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par Sylvain Golvet le 14 avril 2008
Paru le 14 janvier 2008 (Because)
Bonne surprise, Syd Matters à l’air de s’imposer dans le paysage musical français, puisque Ghost Days est son troisième album, un score atteint par peu de gens dans le milieu, surtout en évoluant dans les contrées peu glamour du folk psyché chanté en anglais. Un truc à repousser la ménagère, d’autant que Jonathan Morali (tête pensante de Syd Matters, cf. notre interview de 2005) n’a pas choisi la facilité pour cet opus et seul les persévérants seront récompensés.
C’est assez logiquement que Syd Matters commence sa carrière, dans un murmure et un souffle (A Whisper And A Sigh en 2003) pour ensuite vaincre avec brio les obstacles du deuxième album (Someday We Will Foresee Obstacles en 2005) dans une évolution instrumentale flagrante mais aussi cohérente. Le premier sonnait de fait bien plus amateur, ce qui fait aussi son charme, puisqu’il avait été enregistré à la maison. Mais bizarrement, au lieu de profiter de la technologie sur le deuxième album, en se servant du confort technique du studio et de musiciens, Syd Matters s’est enfoncé encore plus loin dans ses morceaux nébuleux, rendant moins évidente les mélodies, enveloppant le tout d’arrangements moins directement reconnaissables. Une démarche poursuivie tout au long de ce Ghost Days rêveur, l’occasion de développer une ambiance de fantasmagorie discrète, allié à des textes intimistes, parfois surréalistes mais toujours personnels. Et donc plutôt que de surenchérir dans les cordes au kilomètre, Jonathan s’est armé de sa seule guitare folk, de quelques touches de piano, de claviers old school et d’ondes marthenot, et c’est à peine si la batterie est effleurée plus de deux morceaux d’affilée.
Ghost Days est ainsi un disque qui s’échappe, difficile à cerner car plutôt homogène, on en vient à confondre certains morceaux, les séparations entre ceux-ci n’étant au final pas si claires. Cédant peut-être trop souvent à la même progression, certains morceaux sortent tout de même du lot, comme It’s A Nickname et son (relativement) joyeux gimmick de guitare, ou Cloudflakes. Mais c’est sur la deuxième moitié du disque que le soufflé prend le mieux, une fois l’auditeur bien imprégné, via le très beau Louise dont l’émotion dans l’interprétation est palpable, au point de perturber le début du morceau suivant. Quant à Anytime Now ou Me And My Horses (hommage à Sparklehorse ?), tous deux intensifient le tout de quelques jolies montées, dont les sons fantomatiques enveloppent et perturbent à la fois. Enfin, Syd Matters pousse même le vice jusqu’à cacher une petite ballade tubesque en fin de disque, car non, ce disque ne sera pas en tête de gondoles !
Plus qu’aux fans de Radiohead ou de Pink Floyd, le disque plaira sûrement davantage à ceux de Nick Drake, en témoigne les arpèges délicats de My Lover’s On The Pier, recouverts progressivement par un mélange divin de chœurs et de claviers quasi indissociables. On pense aussi beaucoup aux plus contemporains Midlake (I Was Asleep) et Grandaddy. Ça ne fait pas de ce troisième album son plus appréciable, ni son plus facile d’écoute, mais quoi qu’il en soit, on conseillera à tout le monde de savourer ce Ghost Days avant de sombrer dans le sommeil, il sera alors le compagnon idéal de vos petits rêves certes modestes mais tellement savoureux.
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