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par Brice Tollemer le 23 septembre 2008
paru le 25 août 1971 (Polydor / Universal).
L’année 1971 est une date fondatrice dans la mythologie du Rock, qui en compte certes un nombre assez considérable. Mais quand même. C’est au cours de cette année que les Rolling Stones sortent Sticky Fingers. C’est au cours de cette année que Led Zeppelin sort son quatrième album. Serge Gainsbourg son Histoire de Melody Nelson, David Bowie Hunky Dory et les Doors L.A. Woman. Mais c’est également l’année où Simon And Garfunkel se séparent, où Jim Morrison disparaît et où le Casino de la ville de Montreux brûle pendant le festival de la ville, évènement qui inspirera le Smoke On The Water aux Deep Purple. Une année où la flamboyance croise la destruction. Une année pour les Who, tout simplement.
Depuis 1965 et la sortie de leur premier album My Generation, Pete Townshend, John Entwistle, Keith Moon et Roger Daltrey ont multiplié les singles et les tubes. I Can’t Explain, Anyway, Anyhow, Anywhere, I Can See For Miles entre autres assurent au groupe un succès phénoménal. Mais le groupe, et en particulier Townshend, ne peut se contenter de ça. En 1969 est ainsi réalisé Tommy, l’opéra rock le plus célèbre de l’histoire. Sa sortie est un évènement qui place définitivement les Who dans le Panthéon du Rock. Ce succès encourage Townhsend à poursuivre dans cette voie. Il se lance alors dans un projet complètement fou et improbable : Lifehouse, qui aurait dû être un album concept basé sur une collaboration active entre le groupe et son public, contant l’histoire d’un avenir obscur où le monde ne devra son salut qu’au rock. Cependant, Lifehouse se révèle très vite irréalisable et entraîne le guitariste vers une sérieuse dépression. Heureusement, il a enregistré un nombre conséquent de démos qui vont pouvoir être réutilisées pour le compte du cinquième album du groupe.
Who’s Next voit ainsi le jour au mois d’août 1971. Cultissime aujourd’hui, Baba O’Riley ouvre superbement ce nouvel effort studio, annonçant d’emblée la tonalité du reste de l’album avec l’utilisation novatrice et originale d’un instrument qui vient de faire son apparition, le synthétiseur. Cette première chanson fait en outre référence à Meher Baba, le gourou de Pete Townshend, et à Terry Riley, considéré comme le fondateur de la musique minimaliste et répétitive. Le son de ce synthétiseur est le véritable fil rouge de ce Who’s Next, que ce soit dans des morceaux comme Bargain ou bien encore The Song Is Over. Mais ce qui fait la force et la spécificité de cet album est en définitive l’alchimie réussie entre les bribes d’un « concept album opéra rock » et une texture beaucoup plus « classique » pourrait-on dire - notamment avec la ballade Behind Blue Eyes par exemple (et un jour, il faudra bien pendre Fred Durst par les testicules pour sa reprise éhontée de ce morceau). Et puis Won’t Get Fooled Again arrive pour clore l’album. Il est toujours délicat de décerner le titre de plus grande chanson de l’histoire d’un groupe. Mais celle-ci n’en est vraiment pas loin. Proposant une certain vision désabusée de la révolution (The change, it had to come/ We knew it all along/ We were liberated from the foe, that’s all/ And the world looks just the same/ And history ain’t changed/ Cause the banners, they all flown in the next war [1]), la construction musicale du morceau est tout bonnement merveilleuse, avec notamment un break totalement hallucinant, un Keith Moon fou de roulement et un Roger Daltrey n’en finissant plus de pousser un hurlement dantesque.
C’est donc une litote de déclamer que 1971 est un excellent cru dans l’histoire du rock. Dans la lignée des albums évoqués plus haut, Who’s Next est un monument, à la fois dans le concept, l’originalité, la composition et même la pochette. Tant et si bien que trente-cinq années plus tard, lors de leurs concerts, des groupes comme Pearl Jam font souvent chanter à un public qui n’était même pas né en 1971 les fameuses lignes de Baba O’Riley :
Don’t cryDon’t raise your eyeIt’s only teenage wasteland
[1] "Le changement, il devait venir/Nous le savions depuis le début/Nous étions libérés de l’ennemi, c’est tout/ Et le monde est resté le même/ Et l’histoire n’a pas changé/ Car les bannières, elles ont toutes volées pendant la guerre suivante"
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