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mercredi 15 avril 2015
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par Sylvain Golvet le 17 septembre 2007
paru le 9 mai 2006 (V2)
Ce disque serait-il aussi beau s’il n’était pas le dernier du groupe ? Pas sûr... En tout cas, si à l’avenir il arrivait un successeur à celui-ci, le jugement serait le même : celui-ci à été composé et joué de bout en bout comme un testament discographique. Jusque dans son titre, qui file la métaphore de la disparition, évoquant les chats domestiques qui finissent toujours pas disparaître pour aller mourir dans leur coin.
Pourtant, l’ambiance de l’album n’est jamais sinistre, mais comme souvent chez Grandaddy, la musique exprime une sorte de spleen joyeux, comme une retenue d’émotion, la fierté de ne pas pleurer en public. Ainsi, on sent une libération dans l’esprit de Jason Lytle tout au long de ce disque presque solo, en tout cas très autobiographique. Dans Rear View Mirror, il décrit son envie de ne plus passer son temps à regarder en arrière, qu’il ne veut plus consacrer sa vie à composer des chansons, coupé du monde. Il s’excuse même auprès des gens dont le groupe l’a éloigné (I Just Want To Elevate Myself).
Musicalement, le groupe maîtrise son art volontairement approximatif, c’est-à-dire la pop-song sucrée au premier abord et qui s’avère de plus en plus déchirante au fil des écoutes. Peut-être pas aussi parfait et cohérent que les deux chefs-d’oeuvre The Software Slump et Sumday, c’est en tout cas leur disque le plus varié depuis le premier, formant plus ou moins un best of inédit. Ils s’y autorisent une entrée en matière toutes guitares dehors (Jeez Louise), puis une chanson délicate à base de "moew moew" susurrés (Where I’m Anymore) ou même un poussée de punk au refrain au ton digne d’une pub de lessive (50%). Mais tout cela passe toujours par le son un peu bancal du groupe, toujours ces vieux synthés, envoyant toute l’œuvre de Jean-Michel Jarre aux oubliettes.
So... what happened to Grandaddy ? Probablement un mélange de lassitude, de querelles d’égos et de manque de confiance en soi. Il faut donc saluer cette démarche d’une sincérité rare dans le music business : avoir l’honnêteté d’expliquer à son public les raisons de cet "échec" et d’arrêter avant de devenir vieux et fatigués en sortant des albums médiocres. Et même si on peut douter que Jason Lytle laisse définitivement de côté la musique (une tournée solo a été annoncé un moment), on gardera en tête ce dernier mot, issu du livret : "So I guess that’s it then, and now I will say, farewell...and may fortune befriend you all."... À bientôt Jason, qui sait...
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