Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Oh ! Deborah le 17 mars 2009
paru en 1997 (Capitol)
Singeant les pauses standards de la rockstar sensuelle et égocentrique, Courtney Taylor agaça bon nombre de journalistes qui préférèrent sans doute le sex-appeal de Thom Yorke à la même époque. Mais les seins de Zia, eux, fièrement exhibés en concert ou sur les pochettes des albums, firent l’unanimité. Les Dandy Warhols ont toujours adopté une attitude cool et vagabonde, semblant tout simplement adorer ce qu’ils font, tirant leur autosatisfaction de mélodies aériennes, plaisantes et hypnotiques. Vivant dans une optique plutôt épicurienne, les Dandys ont un coté inoffensif un peu inintéressant, et pourtant Courtney Taylor est sûrement un compositeur meilleur que de nombreux glandeurs professionnels s’essayant au cadre minimal-tambourin-psychédélique.
Dès leurs débuts, les Dandys Warhols étaient friands de chansons qui s’étirent, de plages psychédéliques basées sur une espèce de texture massive due en grande partie à la console vintage de Zia McCabe. Au delà de la cool-attitude, les Dandys ont de l’ambition, des chansons et recherchent la mélodie, comme l’atteste ce The Dandy Warhols Come Down, qui, sans faire dans la technique (et puis quoi encore ?), se veut précis au niveau de la production, dense, rond, se plongeant en profondeur dans la conception d’un travail sonore cohérent et efficace. Ce deuxième album est certainement le meilleur de la discographie très imparfaite du groupe, album composé aussi bien de tubes ensoleillés que de balades plus expérimentales. Avec des riffs simplistes post-grunge et des ambiances post-baggy, les Dandys étaient alors un groupe typiquement années 90, situé quelque part entre néo-psychédélisme et power-pop, catégorisé groupe indé ayant signé chez Capitol, rehaussant toutefois un peu le niveau de la fin de cette décennie (une époque où on avait plus grand chose à manger !).
Entre des sphères dégagées, décontractées et couvertes de fragments sonores étincelants et enivrés, des chansons éternellement vivantes viennent accrocher l’adolescent heureux d’entendre la dernière sonnerie retentir à la récré, annonçant les vacances ou mieux, son départ à la fac ou ailleurs, si possible, loin (Everyday Should Be A Holiday, Not If You Were The Last Junkie On Earth). A lui le monde entier. Au coeur de l’album quasi totalement évident en matière de mélodie, la plage la plus magnifique des Dandy Warhols : Good Morning. Rarement un titre n’aura à ce point aussi bien marié lenteur psychédélique, pop et superpuissance. Une réelle progression où chaques couches de guitare/clavier superposées et chaque seconde n’est que pur bonheur, avec, en guise de refrain, des choeurs superbes et célèstes. Une évasion salutaire, et en final, un solo wawa du plus bel effet. C’était la magie éphémère des Dandys qui avait déjà tout dit dans cette chanson-chef-d’oeuvre, qui, comme l’album en général, est une des plus belles représentations du beau construit sur deux ou trois accords. Le gars aux manettes est un dénommé Tony Lash et c’est peut-être lui qui fait la différence entre ce qui pourrait être lourd et ce qui ne l’est pas ici. Il fait donc en sorte que les méga singles comme Boys Better ou Not If You Were The Last Junkie On Earth ne soient pas (trop) des bouillabaisses FM habituelles, même s’ils ont pris pas mal de rides et qu’ils deviennent moins géniaux lorsqu’on est plus un adolescent pressé de s’évader du bahut.
Ainsi des balades comme Green et Orange passent beaucoup mieux aujourd’hui, aidées simplement par des arrangements plus subtiles et des sonorités à la guitare pas vraiment innovantes mais belles à tomber, dégageant une sorte de torpeur sidérale et lancinante. Un album mélodieux et abouti donc, malgré les trois derniers titres, plus faibles et rébarbatifs. Rien de bien méchant à l’horizon (dommage), mais comme à chaque écoute, on reste fasciné par Good Morning ainsi que par Be-In aux riffs puissants noyés dans des effets cosmiques. Des plages qui bénéficient d’un traitement assez pointu au niveau des couleurs et des tonalités soit éthérées, soit profondes, soutenues par d’épaisses nappes d’orgues et le même tempo tranquille mais percutant. Une rythmique foisonnante et bien calibrée. Parfaite immersion dans l’univers ensorcelant et autrefois riche des Dandys Warhols.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |