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mercredi 15 avril 2015
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par Vyvy le 20 avril 2009
paru le 31 mars 2009 (Columbia)
On avait suivi l’an dernier le grand retour de Leonard Cohen avec trépidation. Quinze ans qu’il n’avait pas fait de concert, quinze ans qu’on entendait peu parler de lui, si ce n’est pour évoquer son quotidien de moine bouddhiste et ses rares et discrets nouveaux disques. L’histoire est maintenant bien connue : Leonard Cohen s’étant fait vider en 2005 son compte en banque par sa manageuse/femme de confiance Kelley Lynch, celui-ci se trouvait sans le sou pendant qu’elle fuyait la justice on ne sait où. L’honorable retraité, du haut de ses 70 et quelques années a dû alors sortir sa vieille guitare, réapprendre quelques tunes, tout ça pour la thune.
Le résultat de ce grand come-back, c’est la tournée de 2008-2009, toujours en cours. Et qui dit grosse tournée dit album live, et donc le voici, l’objet tant attendu, qui du haut de ses presque vingt euros coûte bien moins cher qu’un ticket pour le concert du maître (aux dernières nouvelles, le prochain concert de Cohen, à Bercy le 7 juillet, commence à 78,50).
Que penser donc de ce nouvel album ? Quelle évolution pour Cohen ? A-t-il encore sa voix, ou, tel un Bob Dylan sur l’éternel retour et un Gainsbourg en son temps, se délite-t-il on stage ?
1°) Leonard Cohen a encore, toujours, une sacrée voix.
Ça, c’était LA bonne nouvelle de la tournée actuelle, qu’Inside Rock avait couvert depuis Nice. Leonard Cohen, dont la voix semblait avoir sombré au 36ème dessous avec des albums tels le Dear Heather de 2004, a semble-t-il gagné en voix ce qu’il a perdu en argent. Ce qui était vrai à Nice l’est à Londres, et le barde montréalais peut se permettre de reprendre ses grands classiques avec grande classe, et pour la grande joie du public. Un petit exemple : Sisters of Mercy du haut de ses 42 ans n’a pas pris une ride.
2°) Leonard Cohen nous offre une sacrée setlist
Leonard Cohen, ayant commencé dans le métier en 1967, a ce qu’on peut appeler une longue carrière... Et qui dit carrière dit chansons : le sieur Cohen avait l’embarras du choix, et son choix n’a rien d’embarrassant. Le très long concert de Londres est réparti en deux CD bien équilibrés entre classiques "première période" tels Suzanne, Bird On The Wire, So Long Marianne, classiques "seconde période" comme Democracy, Tower of Song ou bien I’m Your Man.
3°) Cohen chante Cohen comme (presque) personne
On se le rappelle, le Nouvel An nous avait amené une grosse surprise : une course au titre Outre-Manche entre plusieurs versions d’Hallelujah. La nouvelle version d’Alexandra Burke, gagnante du 5ème X Factor anglais, a déchainé la hargne des fans britons de Buckley qui tentèrent d’empêcher l’insipide version de la demoiselle d’atteindre le number one du Christmas UK Charts. Donc il faut bien garder en tête que si Cohen n’a jamais eu le don pour écrire des chansons à la pelle, les reprises de ses chansons (Hallelujah, Suzanne, I’m Your Man...) sont, elles, des plus répandues. Alors, l’original dans tout ça a t-il une véritable valeur ajoutée ? Cette épineuse question dépend bien sûr des goûts de chacun. Néanmoins, écouter le "nouvel" Hallelujah de Cohen dans ce live, c’est la chair de poule assurée. Et autant mettre les choses au clair, la version d’Hallelujah ne vaut rien par rapport à la version d’I’m Your Man qui atteint des sommets jusqu’alors insoupçonnés...
4°) Cohen sait s’entourer
De fait, si Leonard Cohen est le nom sur l’affiche, la scène est bien remplie. Les arrangements savent tantôt se faire oublier - accompagnement discret sur scène et silence dans la salle quand Cohen cède à l’envie de réciter, et non chanter, et tantôt illuminer la chose. Les chœurs sont géniaux de par le charme des sœurs Webb et la présence de Sharon Robinson, avec qui Cohen travaille depuis tant d’années désormais. Cohen sait d’ailleurs couver ses gens, et passe son temps à les présenter. Sharon Robinson quant à elle, tout comme sur Dear Heather se trouve sur certains titres tels Boogie Street à part égale avec Leonard Cohen. Enfin, frissons garantis sur le Wither Thou Goest final, entonné par toute l’équipe.
5°) Cohen sait surprendre
En effet, loin de se limiter à reprendre benoitement ses classiques, Cohen leur insuffle tout d’abord une nouvelle vie, une nouvelle instrumentation ici, un chœur innovant là bas, et une voix plus profonde encore. Mais, et c’est peut-être là le plus grand intérêt de ce double live, ce n’est pas un Best-Of. Leonard Cohen ici ne fait pas que réunir ses plus grands hits. Il pêche dans des titres, tels Anthem (et cette ligne magnifique, There’s a crack in everything, that’s how the light gets in) ou bien In My Secret Life ou enfin The Gypsy’s Wife, que l’on n’attendait peut-être pas là, mais qui défendent agréablement leur place. Avec ces titres moins "hits", Cohen fait d’autant plus ce qu’il veut, surprend, enchante son public.
Pour conclure par une comparaison, ce quatrième album live de Leonard Cohen dépasse largement le décevant Cohen Live de 1994 ou le pas mauvais Live Songs de 1973. Il se place aux côtés de l’excellent Field Commander Cohen : Tour of 1979 paru tardivement en 2001. Au même niveau, avec des tubes en plus : que demander de plus ? Rien, non ? Si ce n’est... peut être un nouvel album studio ?
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