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mercredi 15 avril 2015
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par Arnold le 16 avril 2005
Après un succès plutôt intéressant pour un artiste débarqué de nulle part (son premier album s’est vendu à plus de 15 000 exemplaires, critiques favorables, etc.) Syd Matters sort son deuxième album Someday We Will Foresee Obstacles le 25 avril. A cette occasion, il répond à nos question dans les locaux de son label Third Side Records.
Sur les conseils d’un ami, je me suis rendu au Pop-In en décembre 2002 pour y assister au deuxième concert d’un tout nouvel artiste du nom de Syd Matters. J’ai alors découvert un chevelu accomapgné de deux musiciens en train de se battre avec une sono précaire et une boîte à rythme capricieuse. Une musique intéressante, entre folk et électro, un univers particulier...
Soucieux de ne pas tomber dans la copie, Syd cherche l’originalité et se construit son propre univers musical, comme l’ont fait avant lui les artistes qu’il aime (de Nick Drake à Radiohead, en passant par Robert Wyatt). Après maintenant 2 ans de scène avec cette fois un vrai batteur, Syd Matters a mûri sa musique et nous livre aujourd’hui un deuxième album un peu plus épuré, plus intimiste Someday We Will Foresee Obstacles.
B-SIDE a donc été lui poser quelques question afin de mieux découvrir ce nouvel opus, et surtout, mieux connaître cet artiste à l’univers si particulier :
B-SIDE : Alors, ça y est Someday We Will Foresee Obstacles est là... Après le succès du premier album les critiques vont t’attendre au tournant... ça ne t’inquiète pas ?
Syd Matters : Non, il n’y a pas de pression médiatique à mon niveau... J’espère ne jamais en avoir. J’ai plus de pression moi-même à me convaincre que je suis musicien et que je peux faire ce métier avant de me soucier d’un accueil des critiques.
BS : J’ai lu que tes tiroirs étaient remplis de compositions, que tu n’avais pas réussi à tout mettre sur A Whisper And A Sigh. Tu as retravaillé ces compositions ou tu en as fait de nouvelles.
S.M. : Non, j’ai toujours beaucoup de compositions. Pas que des bonnes hein ! Mais il suffit d’avoir une guitare et tu peux composer assez rapidement. Ce que j’ai fait sur A Whisper And A Sigh et ce que j’ai refait sur Someday We Will Foresee Obstacles c’est que j’ai pris les chansons les plus récentes... Il n’y avait pas forcément les meilleures, il y en avaient peut-être des biens plus anciennes, mais je voulais que ça corresponde à ce que je voulais faire et au bout d’un moment je l’ai fait. Donc ma règle c’est de prendre les plus récentes.
BS : Tu pars pour l’Angleterre la semaine prochaine... Comment est le public anglais ?
S.M. : On a fait que deux concerts en Angleterre pour l’instant. Ca s’est bien passé, mais bon, des gens, y en a trois qui nous connaissent et le reste soit ils viennent boire une bière, soit ils ont un pote qui est dans le coin... Donc c’est toujours marrant de devoir convaincre des gens qui sont, à priori, pas venu chercher quelque chose. Les deux concerts qu’on a fait, c’était mortel !
BS : Toujours JM Tixier pour la pochette... Mais qui est il ?
S.M. : C’est un graphiste parisien qui travaille beaucoup avec la musique. Il a travaillé avec beaucoup d’artistes parisiens du moment qui vont sortir des disques ou qui ont sorti des disques. Il y a Vérone, les Hush Puppies... Il y pas mal de groupes comme ça.
BS : Tu le connaissais avant ?
S.M. : Non, je l’ai rencontré au moment de la première pochette en fait.
BS : Shiver in Winter...
S.M. : ...And Winter in June, oui. Parce qu’en fait j’étais pas content... On avait sorti un premier 45T et la pochette était un peu à chier...
B.S. : la pochette avec un carrefour ?
S.M. : oui voila c’est ça... C’est pas très beau... Et humainement, il faut que ça colle vraiment. C’est con, c’est un cliché de dire ça, mais c’est vrai. Il faut que les gens, tu aie envie de les voir, de parler avec eux, et après tu peux travailler. Et il se trouve que c’est un mec qui a, je pense, énormément de talent.
B.S. : Donc c’est le début d’une longue collaboration ?
S.M. : Oui, j’espère. J’ai pris la même équipe que le premier album que ce soit pour le graphisme que pour l’ingé son, etc. J’espère bien continuer avec ces gens là.
