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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 31 janvier 2006
sorti le 19 septembre 2005 (Cooking Vinyl / Wagram)
U2 tourne en rond, Simple Minds est dans un délire blues star et The Cure s’est assagi. C’est sûrement ce que penseront les amateurs éclairés de la New Wave à l’écoute de Siberia puisque dans le genre, il ne reste plus qu’un groupe : Echo And The Bunnymen. Emmené par le très charismatique Ian McCulloch (sorte de Liam Gallagher vétéran au regard aussi sévère qu’un Neil Young bien luné) à la voix tendrement éraillée par les mêmes substances qui font que Tom Waits sonne comme un noctambule des pianos-bar des années 50, le dixième album des Liverpudliens est un nouveau moment de procession désabusée dans un style qui leur est propre et facilement identifiable. Pour les fans invétérés, la bonne surprise réside dans le revirement radical opéré par le duo créatif McCulloch/Sergeant pour cette nouvelle livraison. Suite au décevant Flowers de 2001, le désormais quintette renoue le contact avec le metteur en son Hugh Jones qui recentre ainsi l’affaire vers un agréable retour aux sources.
Des riffs obsédants, des claviers hallucinatoires, Echo And The Bunnymen incarne une certaine idée de la pop qui consiste à en dire un maximum en un minimum d’effets. Loin des déluges soniques que peut proposer Muse à sa remorque de fans pendant les concerts, Stormy Weather est le titre parfait pour s’accomoder de l’univers sonore du groupe tant l’émotion transparait rapidement sur les paroles détachées de McCulloch. Will Sergeant montre, si on en doutait encore, qu’il est bien l’un des plus grands guitaristes pop du moment. Ses accords cristallins, à l’antithèse des continuelles guitares criardes et vulgaires, feront adhérer les plus perméables aux bijoux mélodiques qui composent Siberia. Débordant de bonnes intentions, le combo multiplie les moments de grâce (All Because Of You Days, Make Us Blind, Everything Kills You) et les quelques défauts d‘interprétation (comme ce What If We Are ? lorgnant trop sur Let It Be), qui seraient contraignants chez tant d’autres, seront aisément mis en sourdine tant la production des titres éclate de fraîcheur et de climats éthérés. Plus marginaux que Coldplay et son Chris Martin de chanteur - dont la légende raconte que gamin, il aurait récupéré des tics de chant chez les Hommes-lapins - les Anglais rappellent sur Sideways Eight et son rock écorché vif qu’ils sont bien des enfants du Velvet Underground.
Mais qu’importe les références : encore une fois, Echo And The Bunnymen est un groupe qui s’apprécie à sa juste mesure au fil des écoutes. Siberia possède tous les atouts pour supporter l’épreuve du temps et représente sans doute l’un des moments de grâce de cette année 2005 finalement riche en évènements. Si leur pop psychédélique n’est toujours pas le nouveau moyen de s’affirmer sur les plateaux télés, le meilleur groupe du monde (selon les propres dires du chanteur onirique) n’a définitivement pas cessé de servir de thérapie à ceux qui pensent que Bono transpire la démagogie.
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