Un souci assez conséquent se doit d’être exposé avant toute chose : je me fous du dance floor ! Qui plus est du dance floor actuel. Et Standard serait la parfaite sensation de tout gugus indie qui se respecte. Celui qui va se pavaner dans les soirées hype du Truskel sourire en coin, assumant pleinement son indulgence pour l’efficacité d’un bon Franz Ferdinand, profitant à l’aise d’un moment cynique pour ne pas cracher sur un hit de Britney Spears, tout en nous garantissant sa conscience politique hors-samedi soir, respectable et docile envers les Inrocks. Il n’y a pas de mal à ça, me direz vous. Oui, et c’est ça le problème. C’est juste dérisoire. Ce qui ne veut pas dire que Standard est un mauvais groupe. Seulement, à moins qu’ils ne soient pas assez anglais pour cela (ils sont espagnols), et comme son nom l’indique, ils pourraient bien faire des ravages conformes au consensus revival post-punk, sans pour autant figurer parmi les pires. Parce qu’en comparaison de la médiocrité délibérée, actuelle et global, Standard délivre avec son premier album, une multitude de stratagèmes sonores et mérite bien ses deux étoiles et demi. Ou peut être plus. Mais tout juste assez pour nous faire passer un moment fort sympathique, dansant, energétique, et quelque peu illuminé. Leur ampoule en guise de pochette d’album est très caractéristique.

Tout y est : rythmes house mélés à des guitares acharnées lorsqu’elles ne s’entrechoquent pas avec les percus, les synthés aériens et autres rythmiques funk à souhait, matinés par leurs influences ethniques. Il ne manque plus que la voix du chanteur (saluons-le, talent certain) pour nous rendre compte que la brillante cacophonie discoïde est fascinée par les Happy Mondays. Et déjà, On The Floor est mise au service de publicités festives telles que le Benicassim l’été dernier. Énergie indéniable mais malheureusement pas de textures ni d’atmosphères renversantes. Les morceaux fonctionnent à peu près tous aux décibels corrosifs, aux structures pétrifiées d’où s’échappent des effluves cosmiques, cependant la plupart se noient sous un manque flagrant de couleurs, de personnalité ou dans une bouillabaisse néopsychédélique improvisée et donc très aléatoire.

La plupart des chansons sont au format normal mais contiennent souvent des finals rébarbatifs qui font paraître l’album durer des heures. Il ne manque pourtant pas d’urgence. Mais que vient faire, par exemple, cette pause-piano romantique et surtout malvenue au milieu d’un potentiel single vigoureux comme Pressure ? Passons les commentaires sur la tentative de ballade mielleuse (I Love You) parce que quelques titres vont changer la donne. Notamment, le temps d’une extase pleine et éthérée (The Happy Song) aux échos mégaphoniques. Mais aussi dans la bulle rock et swing où viennent groover orgue et guitare wha wha (Love Train) ainsi que sur l’étonnante et réussie escapade sonique (Supermarket), toute en lignes progressives, aboutissant dans une phase ahurissante de mouvements psychés, reprenant passionnément quelques mots venant de Common People de Pulp. Ça n’est pas pour nous déplaire. Le disque se termine sur une machine extravagante, quatorze minutes de résonances déglinguées, un peu tapageur sur la longueur.

Mais n’omettons pas les qualités mélodiques, la puissance sonore et le chant absolument hors norme de ce groupe pourtant standard de nos années 2000.