BS : J’ai lu dans une interview que le fait d’avoir choisi le nom de “Syd” était un hommage à Syd Barrett, et dans une autre interview tu dis que ce n’était pas plus réfléchis que ça... Qu’en est il vraiment ?
S.M. : C’est tout à fait compatible ! Evidemment, “Syd”, c’est pas un prénom que tu peux prendre comme ça quand tu fais de la musique Pop. Tu peux pas choisir ce nom de projet innocemment. Syd Matters à la base, c’est histoire de dire... Enfin moi j’ai beaucoup écouté Pink Floyd et en fait tu t’aperçois que Syd Barrett est super important dans tout l’oeuvre de Pink Floyd alors qu’il a fait qu’un album avec eux. Mais je trouve que sa présence est encore plus pesante sur les autres albums.
BS : sur Wish You Were Here notamment...
S.M. : sur Wish You Were Here, sur Dark Side Of The Moon... même The Wall. Enfin tu vois, The Wall, les thèmes de l’emmurement, de la folie, des trucs comme ça... J’ai l’impression qu’il ont... c’est mon humble avis... Ils ont eu cet espèce de scrupule et de remord d’avoir laché un des leurs pendant toute leur carrière.
BS : En même temps, The Wall reflète aussi l’état psychologique de Waters sur le moment...
S.M. : Je pense que Waters, il est trop travailleur pour être vraiment fou... Enfin voila... Le nom est une référence à Syd Barrett, mais je l’ai effectivement choisi en cinq minutes. Parce que le nom de projet était pas super important pour moi.
BS : Sans transitions ?... Que pense tu des groupes d’aujourd’hui et lesquels retiens tu ?
S.M. : (courte hésitation) En fait ça me parle pas trop les nouvelles mouvances, les groupes internationaux, les grosses modes, les trucs comme ça...
BS : la vague revival ?
S.M. : Ouais... J’ai absolument rien contre, c’est juste que c’est pas mon truc. Par contre, il y a toute une scène de gens qui viennent, en France notamment, du home studio. De là d’où je viens. Travailler chez soi à la maison avec un truc comme ça (il désigne mon dictaphone) et puis une guitare sèche. Et ces gens là, je me reconnais vachement chez eux. Il y a un groupe qui s’appelle Los Chicros, un groupe parisien, il commence à tourner un peu, à se faire une réputation. Musicalement je me sens pas ultra proche de ce qu’ils font mais je sais comment ils travaillent et je comprend leur démarche. En fait, les gens dont je me sens proche, qui me touchent aujourd’hui, c’est des démos que je reçois, des choses comme ça...
BS : tu reçois des démos ?
S.M. : Ouais, il y a des gens, soit qui me les filent aux concerts, soit que je reçois au label. Là par exemple j’ai reçu une démo d’un mec dont le projet s’appelle « Fauve ». C’est juste ce que j’ai entendu de mieux depuis six mois. C’est magnifique. C’est un monsieur qui est suisse, j’ai eu l’occasion de le rencontrer plusieurs fois... Et voila, c’est une intimité que je comprend parce que je l’ai connue aussi, et ce qui me touche aujourd’hui c’est vraiment les autoproduits purs et durs.
BS : Concernant ces autoproduits, si tu avais un conseil à leur donner pour trouver un label ?
S.M. : Je leur dis : « Mais pourquoi trouver un label ? ». Nan, mais je suis super heureux d’être dans un label, ça aide, mais ce que je trouve génial chez ces mecs là qui font de la musique chez eux, presque pour eux... Ensuite t’as Internet qui te permet de faire un site, de faire écouter ta musique à un mec qui est au Japon... Et à la limite, je trouve que ces mecs ont beaucoup plus de pouvoir que des artistes signés dans des labels et qui sont dépendants de dates de sorties, de moyens, etc. Tu as plein de contraintes que Internet et le Home Studio te permettent de contourner.
BS : J’ai découvert un groupe en 2004, Midlake, leur musique m’a fortement fait penser à la tienne...
S.M. : J’adore Milake ! Au niveau des influences, j’ai sorti mon disque en août 2003 et eux courant 2004. Mais je les ai rencontrés en fait ces mecs là, il sont aussi signé chez V2, et l’album je l’ai adoré. Quand je l’ai écouté la première fois je me suis dit : c’est une sorte de Grandaddy, et en fait après tu t’aperçois qu’il y a des composition que Grandaddy a jamais écrites... Et je trouve ça mortel ! C’était une claque de 2004.
