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mercredi 15 avril 2015
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par Our Kid le 20 septembre 2005
paru le 16 décembre 1967 (Polydor)
En cette fin d’année lysergique, lorsque sort ce troisième album des Who, tout le monde s’accorde pour dire que sa musique tranche radicalement avec celle des disques précédents. D’un point de vue instrumental, il semble ainsi être de loin l’album le plus psychédélique du groupe, laissant de côté le R’n’B des débuts de My Generation ou encore l’anglopop de A Quick One. Exit les frustrations d’adolescent et les impossibilités de déclarer son amour à une fille, place désormais à une trame narrative faisant la part belle au mode de vie pré-hippie, où les émissions de radio et les jingles publicitaires rythmaient le quotidien des familles anglaises, âge disparu en deux temps trois mouvements et laissant désormais les jeunes dans une certaine nostalgie.
De fait, la pochette, bel exemple de pop art, illustre à merveille le côté publicitaire qui régnait au sortir de la guerre (les haricots blancs Heinz) et les produits qui apparaissaient pour les jeunes comme le déodorant Odorono ou l’ancêtre de Biactol, Medac. Composé de 13 morceaux, le disque contient également des spots publicitaires vantant le coca cola, les cordes de guitares Rotosound, le fabricant de batteries Premier, Radio London ...
Le chanteur Roger Daltrey fait découvrir à l‘auditeur une voix jusque-là insoupçonnée, proche de celles des Beach Boys, ces derniers influençant également la richesse des harmonies vocales, tandis que la guitare, la basse et la batterie s’occupent du reste.
Le travail de studio fait merveille : Pete Townshend, ici producteur, y développe toute une trouvaille d’ambiances avec gros feed back à la Who, nappes de claviers, quelques cuivres et le mur du son composés par les toms de Keith Moon et la basse monstrueuse de John Entwistle. Malgré tout, le groupe et plus particulièrement Pete, laisse entrevoir pour la première fois son côté mélancolique et calme en gravant des moments acoustiques (Mary Anne With The Shaky Hands), probablement sous l’emprise psyché folk qui sévissait à l’époque.
L’album, qui s’accompagne du single I Can See For Miles, que Townshend présentait alors comme « ce qu’(il) avait fait de mieux jusqu’à présent », est si ambitieux qu’il ruina le label des Who et les plaça dans l’inconfortable obligation de réussite chiffrée, ce qui fut loin d’être le cas. Ce semi-échec attrista le guitariste et obligea le groupe à tourner indéfiniment pour rembourser ses dettes.
Toutefois, refusant de verser dans le psychédélisme commercial de l’époque, les quatre se rattachent à un concept développé avec des petits morceaux opéras comme Rael. En ce sens, Sell Out préfigure la suite, Tommy, le chef-d’œuvre du groupe, parfois considéré, à tort, comme le premier opera rock de l’histoire.
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