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mercredi 15 avril 2015
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par Florent le 2 mai 2006
paru en 2003 (Salwater United)
Que dire de la production musicale d’Heather Nova jusqu’à Storm ? Un tube avec le groupe Eskobar, des albums de rock plus ou moins aseptisés pour ados configurés Dawson, et quelques choses un peu mieux comme Glow Stars, son premier album mélangeant influences folk et electro ou encore Blow, dans un style un peu plus écorché.
Brièvement, Heather Nova a une enfance très malheureuse, proche de l’histoire de Rémi sans famille, mais réussit à s’en sortir grâce à l’action salvatrice de la musique... Non, non, non, loin de là ! Heather Nova est née aux Bermudes, a vécu sur un bateau avec sa famille et a appris la guitare tout en écoutant Neil Young, les Beatles et Jimmy Cliff.
Storm, sorti en 2003, plus intimiste que les précédents albums, permet de découvrir une nouvelle image de la chanteuse-compositrice. Celle-ci s’est entourée pour l’occasion des musiciens de Mercury Rev et fait également un duo avec Benjamin Biolay (Let’s Not Talk About Love). Les morceaux sont écrits pour mettre en avant la voix légère et haute d’Heather. Ainsi grâce à l’appui très doux, mais présent, des musiciens, il est possible de se laisser bercer par cette jolie voix susurrée et de s’envoler vers des altitudes imaginaires. Cette délicatesse nous fait re-découvrir des chansons à texte où la poésie l’emporte sur la mise en avant des techniques vocales (bref, c’est pas aussi grossier et vulgaire que la variété française par exemple).
Quelques morceaux (River Of Life, Fool For You) s’inscrivent dans la lignée des albums précédents. C’est à dire qu’ils sont jolis mais un peu formatés : enchaînements et accords de base, rythmique tranquille ne cassant pas trois pattes à un canard. Un petit manque d’originalité, tout en restant très écoutables, vu les qualités musicales mises à disposition.
D’autres titres nous emmènent sur les charmes de la guitare électro-acoustique soutenant cette petite voix et rappelant la beauté de la simplicité en musique. Grâce à One Day In June, Storm et Everytime, on s’imagine déambulant sur une plage déserte avec un ciel un peu couvert, goûtant la texture des grains de sable coulant entre nos orteils, une petite brise humide à l’origine de quelques frissons.
Laissez-vous bercer par les superbes arrangements au Hammond agrémentés de choeurs et de rythmes joués à l’aide de fouets (des baguettes composées de tiges métalliques frôlant les tomes et cimbales de la batterie) grâce à You Left Me A Song. Bercement prolongé par I Wanna Be Your Light (qui n’est absolument pas une nouvelle adaptation de I Wanna Be Your Dog d’Iggy Pop).
Des contrées plus sombres et mystérieuses nous sont dévoilées au travers de Drink In It et Aquamarine. On décèle une fragilité et une inquiétude dans la voix d’Heather qui s’approche, nous effleure, nous craint et repart en nous laissant sur place. Serait-ce une sorte de brutalité ou une tentative de notre part d’apprivoiser ces quelques paysages ? Ce serait plutôt un endroit sauvage, où nos repères disparaissent.
Enfin, la perle de l’album (All I Need) est représentée par une suite d’arpèges mineurs au piano soutenue par une batterie efficace et rejointe par un orgue quelques mesures après. La voix se greffe dessus jusqu’à devenir une source musicale autonome. Elle explose en une multitude de notes venant délecter nos tympans.
Cet album de pop variant entre univers organiques (You Left Me A Song) et minéraux (Aquamarine) prend une place à part dans toute discographie digne de ce nom. Depuis, Heather Nova a ressorti un disque (Redbird) un peu plus enlevé, avec plus de titres mais moins poétique. En espérant que ces albums dotés d’une superbe richesse musicale ne soient pas rares, Storm est à consommer sans modération.
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