Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Gatman le 5 juin 2007
paru en octobre 2006 (Snapper Music)
Porcupine Tree est certainement l’une des meilleures choses arrivé au monde du rock progressif et au monde du rock tout court depuis maintenant une dizaine d’années. Le groupe est ainsi passé du statut groupe culte à celui de, euh.... moins culte. Mais ses prestations scéniques n’avaient pas encore eu les honneurs d’être filmées officiellement. C’est maintenant chose faite avec ce somptueux double DVD filmé en 2005 à Chicago et réalisé par Lasse Hoile. Au départ, Porcupine Tree était le projet d’un seul homme, Steve Wilson et qui, petit à petit, s’est transformé en authentique groupe de scène. J’vons donc vous présenter la ch’tite équipe. Dans le rôle de « la section rythmique qui tue », on trouve Gavin Harrison derrière les fûts, volubile et précis et surtout la sensualité du bassiste Colin Edwin, une incarnation de la coolitude absolue, à la face pouponne et imperturbable, souvent coiffé d’un béret, et qui évoque davantage un Bourvil qui vénérerait Tony Levin qu’un requin de studio imbu de lui-même.
Je passe rapidement sur la pièce rapportée John Wesley, assez transparent et d’ailleurs c’est ce qu’on lui demande puisqu’il ne sert qu’à reproduire sur scène les parties de guitare et de voix que le leader du groupe overdubbe en studio. Le cas du clavier Richard Barbieri est assez intéressant puisque c’est le papy du groupe. Dans les 70’s, il a connu le glam, puis la new wave sophistiquée avec le groupe Japan et a sorti pas mal d’albums en solo ou avec des anciens membres de Japan. Toutes ces années ne l’ont pas transformé en démonstrateur chiant à la Rick Wakeman mais en amoureux du son et des textures analogiques. Il est à la fois terriblement discret (la plupart des morceaux pourraient exister sans clavier) et pourtant, c’est souvent lui qui apporte le glaçage sur le gâteau avec ses nappes, et n’hésitant pas à balancer des phrases saturées qui planent au dessus du groupe. Et bien sûr, le monsieur Loyal de cette petite troupe, Steve Wilson, instigateur de cette épopée cosmique. Lunettes à la Lennon, cheveux longs, voix blanche, mince, on le croirait échappé d’une fac de philo. Toujours en activité, multipliant les sides-projets, les collaborations, l’homme sait ce qu’il veut. Sur scène, il se fait plaisir à jouer le guitar hero et balancer des gros riffs bien gras. L’évolution métal récente du groupe va d’ailleurs dans ce sens et les grosses guitares sont donc bien présentes sur le début du concert Open Car, Halo. Mais une écoute rapide serait trompeuse. Car Porcupine Tree met la barre très haut en mélangeant metal certes, mais aussi ambiant, progressif, ballades acoustiques. Un concert de Porcupine Tree est donc un long trip avec ses accélérations, ses moments de calme et ses fulgurances mélodiques. Le groupe trouve sa principale richesse dans une ambivalence entre des sentiments opposés comme sur le dytique : Hatesong et Don’t Hate Me. Steve Wilson chante sur la répulsion et l’apitoiement, la haine et la peur du rejet, la folie des hommes et le désespoir. Pas vraiment des hymnes pour les stades. Et sur Heartattack In A Layby, c’est direct l’arrêt cardiaque et l’envie de tout lâcher.
Bon on peut parfois trouver cette musique froide, cérébrale avec rien qui ne semble dépasser mais heureusement le groupe est sauvé du nombrilisme par le syndrome Spinal Tap, comme ces cordes de guitares qui cassent lors du rappel, brisant la mécanique bien huilé. Le choix du groupe de garder cette prestation « ratée » montre bien leur recul vis à vis de leur « art ».
Le DVD est à l’unisson de la musique et alterne images sepias, pellicule grattée et ambiances brumeuses, sans oublier les projections organiques et torturées, qui ne jureraient pas chez Tool ou Nine Inch Nails. Le groupe porte également une attention toute particulière au son, en stéreo pour la plupart d’entre vous et les mieux équipés se jetteront sur la formidable piste multicanal DTS qui vous assure une totale immersion dans le monde de l’arbre à hérisson. Quant au second DVD, il comporte les projections de scène en plein écran (histoire de vous défoncer totalement la rétine), quelques clips et d’autres prestations scéniques dont le classique Radioactive Toy, ainsi qu’une galerie de photos.
À qui s’adresse finalement ce live ? J’aurais tendance à dire à pas mal de monde. Bien sûr, les amateurs de rock progressif seront aux anges, et trouveront un digne successeur à David Gilmour (le groupe a longtemps été accusé de plagiat Floydien, surtout sur l’album The Sky Moves Sideways de 1995, dont on ne trouve hélas aucun morceau dans ce concert) ou une alternative à King Crimson (les deux groupes ont multiplié les collaborations). Les métalleux seront également en terrain connu (Steve Wilson a pas mal frayé avec les Suédois d’Opeth) et les fans de Radiohead devrait aussi avoir de quoi se nourrir (Steve Wilson clame publiquement son admiration du combo de Thom Yorke). De quoi largement patienter jusqu’à Fear Of A Blank Planet, paru en avril 2007.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |