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mercredi 15 avril 2015
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par Kris le 24 octobre 2006
Sorti le 6 septembre 2006 (Metropolitan Film Export)
Amoureux du hip-hop et de la musique tout simplement, ruez-vous sur ce prodigieux documentaire, mais qui ne ressemble pas à un documentaire, et qui ne suit pas les codes classiques du film de genre. Imaginez-vous un peu cette prodigieuse affiche mise en oeuvre par Dave Chappelle : des grands noms parmi les plus renommés de la scène actuelle, un concert ouvert en plein coeur de Brooklyn, une ambiance de circonstance pour un évènement d’anthologie.
Dieu merci, Michel Gondry a eu la sacrosainte bonne idée de pousser Dave Chapelle à organiser cette fête qui restera très probablement gravée longtemps dans les mémoires de ceux qui ont eu la chance d’en faire partie. Filmé et réalisé par un Gondry sobre et qui s’éclipse au profit de l’évènement, ce Block Party fait office de témoignage poignant de cette scène spontanée, issue de la rue, cette scène hip-hop qui malgré le succès, malgré la notoriété n’hésite pas une seconde à se replonger dans ses racines les plus profondes pour tutoyer de nouveau cette adrénaline, ses tripes qui les rattachent chacun à un background ancré en eux. Ainsi lorsque Chappelle demande à ses amis d’enfance, ses anciens potes de quartier, aujourd’hui stars internationales de participer à un concert organisé dans un quartier populaire, pour des motivations autrement plus enrichissantes que pécuniaires, ceux-ci n’ont pas mis longtemps à se décider. De même que des inconnus de l’Ohio invités par Chappelle lui-même pour assister à ce concert. C’était l’occasion pour eux de prendre place pour un concert mémorable.
Dave Chappelle est une star aux États-Unis, possédant sa propre émission de télévision, bénéficiant d’une notoriété certaine. Pourtant, tout au long de ce film-documentaire, ce n’est pas la star que l’on voit, ce n’est pas l’homme de la télévision, c’est juste l’homme noir, qui a grandi dans les quartiers pauvres de Brooklyn et qui comme ses confrères artistes musicaux, aura gravi les échelons de la société du spectacle américain. Mais il n’oublie pas d’où il vient, il n’oublie pas les gens qui sont aujourd’hui ce que lui avait pu être. Ce concert qu’il organise, il est pour lui, mais il est également pour tout ces gens-là, pour ces personnes qui n’auront pas eu la chance de vivre leur rêve américain, Brooklyn comme tant d’autres d’ailleurs, étant des univers à part entière. Ce concert est finalement l’aboutissement d’un rêve de gosse à qui Chappelle devait bien ça. Et grand bien lui en a pris.
Dans ce Block Party, la musique s’extirpe de ses codes habituels, elle se fend de sa coquille commerciale et prend ses galons libertaires. La musique reprend toutes ses lettres de noblesse, que l’on aime le hip-hop ou pas, Block Party réinstaure cette idée qui commence à se perdre de l’universalité fondamentale de la musique. Rassembleuse de masse, créatrice inquantifiable et inarrêtable, la musique joue son rôle fédérateur et source de joie, de mouvement, de vie et puise dans ses sources les plus profondes et les plus essentielles. La musique comme rassembleur, la musique comme festivité communale, la musique au centre de tout propos. Et quand la musique est bonne... On craque. Plongé littéralement à l’intérieur du show, on débute par une prestation de l’énorme calibre qu’est Kanye West. Superstar mondiale et génie musical, Kanye partage la scène avec ses potes d’enfance, Talib Kweli, Mos Def ou Erykah Badu, soutenus par un backingband de haute volée, à savoir The Roots. On ne peut que succomber face à ce tremblement de terre, cette éjaculation artistique et scénique qui se déploie. La caméra se déplace dans le public, sur la scène au plus près des artistes, au plus près des spectateurs, et l’on ressent cette exaltation si particulière de vivre un moment exceptionnel. Folklorique, agressif, émouvant, hilarant.
Arrive le moment de grâce, cette classe ultime qui transcende tout amateur musical qui se respecte, qui dépasse les goûts et les couleurs, uniquement cette émotion vive et tenace qui se fait la malle pour ressortir spontanément. D’un coup, comme ça. Les Fugees, de nouveau réunis sur scène. Ils sont tous là, au complet, tous les trois, Wyclef, Pras et surtout la divine Lauryn Hill. Après les déchirements qu’on leur connaît, les voir tous les trois enfin réunis après tant de temps et lors d’un concert hors-normes, on ne doute plus, on savoure, on sait la portée folle de ce moment magique. Inexplicable et inextricable émotion qui nous saisit lors de l’interprétation poignante de Killing Me Softly par la grande Lauryn Hill...
Merci. Merci encore messieurs Chappelle et Gondry.
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