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...And You Will Know Us By The Trail Of Dead

Paris (Le Trabendo)

...And You Will Know Us By The Trail Of Dead

Le 11 mars 2007

par Sylvain Golvet le 20 mars 2007

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...Trail Of Dead, suite de l’épisode précédent (mais si rappelez-vous). Pour la sortie de leur So Divided de fin 2006, les Texans honoraient ce soir la capitale française de leur présence, et de quelle présence ! Autant leur musique peut paraître insaisissable et en perpétuelle recherche de nouveaux sons sur leurs différents albums, autant sur scène ces fous furieux n’ont qu’un but : faire que vos oreilles se souviennent longtemps de leur tornade sonique. Durant une heure trente et quatorze morceaux, les miennes vont subir de nombreux assauts et en redemanderont en plus.

Mais avant cela, nous étions en charmante compagnie avec les Forget Cassettes. Même s’ils partagent certains de leurs membres avec les Trail Of Dead, dont le batteur et le bassiste de ces derniers, c’est surtout le projet de Beth Cameron, frêle chanteuse à petite robe verte, fragile mais contenant une bonne dose de rage à l’intérieur. Le premier morceau fait tout de suite penser à la PJ Harvey de To Bring You My Love. Même son de basse obsédant, même sensualité inquiète. Et l’on ne croit pas si bien dire puisque retentira plus tard Me-Jane, reprise de l’anglaise en deux temps, d’abord calme puis explosive grâce à la guitare de la chanteuse et au jeu habile du batteur. Les Forget Cassettes ne se reposent pas sur leurs lauriers ce qui donnera un amusant ballet de changement d’instruments, parfois même au sein d’un même morceau, ce qui donnera l’occasion au batteur de se mettre à jouer du clavier en plein morceau avec en même moment une baguette sur les cymbales en même temps. Groupe à suivre donc.

À peine ai-je le temps de contempler les œuvres picturales de Conrad Keely (le chanteur) en vente au comptoir et de remarquer la présence du batteur de Dionysos dans le public que Trail Of Dead débarque ensuite sur scène sur le son de l’intro symphonique de Worlds Apart. Symphonie de courte durée puisqu’ils envoient direct la sauce avec It Was There That I Saw You, qui ouvrait également Sources, Tags And Codes, avec ses assauts de batterie et ses guitares dignes de Sonic Youth. Ce morceau résume d’ailleurs bien la musique du groupe : une batterie bien présente, un chant hurlé et mélodique à la fois, et aussi des breaks tout en finesse permettant de repartir encore plus fort. Tellement fort d’ailleurs que la voix est noyée dans le déluge de cymbales en ce début de set (comment peut-on faire autant de bruit avec une si petite batterie ?). Cela gâchera d’ailleurs le retour de Beth Cameron des Forget Cassettes puisque la pauvre sera inaudible pendant Wasted State Of Mind. En tout cas, le groupe n’est pas là pour la figuration et se démène comme des diables sur des morceaux tout ce qui a de plus rock & roll (Stand In Silence, Relative Ways, Caterwaul).

Le trublion de la bande est vite repérable : Jason Reece est en pleine forme et a de l’énergie à revendre. Passant le début du set derrière la batterie, levant les bras bien haut tout en effectuant d’intenses roulements de caisse claire, il va vite étoffer son champ d’action en enfilant une guitare, puis un tambourin, une bouteille de vin rouge, et se déchaîner sur les percus d’intro de Stand In Silence. Mais là où il se sentira le plus en jambe sera pendant le brûlot hardcore Homage, hurlant comme un possédé dans son micro dans l’habituelle posture du genre : un pied sur les retours et le micro bien haut, si possible en haranguant le public, tout en lui déversant de la bière à l’aveugle.

Mais le leader Conrad Keely n’est pas en reste côté « moi aussi je peux faire le punk ». Le garçon semble mettre un point d’honneur à triturer sa guitare, qu’il frottera allègrement contre un clavier ou un ampli, quitte à continuer avec une corde en moins. A mi-parcours, il nous gratifiera de quelques mots, nous expliquant non sans ironie qu’au Texas la tradition veut que le public exprime sa joie pour le groupe en lui jetant bouteilles et verres en tout genres. Pour ne pas le vexer, le Trabendo ira alors de ses verres de bières volant droit vers Conrad et ses acolytes. Puis le chanteur se saisit d’une bouteille de vin (celle de Jason) et essaiera en vain de la détruire sur la batterie. Ambiance bon enfant donc, ce qui n’empêchera pas le groupe de repartir avec sérieux dans le labourage de tympans.

Pourtant cette deuxième partie de leur set commence plutôt calmement avec Aged Dolls. Mais calme de courte durée puisque le morceau long et sinueux se terminera en déluge de cymbale et en larsens. Pourtant même si le groupe est adepte du bruit, il est toujours carré, n’en fait jamais trop et retombe toujours sur ses pattes. C’est sûrement la présence stoïque du guitariste Kevin Allen qui confère au groupe cette assise technique qui manquerait à n’importe quel groupe vaguement bruitiste. Car la priorité de Trail Of Dead, c’est de proposer des chansons, avec un talent mélodique indéniable qui permet à Will You Smile Again ? ou The Best d’émouvoir en faisant remuer la tête.

Le reste du concert sera de l’avenant. Puisant dans leur cinq albums, les Trail Of Dead ne lâcheront pas l’affaire et feront encore monter la pression jusqu’à lancer un pogo au premiers rangs sur Mistakes & Regrets, un de leur premier succès et dernier morceau du rappel. Le groupe a le sourire, ils sont l’air content d’avoir joué et nous aussi. Conrad invitera qui le veut à les suivre dans un bar situé aux abords de Bastille. J’en resterai là pour ce soir, mon appareil auditif pouvant encore servir à l’occasion. Petite déception, le groupe ne saccagera pas ses instruments comme ils ont la réputation de le faire en fin de concert. Ce sera pour une prochaine fois. En attendant, Texas Rules !



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Setlist :
 
It Was There That I Saw You
Relative Ways
Stand In Silence
The Best
Wasted State Of Mine
Caterwaul
Homage
Aged Dolls
Perfect Teenhood
Will You Smile Again ?
Clair De Lune
Totally Natural
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The Summer Of ’91
Mistakes & Regrets