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mercredi 15 avril 2015
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par Kris le 5 septembre 2006
paru le 30 mai 2006 (Clapping Music)
Un nouvel héros folk. Un héros de conte moderne pour enfants de 7 à 77 ans. Voilà ce qu’est Ramón Vicente Alarcón alias Ramona Córdova en hommage à sa grand-mère. Le premier album de ce jeune artiste est tout bonnement fascinant et lumineux. Ramón, dont les origines feraient pâlir un globe-trotter (Canaries, Porto Rico, Haïti et Philippines), nous fait voyager loin, et nous emmène au pays des histoires qu’il nous conte, aussi haut perché que la voix dont il est doté. Car s’il est bien une chose d’unique chez ce Ramón, c’est sa voix de fausset, sa voix théâtrale, cette puissance vocale reconnaissable entre mille. On n’avait plus été aussi surpris et fasciné par une voix aussi pénétrante depuis Antony Hegarty, la voix d’Antony And The Johnsons. Principalement accompagné de sa guitare et de ses histoires, Ramón a concocté sur The Boy Who Floated Freely une tisane parfaite, à base de compositions folk splendides, de justesse remarquable et d’une sobriété renversante.
L’album s’ouvre sur le bien-nommé Introduction et nous dévoile doucement le monde rayonnant de Ramón. Sa voix douce et gracile s’ouvre délicatement et laisse s’échapper ces premiers rayons de ce soleil fait-main, et qui délicatement nous fait parvenir à nos oreilles cette sonorité folk si familière. La musique de Ramón est pourtant construite de manière très fondamentale se basant notamment sur du picking sur les cordes de sa solide guitare sur lesquelles s’appose son chant imposant comme sur Chesser ou Heavy On My Head. Les ballades folks de Ramón sonnent comme des odes à l’innocence reminiscente, et attisent les bribes d’enfance sous-jacente pour les capter et les exposer à nos yeux nus. Tout dans la musicalité de Ramón possède cette senteur si touchante, à la fois si docile et si téméraire. L’on rajoute à cela cette communion avec la nature, inhérente à la folk pourrait-on croire, sur les titres Introduction ou Sung With The Birds. Cependant Ramón sait la jouer subtil, ne tombant pas dans les excentricités à la Devendra Banhart qu’il rappelle pourtant, ou dans l’abstraction extrême d’un Animal Collective. The Boy Who Floated Freely évolue telle une barque voguant sur de l’eau douce, très douce. Les histoires de Ramón réveillent ces sens les plus instinctifs, ces sens innés qui nous font comprendre l’immuabilité de la beauté singulière, cette capacité incompréhensible à rêver et s’émerveiller face à cette fugacité enchanteresse et solitaire.
The Boy Who Floated Freely est un album dense malgré sa courte durée, mais dont la production est parfois inégale. On soulignera par exemple l’enchaînement dès le début de l’album Inside The Gypsy Bar / Giver’s Reply. Le premier est très brut, au son authentique, chanté en espagnol et dont le son semble avoir été pris sur le vif, tandis que la seconde débute au clavier avant de laisser sonner la batterie sourde. Il n’en demeure pas moins que Ramón semble se suffire à lui-même et que l’ampleur de son œuvre ne peut se mesurer à son seul CD. Comme s’il avait découvert la clef qui maîtriserait les rouages du temps à la manière de Vashti Bunyan ou de Robert Wyatt. Mais il reste encore de l’eau à couler sous les ponts avant de pouvoir comparer Ramona Córdova à ses illustres ancêtres. Seul le temps pourra nous dire ce qu’il en adviendra, mais disons que le jeune Ramón part avec une petite longueur d’avance...
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