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mercredi 15 avril 2015
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par Kris le 31 juillet 2006
paru le 17 juillet 2006 (Regal)
Mais d’où sort cette Lily Allen ? Pétillante, pleine de vie et rayonnante en cet été 2006, Lily Allen débarque en France après avoir explosé les charts anglais à la manière de Gnarls Barkley quelques mois auparavant. Révélée par le phénomène Myspace comme de nombreux groupes de rock récents, Lily Allen se fait connaître en disposant sur son espace web personnel de ses créations musicales. Succès énorme non escompté pour la jeune anglaise dont le Myspace recueille plus de cinq millions de visites en quelques mois. Du jamais vu. Naturellement, le succès grandissant, un premier single sort dans les bacs Outre-Manche pour la jeune chanteuse du haut de ses vingt ans. Smile est une petite bombe pop qui va souffler en Angleterre. Une pop lumineuse qui se débat sur un fond groovy à forte influence reggae, une ambiance estivale et légère se dégage tout en gardant cette séduisante efficacité, ce punch identifiable à cent kilomètres à la ronde.
Loin d’être une totale amatrice, Lily avait déjà collaboré avec New Order, Shaun Ryder des Happy Mondays ainsi qu’Alex James de Blur. Fille du comique anglais Keith Allen, Lily avec son premier single se place en tête des classements anglais début juillet 2006. Un succès qui ne fera probablement que grandir et grandir avec la sortie de son album Alright, Still. Son second single LDN est une véritable perle de tube pop. Très festive, LDN balance une rythmique soft et entraînante, lancée par une trompette annonçant la couleur. Bleue azurée semble être la couleur la plus appropriée. Sun is in the sky, I don’t wanna be anywhere else chante le refrain porté par cette fourbe trompette qui veut nous attirer vers les chemins de l’oisiveté en cette période de chaleur intense.
Les arrangements sur Alright, Still sont aux petits oignons variant aisément au sein de la même chanson de la pop la plus délicate, au hip-hop le plus percutant, en passant par du reggae le plus dansant, le tout en gardant une cohérence indéniable. Des influences dont Lily Allen parvient à en retirer l’essence pour les réinjecter dans une pop solide et enchanteresse. Utilisant comme brique de base une composition vivante et en mouvance constante, Lily use des rythmiques reggae douces à la manière des Specials. Elle manie un phrasé vif et langoureux, alternant le chant parlé façon hip-hop et le chant plus doux, plus classique. Pourtant très jeune, Lily fait preuve d’une modernité et d’une variété fascinante dans sa musique.
Marquée par une véritable envie d’innover et de se faire plaisir, Lily Allen évoque néanmoins certain(e)s de ses contemporains congénères. Si par son expression et son look fashion-destroy elle peut faire penser à Pink, au niveau musical, elle évoque plus facilement Kelis, notamment sur le titre Not Big. Mais le rapprochement culturel le plus évident est sûrement celui à faire avec Mike Skinner de The Streets. Lily Allen comme son illustre compatriote se fait témoin actif d’une jeunesse vivante, une jeunesse festive, une jeunesse hédoniste et réaliste. Ce que l’on peut dire, c’est que le titre Knock ’Em Out aurait allégrement pu être chanté par Mike Skinner tant le style et l’ambiance renvoient à la musique distillé par The Streets. Avec un beat hip-hop, voire spécifiquement rap, ce titre montre la totale portabilité du style de Lily Allen dont le flow tranchant est la signature d’une fougue innée.
Néanmoins, Lily en dehors de cette façade funky et naturellement fantasque, sait également (déjà) se renouveler. Elle enfile un masque plus personnel et profond pour incarner une Lily Allen plus humaniste, plus intimiste. Le titre Littlest Things nous montre là les qualités, jusque-là encore insoupçonnées, de sensibilité et de fragilité. Si cette candeur de pimbêche lui sied si bien, cette figure revêtue lui va également comme un gant. Une touche de mélancolie et de sentimentalisme se dégage, et semble ancrer la musique de la jeune Anglaise. Et quand ces deux univers, le groovy et la profondeur, se mêlent, en y ajoutant une pincée d’ironie tristement réaliste et fataliste, et bien l’on obtient tout simplement le meilleur titre de cet album qui pourtant regorge de concurrents potentiels. Everything’s Just Wonderful montre que Lily Allen fait partie de ces rares artistes parvenant à chanter des paroles mélancoliques sur un air entraînant comme savent si bien le faire Belle And Sebastian ou les Smiths à l’époque. On sent tout le paradoxe, toute la lucidité ironique voire cynique de Lily Allen lorsqu’elle chante avec cette voix mutine et retenue ce refrain si faussement optimiste :
Oh yeah, I’m fine,Everything’s just wonderful,I’m having the time of my life.
Après la grosse sensation M.I.A. l’an passé ou Miss Dynamite quelques années auparavant, l’Angleterre nous pond une nouvelle princesse de la musique. Bourrée d’un talent incroyable, Lily Allen vogue en cet été d’une facilité et d’une virtuosité à toute épreuve. Le succès lui tend déjà les bras, le futur semble lui sourire à pleines dents. Impétueuse et lucide, lolita aux épaules solides, Lily sort un premier album du tonnerre grâce au plébiscite d’un public qui l’aime déjà. Tout va vite et tout s’enchaîne à une vitesse folle, pour une jeune fille qui était encore inconnue il y a quelques mois et qui désormais truste les hauts des charts. Cette Lily Allen a vraiment tout d’une grande.
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