BS : On connaît déjà tes références musicales, mais en matière de Cinéma, quelles sont tes références...
S.M. : Je suis pas très cinéphile en fait. Je prends vraiment le Cinéma comme un divertissement. Pas comme un art en fait. Je pense que certains vont pas être content en lisant ça, mais... Mon film préféré ça doit être Blade Runner ... que j’adore et pour plein de raisons, parce que ça me rappelle des souvenirs aussi, mais je suis pas un cinéphile.
BS : ...et en matière de livres...
S.M. : Plus déjà... Là il y a des auteurs qui m’ont vraiment marqué... Récemment, il y a Alessandro Baricco... qui a fait un disque avec AIR... J’ai découvert un peu ce qu’il faisait et je trouve ça super beau. Ca me parle beaucoup. Il y a un bouquin qui s’appelle Océan Mer et mon album, pendant longtemps c’était Ocean Sea. C’est pour dire que c’est un bouquin qui a eu de l’influence sur Someday We Will Foresee Obstacles.
BS : et qu’est ce qui t’as fait changé de titre ?
S.M. : Ocean Sea c’est une idée qui me plaît énormément, et c’était une référence au bouquin qui m’a vraiment marqué. Mais le titre au final, je pense qu’il est beaucoup plus proche de moi Someday We Will Foresee Obstacles. Donc, je me suis dit « c’est important quand même un titre ». Fallait que ça ait un rapport avec l’album.
BS : Sinon, tu es plutôt vinyle, CD, ou mp3 ?
S.M. : J’étais CD... Vinyle, non j’ai jamais été vinyle Parce que je n’avais pas les moyens, et parce que je n’ai pas du tout ce rapport vintage avec la musique que ce soit dans les instruments, ou dans les disques, dans les objets... Ca m’intéresse pas. Donc, pas de vinyle, j’ai du en acheter deux il y a quatre ans quand j’ai eu une mini crise de deux mois de vinyles, sinon CD parce que c’est ma génération, et mp3 de plus en plus... Parce que c’est quand même bien d’avoir de la musique gratuite.
BS : Donc tu n’as pas peur de retrouver un jour des morceaux sur un quelconque site de peer-to-peer ?
S.M. : Non, je trouve ça plutôt bien parce que faut voir l’avancée que c’est. La musique pop n’a jamais été gratuite ! L’art, en général a jamais été gratuit. Aujourd’hui, même si c’est illégal, où tout ce que tu veux, Internet c’est pas illégal et chacun peut surfer où il veut, c’est la liberté quoi... Tu peux télécharger des trucs et les écouter et tu payes rien et moi je trouve ça super bien. Même si ça fait chier parce que moi je vais pas pouvoir en vivre...
BS : ...et puis au final, tu peux récupérer ça en concerts...
S.M. : C’est David Bowie qui disait que le mp3 était très bien parce que finalement il ne vas plus y avoir de support, de disques, etc. ça va mal se vendre et donc les artistes vont vraiment faire leurs preuves sur scène. Donc c’est plutôt bien...
BS : Question à 100 000, le disque à emmener sur une île déserte ?
S.M. : (courte hésitation) Il faudrait un disque qui te dégoûte de la Musique, comme ça t’es pas frustré de pas pouvoir en écouter. Donc un disque pourri... (il cherche)...
BS : Let’s Dance ?
S.M. : de Bowie ?! T’es fou ou quoi ?
BS : C’est spécial quand même...
S.M. : Ouais parce que c’est années 80 à fond... Mais tu regardes la composition, le mec il sait faire une chanson... Nan, il faut un truc vraiment pourri... Un disque de Yes ! Un truc avec lequel tu te dis : « bon ok, la musique, j’en écouterai plus ! » (Rires) Je pense que ça peut avoir un coté rédhibitoire.
BS : L’interview touche à sa fin. Tu es le premier artiste interviewé sur B-SIDE... Un petit mot pour l’inauguration ?
S.M : Longue vie... Au moment du premier album, c’est les fanzine, les webzines les gens qui font vraiment pas ça pour les thunes, c’est vraiment eux qui m’ont soutenu, mais à fond ! Donc, continuez à faire ça. Vraiment. Des mecs comme moi ont besoin de vraies oreilles... Donc, Bonne Chance à B-SIDE !
BS : Merci Beaucoup !
Propos recueillis par Arnold,
Someday We Will Foresee Obstacle, sortie prévue le 25 avril 2005,
Photo de concert par Shaddy lane
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