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par Béatrice le 9 décembre 2008
Cela fait maintenant bien une demi-douzaine d’année que Ben Kweller suit son petit bonhomme de chemin, égrenant les albums sans prétention comme autant de jalons pour ne pas oublier par où il est passé... Une demi-douzaine d’années, et on se rappelle avoir sautillé sur Wasted & Ready et fredonné Commerce, TX comme si c’était hier, ce qui ne nous rajeunit pas (eh oui, quand on vous dit que le rock est en passe de devenir une musique de vieux ! ). Ben Kweller, lui, en revanche n’a pas l’air d’avoir vieilli. Toujours la même bouille d’ange blond de quinze ans, toujours la même simplicité naïve et le même enthousiasme communicatif. Et bien sûr, toujours le même genre de chansons toutes bêtes, qui n’ont d’autre prétention que de faire partager un petit bout de vie, que ce soit un fragment de ciel bleu ou une parcelle de grisaille, et de faire tournoyer ses mélodies dans la tête des autres. C’est toujours ce type débordant de générosité qui a l’air de prendre la vie comme elle vient, de l’aimer telle qu’elle est, même quand c’est une salope, sans jamais rien prendre trop au sérieux. Quelqu’un de précieux, comme on n’en fait pas assez, qui remet gentiment un peu de légèreté dans l’atmosphère quand on en a souvent besoin.
A ce qu’il paraît, ce jeune papa, qu’on ne suit pas forcément assidument mais qu’on est toujours diablement heureux de recroiser, sort son quatrième album, Changing Horses, au mois de février prochain. Pour faire patienter les fans, il se balade avec dans ses malles un nouvel EP, How Ya Lookin’ Southbound ? Come in..., qu’il vend à la fin de ses concerts. Il paraît, et l’écoute de l’EP le confirme, que dans une volonté de revenir aux sources de la musique américaine, il a instillé un soupçon de country dans ses nouvelles compositions. Enfin, rien de flagrant, cela reste la même power pop simplissime et entraînante, avec juste quelques instruments qui rappellent son terroir. On a même eu l’insigne honneur de vérifier ça en live, dans l’agréable salle de l’Européen, où Ben Kweller était attendu depuis suffisamment de temps pour jouer à guichets fermés. Il débarque en jean serré, tee-shirt, veste de velours violet et tignasse ébouriffée - son costume habituel, retrouver sa guitare sur la scène, et présente son "pote Kitt" qui lui a proposé au dernier moment de l’accompagner avec son dobro sur sa tournée. C’est leur premier concert ensemble et sur cette tournée, mais ça ne se voit pas, même s’il y a un décalage assez poétique entre le gros bonhomme assis qui s’affaire sur son dobro et le lutin sautillant qui passe de la guitare au piano à l’harmonica et parfois les trois en même temps de l’autre côté de la scène.
Quant au concert, comme on pourrait s’y attendre à un concert d’un type comme Ben Kweller, ce n’est rien de révolutionnaire ; pas de coup d’éclat ni de morceaux de bravoure, juste un mec débarqué avec ses instruments, ses chansons et sa joie d’être là où il est pour mettre un peu de baume au cœur de ceux qui veulent bien l’écouter. On passe une heure et quelques dans cette petite bulle merveilleuse, où tout est simple, où les problèmes ne sont que des moyens d’occuper le temps en attendant qu’il soit meilleur et où le soleil s’empresse de chasser la pluie. Les chansons se ressemblent toutes beaucoup en cela qu’elles n’ont rien d’extraordinaire, et pourtant sont capable d’en dire beaucoup plus et de faire beaucoup plus vibrer qu’une longue envolée lyrique. On My Way, The Rules, les petites nouvelles Fight, Things I Like To Do ou Sawdust Man, entre beaucoup d’autres, et puis toute une salle qui reprend en chœur "I don’t feel like I’m falling, No, I don’t feel like I’m falling, No, I don’t feel like I’m falling down, Just say "hello" to the ground, Ba ba ba ba ba ba", ce qui a toujours un petit côté magique... Il n’y a pas tellement plus à dire, à part qu’on ressort (forcément) d’un concert comme ça un peu plus heureux qu’on y est rentré, avec énormément de sympathie pour ce type qui ne ressemble pas à grand chose mais qui est remarquable justement pour ça. Et qu’on aime Ben Kweller. Beaucoup. Même qu’on a honte de l’avoir oublié aussi longtemps.
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