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mercredi 15 avril 2015
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par Kris le 27 juin 2006
paru en 2005 (Sub Pop)
La scène canadienne est vraiment des plus impressionnantes en cette période. Arcade Fire en tête de liste, Broken Social Scene, Metric ou Stars entre autres des pléthores artistes canadiens, auront précédés Wolf Parade sur le chemin des albums réussis cette année. Très jeune groupe axés autour du duo de chanteurs Dan Boeckner et Spencer Krug, Wolf Parade aura patienté et se sera perfectionné en sortant trois EP avant de nous livrer leur première mouture Apologies To The Queen Mary. Sous la houlette de Isaac Broke, tête pensante de Modest Mouse, Wolf Parade nous régale avec un premier jet des plus convaincants.
Mis en avant quelques mois auparavant par la sortie de leur Wolf Parade EP, le groupe montréalais bénéficie d’un buzz dans le monde du rock indie. Le son caractéristique et rock-moderne de Wolf Parade explique à lui seul ce regain d’intérêt. Apologies To The Queen Mary possède une beauté baroque et instantanée, il possède au moins cela en commun avec son compatriote Arcade Fire, cet univers posé et barré simultanément. Lancés par ces mêmes Arcade Fire, Wolf Parade qui effectuait les premières parties de ses illustres aînés, vole désormais de ses propres ailes et impose son propre style, son propre son. Fichtrement bien ficelé, Apologies To The Queen Mary est fuyant et incroyablement riche, juxtaposant très justement toutes les nouvelles tendances indie. Lyrique et posée, entraînante et percutante de bon sens, la musique des canadiens trouve sa puissance dans cette position très basse, prenant l’auditeur de bas en haut, pied-à-terriste mais pas engourdissant. Wolf Parade parvient à s’enjouer sans grandiloquence, comme une sorte de pop-baroque lo-fi où la percussion s’associe à merveille à la mélodie, où l’harmonie trouve son plus juste milieu avec un panache des plus élégants.
Capable d’une fanfarade pesante et habitée comme You Are A Runner And I Am My Father’s Son comme d’assommants titres power-pop comme Fancy Claps ou Shine A Light en passant par de lascives et lancinantes déclarations comme Dinner Bells, Wolf Parade prouve qu’ils sont on ne peut plus capable de reprendre dignement et de quelle manière le flambeau de la scène indie moderne. Les chants comme pincés et réservés puisent leurs forces dans cette capacité à combiner et palper une certaine tension jusqu’à épouser complètement la mélodie, la mener jusqu’à ses derniers retranchements. Apologies To The Queen Mary est parmi ce qui se fait de mieux aujourd’hui dans le rock moderne, que ce soit dans sa conception, dans son fil conducteur, dans sa manière d’afficher des couleurs si peu communes aux yeux de l’auditeur.
Cependant, il demeure un léger bémol ( il en faut bien un ...) ; Apologies To The Queen Mary peut laisser un léger goût d’inachevé au vues des attentes affichés de ceux qui avaient eu la chance d’écouter Wolf Parade EP sorti quelques mois auparavant. Ce qui aura desservi Wolf Parade, malgré la qualité intrinsèque incontestable de l’album, est que le nom de Wolf Parade aura trop circulé auparavant. Une attente peut-être trop pressante, un besoin irrationnel de vouloir en faire les nouveaux seniors du rock avant l’heure. La place de Wolf Parade n’en est pas tout à fait encore là cependant, néanmoins Apologies To The Queen Mary est un petit trésor de modernité et d’habileté. Peut-être pas le messie tant attendu, non plus le nouveau parrain du rock, mais être une des révélations de l’année ne semble pas être de trop pour caractériser Wolf Parade.
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