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par Aurélien Noyer le 29 septembre 2008
Paru le 10 juin 2008 (Rough Trade)
Je sais, je sais... Le rock en France est un sujet vieux de plus de cinquante ans, tourne toujours autour des mêmes rengaines, rumine toujours les mêmes reproches. Malheureusement, il faut bien reconnaître qu’il est bien plus difficile de défendre un véritable esprit rock en France que de se contenter d’un haussement d’épaule exprimant à quel point le rock en France est subordonné aux coups de buzz d’Outre-Manche. Conséquence immédiate de cette attitude de suiveurs, un groupe comme My Morning Jacket reste encore quasiment inconnu dans notre Hexagone. Ainsi, alors qu’il remplit de grandes salles aux USA, le groupe de Jim James n’a eu droit qu’au Trabendo lors de son dernier concert parisien.
Leur précédent opus studio Z avait été sacré "Album du Mois" par Rock&Folk, le live qui avait suivi, Okonokos, comptait parmi les meilleurs albums de 2006. Mais rien n’y a fait, leur rock hybride (americana, pop, soul, blues) n’a pas percé en France. Et ce n’est sans doute pas avec leur nouvel album que cela se produira. Car autant It Still Move et Z pouvait passer pour des albums cohérents et construits, uniformes dans le style musical, autant ce Evil Urges ressemble à un patchwork bizarre où l’inspiration de Jim James aurait été dopée à tous les styles sur lesquels on ne l’attendait pas. Disco futuriste, metal, funk salace made in Prince, pop adolescente, on retrouve un peu de tout cela sur Evil Urges.
Mais si on peut être surpris d’avoir l’impression d’entendre les Monkees sur Two Halves, ce n’est rien par rapport à la bizarrerie de Highly Suspicious dont les refrains metal (grosse guitare, grosse voix) tranchent avec les couplets funk (basse syncopée, voix haut perchée). Néanmoins, passée la surprise initiale, on se rassure vite de retrouver Jim James à son meilleur, sa voix superbe, sa guitare discrètement virtuose et son songwriting parfait.
A ce titre, les chansons Evil Urges, I’m Amazed ou Aluminum Park positionnent sans surprise My Morning Jacket parmi les meilleurs groupes du moment. Là où la concurrence (Josh Homme, Jack White) peine à produire une musique à laquelle on est pas fortement tenté d’accoler un épithète (industriel pour le Era Vulgaris des Queens Of The Stone Age, zeppelinien pour le Icky Thump des White Stripes), Jim James réussit le tour de force de sonner rock, purement rock, authentiquement rock.
Pourtant, Evil Urges possède un défaut. Si le son général de l’album retranscrit mieux l’énergie live du groupe que les albums studios précédents, la voix de Jim James est la grosse victime de ce choix artistique et le mixage ne rend pas hommage à une des voix les plus émouvantes du rock actuel. Pour cela, on espérera que l’album enregistré avec Conor Oberst et M Ward lui rendra justice, et on se plaira à rêver à une date en France en réécoutant Okonokos... et It Still Moves... et Z... et ce Evil Urges.
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