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par Tami le 12 juillet 2006
Vendredi 23 juin
J’arrive enfin sur les lieux des festivités, après avoir eu quelques difficultés à trouver l’Hippodrome de Navarre. Il est 17h00, le temps est vraiment idéal, le public est éparpillé un peu partout sur le site. J’arrive à la fin du set d’Asyl. Quelques dizaines de personnes sont timidement postées devant la scène A, pas franchement convaincues par le morceau Intérieur - Extérieur de la formation française, à vrai dire, moi non plus. Le chanteur descend de la scène pour terminer le concert dans la fosse. La prestation d’Asyl à peine terminée, Donavon Frankenreiter commence à jouer sur l’autre scène. Le site d’Évreux est composé de deux scènes principales A et B, dès qu’un groupe a fini sa prestation sur une scène, un autre enchaîne tout de suite après. Donc pas de temps à perdre à regarder passivement les changements d’instruments...
Et ce n’est pas sans une petite gêne, que je vous avoue avoir passé un moment pas trop désagréable en compagnie de Donavon Frankenreiter. Au départ, rien ne jouait vraiment en sa faveur. C’est un ami de longue date du surfeur-chanteur Jack Johnson, il est vêtu d’une panoplie de cow-boy et il joue du rock west-coast, tant de petits détails qui ne pouvaient que me faire détester sa musique. Pourtant, je me laisse entraîner par ses chansons assez faciles (comme Move By Yourself) qui sentent le soleil californien à plein nez. Je ne semble pas être la seule dans le public à apprécier, me voilà rassurée. L’Américain, un peu démago sur les bords, sait se faire apprécier, vantant la cuisine française et souhaitant que l’équipe de France de football remporte le match face au Togo.
Le festival d’Évreux offre vraiment un programme éclectique, c’est au tour de Bettye Lavette, l’une des plus grandes chanteuses de soul de l’histoire de la musique américaine, de se produire sur scène. Le public s’avance vers la scène principale mais petit à petit les spectateurs se retirent, préférant se balader sur le site, aller boire une bière ou commencer à manger... La chanteuse, qui fête ses 60 ans cette année, ne manque pourtant pas d’énergie mais son répertoire a du mal à séduire...
Suit le Ministère des Affaires Populaires ou M.A.P., un groupe venu du Nord de la France, qui mélange raï, rap et bal musette (Et oui, vous avez bien lu, bal musette). Sous de petits airs d’accordéon, ils racontent l’histoire de leurs parents et de leurs grands-parents qui ont migré du Nord de l’Afrique vers le Nord de la France. Des chansons gentiment politisées avec une pointe d’humour et d’ironie, ils se moquent méchamment du Pays des Chtis, avec leurs murs en briques, leurs usines désaffectées et les journées de pluies incessantes... Un groupe qui n’est pas sans rappeler les Toulousains de Zebda.
On reste dans la région des moules-frites, avec Marcel Et Son Orchestre, dont les membres ont sûrement été, un jour, élus travestis les moins sexy et les moins crédibles de France. Mes oreilles non-chtis ne comprennent (presque) rien aux paroles. Ce qui n’est peut-être pas une mauvaise chose... Leur humour est décalé (une de leurs chansons évoque une histoire d’amour qui a lieu dans un camp de concentration tuning) et un peu vulgaire (une autre de leurs compositions parle des petites culottes en papier crépon de Bernadette). Ils jouent du rock festif (autant dire tout de suite que j’ai horreur de ces deux derniers mots collés ensemble).
Je quitte la scène A vers la B, afin d’avoir une place de choix pour assister au concert des Two Gallants. Le chanteur attend patiemment (avec un regard un peu moqueur) la fin du set de Marcel Et Son Orchestre, qui ont apparemment décidé de jouer les prolongations. La musique folk de Two Gallants est brute. Leur prestation est à la fois violente et captivante. Le chanteur est un peu effrayant avec son regard en coin, le batteur, la tête penchée en avant semble torturer son instrument pourtant le son qui en ressort n’est pas désagréable.
Après cette prestation époustouflante, je quitte la scène B pour visiter le site. Je vais me réchauffer quelques instants sous le chapiteau du Banana Club, qui accueille durant les deux jours, plusieurs formations électro (notamment Nathan Fake, Dapayk ou encore We Are Wolves). Je ne reste que le temps d’écouter et de remuer un peu sur deux morceaux de DAT Politics. Puis je me dirige vers la Papamobile, la deuxième petite scène du festival, où un troupeau de caravanes est installé pour recevoir les groupes régionaux.
Il est près de 23h00 lorsque je retourne vers la scène B. Les groupies sont là attendant de pied ferme la venue de Razorlight. Je me fais gentiment bousculer par quelques fans qui tendent désespérément leurs appareils photos et portables à bout de bras pour tirer le portrait du chanteur tout de blanc vêtu. Je suis agréablement surprise par la prestation du groupe qui joue un rock assez rageur. Le leader Johnny Borell a une belle présence sur scène. Les Anglais interprètent quelques morceaux du successeur de Up All Night dont le nouveau single In The Morning est particulièrement alléchant.
Puis suit la drôle de tête d’affiche qu’est Cali. Le chanteur commence à entonner « Je m’en vais », et bien sur ces bonnes paroles, je m’en vais aussi... Je n’ai malheureusement pas le courage d’attendre tout un concert pour assister à la prestation de Katerine.
Samedi 24 juin
Deuxième et dernière journée du festival Le Rock Dans Tous Ses Etats. Une fois de plus, je suis en retard et manque la prestation de Jack The Ripper. J’arrive à la toute fin du set de Brisa Roché. L’Américaine qui joue sur le terrain rock-folk-jazz est souvent décrite comme étant artistiquement très proche de la chanteuse Björk et il est vrai que cette ressemblance est frappante, tant vocalement que physiquement... Je quitte la scène B pour la A, où Akli D joue de la musique folk-country kabyle avec des textes un peu engagés.
Sur la scène B, la jolie Anna Ternheim débute son set en jouant seule à la guitare sèche. Elle nous apprend qu’elle est venue de Suède le matin même, spécialement pour le festival. Les compositions mélancoliques et assez sombres de la chanteuse sont influencées par Nick Cave et PJ Harvey. La jeune femme s’installe ensuite derrière son piano et souhaite chanter une chanson de thérapie, To Be Gone, pour l’équipe de football de son pays, qui ont apparemment joué un match calamiteux contre l’Allemagne. La fragilité de cette chanteuse-compositrice nous séduit, de plus sa communication dans un français quasi-parfait est très appréciable. Elle n’hésite pas à parler du contenu de ses morceaux. L’une de ces compositions raconte l’histoire d’un couple habitant dans une petite ville, dans une grande maison. Tout semble parfait pour eux, mais ils ne s’aiment pas... Vous l’aurez compris, Anna Ternheim écrit des chansons d’amour en général très tristes. Elle s’en excuse presque et exprime le désir de chanter autre chose que des ballades romantiques et de plus approprié au festival. Avant de quitter la scène, elle nous livre un petit secret « Tous les songwriters veulent écrire des compositions rock and roll ». On s’attendait à un morceau bien plus énergique que les précédents mais la chanteuse joue I’ll Follow You Tonight, qui reste dans le même registre que les autres chansons.
Une fois de plus, Art Brut démarre leur concert par Formed A Band. Et j’avoue que je suis toujours aussi amoureuse du bel Eddie Argos, la preuve, petit détail vestimentaire inutile que seul une fan repère, le chanteur portait exactement la même tenue que sa dernière venue à Paris en février dernier. Cependant, c’est la troisième fois que j’assiste à la prestation des Anglais et mon regard se porte plus sur les autres membres du groupe (désolé Eddie). Ils prennent vraiment plaisir à jouer. Les deux guitaristes et le batteur sont très souriants alors que la bassiste est toujours un peu en retrait. Jasper Future a bien trouvé sa place dans la formation et n’a rien à envier au précédent guitariste. La prestation est impeccable, peut-être plus carrée que d’habitude et un peu vite expédiée (festival oblige). Art Brut joue plusieurs faces B et inédits, le public réagit presque aussi bien à ces nouveaux morceaux que ceux qui sont présents sur Bang Bang Rock ‘N Roll. Eddie Argos exécute son habituel slam sur Modern Art sous les regards et rires de ses collègues. Puis vient le dernier morceau, Good Weekend, qui selon le chanteur, a été numéro un au Japon, en Australie, en Allemagne, en Yougoslavie, bref un peu partout dans le monde... Eddie Argos scande son cri de guerre « Art Brut : TOP OF THE POPS ! ». Pour la petite histoire, l’émission musicale « préférée » d’Argos (son groupe n’y a jamais mis les pieds) sera supprimée Outre-Manche, faute d’audience.
La première tête d’affiche de la soirée est Dionysos. J’avoue ne pas être du tout sensible aux compositions fantasques du groupe et j’observe donc leur prestation de loin... À la fin du set, une partie du public se précipite pour aller boire une dernière bière, une autre partie va prendre un petit bain electro-rock en compagnie des Infadels, avant le concert tant attendu de Franz Ferdinand.
La pluie commence à venir taquiner le festival. Tous les chapiteaux se trouvant sur le site sont déjà noirs de monde. Il ne me reste plus qu’à m’avancer vers la scène A, en attendant la venue des Écossais, qui comme il est inscrit sur la batterie, ont été rebaptisés pour l’occasion Fronz Ferdanind. Dès leur entrée, je me fais propulser deux mètres vers l’avant. Ils débutent par un très sautillant This Boy et enchaînent avec Auf Achse et Do You Want To. Ils calment ensuite un peu le jeu avec Walk Away, qui perd malheureusement un peu de son romantisme en live. La majorité de la set-list est composée de morceaux du premier album avec Dark Of The Matinée, Michael, Jacqueline, This Fire, Tell Her Tonight et bien sûr Take Me Out. L’album You Could Have It So Much Better a été mis un peu de côté. Les Écossais n’ont pas forcément choisi les meilleurs morceaux et interprètent I’m Your Villain et The Fallen avec l’habituel présentation du groupe par le chanteur Alex Kapranos. Ils font encore l’impasse sur Eleanor Put Your Boots On et Fade Together et je désespère de les voir, un jour, les jouer en live. Autre déception, avant même la sortie de leur second opus, ils disaient avoir déjà plusieurs chansons pour un éventuel troisième album. Mais ce soir, ils ne nous ont fait profiter que d’un seul titre inédit. On déplore un peu tous les automatismes de Franz Ferdinand, mais avec leur rythme infernal de concerts, il semble normal que leur prestation soit aussi carrée.
Le 23ème festival du Rock Dans Tous Ses États n’est pas tout à fait terminé. Il reste encore les prestations de Para One et Digitalism au Banana Club²... Espérons qu’il y ait encore d’autres éditions de ce beau festival qui semble être, chaque année, un peu menacé.
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