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par Frédéric Rieunier le 5 mai 2009
Paru en mai 2007 (Rocket Racing Rebels)
Si la musique que vous écoutez varie au fil des saisons, voici peut-être la bande originale de votre été. Pas de franche allusion à Ennio Morricone dans ce Mexican Spaghetti Western. En revanche, ambiance de saloon, sonorités hispaniques et esprit rock’n’roll sont bien au rendez-vous. Si Chingon ne vous dit rien, le nom de son fondateur vous sera peut-être plus familier. Le groupe a en effet vu le jour à Austin sous l’impulsion de Robert Rodriguez, réalisateur de la série des Desperado, de Sin City ou encore de Planète Terreur. Et vous avez pu entendre un échantillon de la formation à travers Malagueña Salerosa, qui rythme le générique de fin de Kill Bill 2. Figurer sur la bande originale d’un film de Quentin Tarantino est un signe qui ne trompe pas. Chingon ne fait pas exception.
Mariant avec succès six-cordes ibériques et guitares saturées, le groupe rappelle d’autres frondeurs. La reprise d’Hotel California par les Gipsy Kings, le Spanish Caravan des Doors et Innuendo de Queen ont en effet déjà célébré l’union entre le Concerto d’Aranjuez et Paint It Black. Mais Chingon pousse le bouchon plus loin dans le goulot, et en extrait un gouleyant breuvage, aux fruits doucement mûris sous le soleil mexicain. Sortez les Coronas, chaussez vos santiags, les mystères de l’Ouest sont à portée d’oreilles.
L’album s’ouvre sur les gémissements évocateurs du chanteur Alex Ruiz, pris d’émoi à la vue d’une jeune fille dont les charmes ont inspiré Se Me Paro. D’emblée, la guitare sèche brossée dresse le décor. Sa consoeur électrique lui prête rapidement main forte et dynamise l’ensemble. Puis c’est au tour de la désormais célèbre Malagueña Salerosa d’entrer en piste. Reprise d’un classique des formations de mariachis, cette chanson est sans conteste l’une des plus belles réussites de Chingon. Son phrasé habile et entêtant ponctuant chaque refrain n’en est pas le moindre appas.
La suite du disque n’a pas la prétention de garder la cadence, ce qui ne l’empêche nullement d’honorer la promesse de son titre. La trompette prend une place plus prégnante sur Fideo Del Oeste, tandis que Severina, Alacran y Pistolero et El Rey De Los Chingones ouvrent la voie vers une route plus calme. Bajo Sexto (Six Below) joue la carte de la retenue dans un premier temps, avant d’envoyer une sauce relevée de rythmes entraînants.
Mexican Sausage Link débute par des bruits de pas sur du plancher, suivis du son caractéristique d’un chien de pistolet. Misant sur le suspens, le morceau donne à tout moment l’impression que les notes de six-cordes vont céder la place à la mélodie des six-coups. Frustré par ce duel qui ne veut pas venir, l’auditeur est quelque peu consolé lors du morceau suivant. La voix cajoleuse d’une invitée de marque n’y est pas pour rien. Quiconque a vu Une Nuit en enfer (tiens, encore un film du sieur Rodriguez) ne peut être indifférent à la présence de Salma Hayek. Surtout lorsqu’elle susurre avec langueur Siente Mi Amor.
La testostérone est de retour sur Cuka Rocka (adaptation façon Chingon de la célèbre Cucaracha), dont les étourdissants exercices guitaristiques ne manquent pas d’entraîner les plus rétifs dans leur sillage. La preuve est faite : à l’image de ses idoles Jimi et Stevie Ray Vaughan et Carlos Santana, Robert Rodriguez sait lui aussi manier le manche.
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