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mercredi 15 avril 2015
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par Psychedd le 14 mars 2006
paru le 20 février 2006 (le Village Vert)
Je vais vous dire quelque chose : il ne faut jamais lire une chronique sur un album qu’on n’a jamais écouté. Pour Chevrotine, on m’a tout promis, du Beatles, une référence à White Rabbit et tout plein d’autres belles choses. Pensez donc si j’étais contente de découvrir un groupe qui cumule tout ce que j’aime en musique... Ben merci les gars, mais va falloir réécouter plus souvent Revolver ou Abbey Road. C’est quand même malheureux de toujours vouloir trouver de super références alors que Holden peut se vanter de quelque chose : le groupe a son identité propre et fait ce qui lui plaît. Qu’il ait des influences, je ne le nie pas, mais il faudrait plutôt fouiller du côté d’un jazz feutré et intimiste, ainsi que de la musique latine.
Mais là, c’est facile de le deviner : Holden a peaufiné son troisième opus au Chili (où ils sont très appréciés) dans les studios du producteur Atom Heart. Il leur a de plus fallu quatre ans pour que l’album voit le jour. Et c’est plaisant à vrai dire, car il est de plus en plus rare qu’un artiste prenne le temps de créer et de développer son style, loin des diktats commerciaux. En toute sincérité, je ne suis pas fan de chanson française, mais Chevrotine possède un charme indéniable et une ambiance des plus agréables. Ça fleure bon l’après-midi ensoleillée passée à paresser dans un hamac. On se laisse bercer.
Alors bien sûr, techniquement, le groupe est impeccable, l’intervention de chaque instrument se fait toujours sans excès. Rien n’est clinquant (pas de solo mégalo à la guitare), l’ensemble est marqué par l’équilibre. Armelle Pioline a un très joli brin de voix, toute en finesse, parfois comme susurrée au creux de l’oreille. Les textes sont très bons : il est rare qu’un groupe puisse se vanter d’aussi bien faire sonner la langue française (surtout aujourd’hui où il est de bon ton de chanter en anglais...). Les ambiances vont et viennent, morceaux intimistes, parfois contemplatifs (Ce Que Je Suis, En Septembre), interventions plus pop (Sur Le Pavé, Quelque Chose En Moi), chansons plus marquées par l’électro (Les Cigales), Chevrotine peut être écouté comme un appel à l’évasion.
Et puis il y a bien sûr L’Orage en duo avec Jean-Louis Murat qui prouve qu’Holden a toutes ses chances d’accéder au rang de groupe français « alternatif », évoluant dans un milieu où il n’est pas forcément nécessaire de passer à la radio pour se faire connaître. D’autant plus que ce duo est vraiment excellent et que les deux voix se mélangent à merveille...
Mais au-delà de cette perfection apparente, il arrive hélas un sentiment de lassitude. Je le répète, je ne suis pas particulièrement fan de chanson française et passé la première moitié du disque, malgré la richesse des ambiances dont j’ai parlé plus haut, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir l’impression de tourner en rond. La voix est toujours un peu la même, son aspect traînant fini par me sembler un peu mou, ça reste joli, mais c’est toujours un peu la même chose... Musicalement, c’est un peu le même phénomène. Légère lassitude.
Mais je ne veux pas que l’on pense que je donne un avis définitif sur la chose. Loin de là, cette chronique n’est qu’un ressenti personnel. Voilà un disque qui ne m’a pas vraiment transcendé, mais qui peut parfaitement trouver de très nombreux adeptes, des auditeurs bien plus habitués à ce style que moi. Je serais même prête à parier qu’Holden a un très bel avenir devant lui, tant que le groupe gardera son intégrité musicale. Il a pour cela tout mon respect, mais ce disque n’était visiblement pas pour moi. À vous maintenant de tenter la découverte et de vous faire votre propre opinion...
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