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mercredi 15 avril 2015
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par Oh ! Deborah le 19 décembre 2006
paru en 1983 (Polydor)
Suite à de nombreux conflits avec Simon Gallup, Robert Smith envisageait déjà et encore de mettre fin aux Cure. Il jouait alors dans les Siouxsie And The Banshees et décida de collaborer avec le bassiste (Steve Severin) de ce groupe pour cet unique album de The Glove.
Des hommes perdent leurs cheveux et se transforment en psychopathes ? C’est l’effet que susciterait Blue Sunshine, en référence à la drogue du même nom dans le petit film culte de Jeff Lieberman [1]. Mais cet album n’a en réalité rien de sombre. Robert Smith sort de sa dangereuse pornographie mais n’à que faire de rabâcher ses maux terrifiants et préfère se tourner vers les enfantillages pop (une passion qu’il a finalement toujours eu) de Japanese Whispers et le side-project de The Glove.
Le temps de se familiariser avec la voix très particulière d’une certaine Jeannette Landray, avant de s’envoler corps et âmes dans ce tourbillon de charme, de parfaite pop éthérée, candide et sucrée qu’est Like An Animal. Un brin Cure, et surtout, le genre à faire tourner en boucle avec à chaque fois plus d’évidence, d’évasion, se laissant touché par cet entrain ravageur hurlant paradoxalement you’ll never win. Enfantins et poétiques, on reconnaît les formules de Smith dans les textes qu’il élabore avec Severin.
Cet épisode passé, on se demande bien comment le reste pourra rivaliser. Les deux effrontés ne se sentent plus à leur aise dans leurs groupes respectifs, et profitent du moment pour (continuer à) diluer leur créativité dans des acides en tout genre, ce qui donne lieu à des ritournelles psychédéliques à haute dose synthétique. Il s’en suit alors un ensemble un peu inégal, mais tout de même, d’autre pépites pourraient bien encore nous ébahir. Notamment Mr Alphabet Says (chantée par Robert Smith lui-même), son intro piano-bar, son refrain de cordes extraverties, sa couleur noire et blanche des films muets, suivie judicieusement d’un instrumental au piano et à l’orgue : aquatique, beau, mélancolique.
This Green City éblouit par sa fluidité de rayons sonores frêles, purs et linéaires, se détachant des échos d’une guitare amère. Enfin, la brume pastelle et nostalgique de The Tightrope nous dépose dans l’ambiance d’un cirque, qui on le sait, est toujours triste. Les autres chansons sont moins remarquables, sans grandes émotions, mais regorgent de sonorités fraîches, variées (l’orientale Orgy), faussement dispersées. Des sons de synthé scintillent et sautillent dans une pop de pacotille élaborée qui s’assombrie sur l’expérimentale Relax. Le tout terminé par une version moins attachante mais intéressante de Like An Animal.
Une édition Deluxe est actuellement disponible, sur laquelle les fans de The Cure pourront admirer les démos (de bonne qualité) qui révèlent évidemment un autre charme parce que toutes chantées par Robert Smith.
[1] en français, Le Rayon Bleu, sorti en 1976
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