur dans un monde à part, décalé et finalement très intéressant.
Car derrière le sexe, façade du problème, c’est bien le psychique de l’individu qui est en jeu et qui est étudié dans ce film. Vous me direz, c’est lié et vous aurez raison. L’analyse est fine, les personnages se découvrent petit à petit, chacun son tour, avec l’aide ou non des autres... Entre suicide empêché in extremis, thérapie du jacuzzi, les destins se mêlent et se démêlent autour d’un même point de rencontre... le Shortbus.
Alors pourquoi parler de ce film sur B-Side Rock, site plutôt branché rock que sexe (je ne vous ferai pas le coup de l’adage : Sex, dru...) ? Eh bien, tout l’enjeu de Shortbus nous rappelle l’atmosphère 60s qui a abouti au mouvement hippy. Pour se sauver de l’enfermement individuel existentiel d’une société aliénante, enfermons-nous ensemble dans un commun élan d’amour universel. Le maître du lieu, Justin Bond, un esthète décadent mi-personnage de Bowie, mi-Warhol, l’annonce à Sofia, la psychologue en mal de sensations, au moment où il lui fait visiter son palais du plaisir assumé : « Ici, c’est comme dans les années 60, l’esprit en moins. » Tout est dit. Et puis en plus, les choix musicaux pour accompagner les images du film ne sont pas dépourvus de goût puisqu’on y retrouve des morceaux de quelques groupes de la fine fleur de l’indie rock US : Yo La Tengo, Animal Collective, Gentleman Reg. Alors oui, Shortbus sur B-Side Rock !
Bon, Shortbus ne sera jamais un film à grand public. Tout juste le film de John Cameron Mitchell passera-t-il de temps en temps dans un cinéma du 3e arrondissement parisien. Mais qu’importe, il est bien foutu, original et on en ressort avec le sourire. Donc, on en parle.
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