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par Sylvain Golvet le 15 janvier 2008
Paru le 5 novembre 2007 (EMI)
Suite à la sortie de Takk Sigur Rós s’est lancé dans une grande tournée à travers le monde. Une tournée triomphale, gratifiante, mais aussi éreintante pour des gars comme eux, des gars peu à l’aise avec les affres de business musical. Bref, ils ne rêvaient que de rentrer chez eux, mais pas obligatoirement pour glander, puisque l’idée vient assez vite de faire une tournée à travers leur Islande natale, dans des lieux plus ou moins insolite. Été 2006, il est donc organisé un Icelandic Tour de 16 dates, toutes gratuites, certaines en plein air, d’autres en intérieur, de Reykjavík au coin les plus reculés du pays. Heima est le film de cette tournée, 93 minutes de live et d’interviews parsemées d’images de paysages islandais.
Cela saute aux yeux, le ministère du tourisme de l’île a trouvé avec ce DVD la publicité parfaite pour son pays. Les quelques images des décors que parcoure le groupe prouvent une chose, c’est que l’Islande est un des plus beaux pays d’Europe et sûrement l’un des mieux préservé. Pourtant tournée en vidéo (certes en HD), les images de paysages sont d’une beauté renversantes et magnifiquement cadrées. Intégrés au images de concert, elles achèvent de caractériser l’attachement du groupe à son pays. Le fait de chanter en islandais y joue évidemment beaucoup, mais cette musique humble, parfois douce, parfois forte, complètement aérienne et étirée correspond parfaitement aux landes désolées, aux montagnes nues et à ces plages de cendres noires. Ou ces cours d’eau qui se déroulent étrangement à l’envers lors de Glósóli. Heima signifie « chez soi » et ce n’est pas un hasard.
Une attention particulière est aussi portée au public. Rarement une caméra de concert s’est autant posé sur les gens qui écoutent, vivent, discutent la musique de Sigur Rós, constituant également un spectacle digne d’intérêt. D’autant que lors de beaucoup de date, le public était plutôt constitué de curieux, pas toujours attentif, riant, discutant, vivant, accentuant encore plus l’aspect familial de cette tournée. Sé Lest, un morceau de Takk, est aussi l’occasion pour eux de participer via la fanfare locale, invitée à monter sur scène et en costume, sous les acclamations du village entier venu fêter les héros locaux. Sigur Rós : créateur de lien social. D’autres dates seront l’occasion de rencontres étonnantes, comme cet homme qui fabrique des marimbas à base de roche d’éboulement. Plus tard, les musiciens jouent en duo avec Steindór Andersen, chanteur de « rimur », un vieux chant traditionnel islandais, dans une voix grave complétant parfaitement le timbre aérien de Jón.
L’influence du Live at Pompeii de Pink Floyd est énorme. La musique des anglais étant de toute façon présente dans l’univers de Sigur Rós, on ne peut s’empêcher de penser à leur célèbre live en plein air. Notamment lors d’Heysátan, petite merveille délicate, pleine de silence et jouée en pleine campagne, au bord d’un lac, sans public, près d’un vieux village abandonné aux mouettes et aux herbes hautes. Le remède idéal à la folie d’une tournée à guichet fermé en somme.
Réalisé par Dean DeBlois, ce film purement musical ne nous apprend certes pas grand chose. Le groupe étant peu bavard, les interviews restent plutôt minces. Mais pour peu qu’on aime et qu’on se laisse porter la musique du groupe, le voyage est très agréable. Pour peu qu’on veuille continuer l’expérience, un deuxième DVD contient les prestations du film en entier, plus d’autres morceaux encore, pour plus de trois heures de musique, dont les fabuleuses dizaines de minutes d’Untitled 8, morceau de bravoure se terminant en apothéose de sons et lumières. Allez, je sais pas pour vous, mais moi je le finis et je prends direct mon billet pour l’Islande.
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