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par Sylvain Golvet le 25 janvier 2011
DVD paru en Août 2005 chez Paramount.
Un film pour enfants, sur Inside Rock ?! Que nenni ! Bob l’éponge est un film tout à fait rock n’ roll ! Hum ok... Je sens déjà les regards sceptiques.
Adaptation ciné de la célèbre série du petit écran, Bob l’éponge le film est la consécration du succès hallucinant de la série. Dans le monde entier, ce personnage inhabituel est populaire auprès de toutes les catégories, des plus jeunes enfants jusqu’aux adultes. Preuve en est : la liste des produits dérivés est juste hallucinante, des livres aux jeux vidéos, du casque de moto au service à fondue (!). Qu’une série pour enfants en arrive à ce niveau là reste assez exceptionnel (unique ?). Il faut dire que le soin apporté à l’histoire, aux gags et à la mise en scène sont peu communs, et comme dans Monstres et Cie, le plus burlesque des Pixar, le rythme comique est particulièrement bien géré. Et bien que l’histoire avance dans un crescendo d’évènements WTF très jouissif, la structure reste très carrée et retombe parfaitement sur ses nageoires. Pour ne rien gâcher les « grandes personnes » sont l’incessante cible de gags décalés et absurdes, pleins de sous-entendus dont on est bien contents que les plus petits ne comprennent pas toutes les nuances, alors que n’importe quel épisode de Dora est une torture pour tout humain de plus de 3 ans.
Bob est né de l’imagination tordue de Stephen Hillenburg, ancien océanographe, un adepte de l’humour décalé tendance Monty Python doublé d’un chantre de la gaminerie la plus régressive. Sous les traits d’un dessin un peu ingrat mais très expressif, hérité de l’esprit cartoon des dessins animés Warner et Hanna-Barbera, se cache une série plutôt osée. Certains épisodes se permettent même de ne rien raconter, tel les meilleurs épisodes de Seinfeld. Car tout dans cet univers confère à l’absurdité. Le héros est une éponge en pantalon et chemise, vivant dans un ananas avec son escargot domestique. On ne sait pas s’il est un adulte ou un gamin (ce sera tout l’enjeu du film) et son souhait principal est de devenir l’employé du mois de son fast-food. Son ami Patrick est une étoile de mer absolument débile et irresponsable, qui ne pense qu’à s’amuser. Le reste des personnages est à l’avenant.
Rare représentant des adaptations au grand écran réussies (avec South Park le film), le long-métrage envoie les deux rigolos à la recherche d’une couronne royale subtilisée par l’infâme Plancton. Un prétexte bien sûr à un récit initiatique où les deux amis se découvriront eux-mêmes mais aussi l’un envers l’autre (hum hum, si si...).
Cette remarque crypto-gay vous paraît incongrue ? Que nenni ! En 2005, la série a subi les plaintes d’organisation évangélique suite au choix d’une association pour la tolérance et la diversité de prendre Bob et Patrick pour mascottes. Pour les accusateurs, ces personnages donneraient un mauvais exemple à la jeunesse, et représenteraient carrément une apologie de l’homosexualité. Le procès d’intention peut paraître à côté de la plaque, il n’est pas sans fondement (si on peut dire). Il n’est en effet pas interdit de repérer çà et là des allusions aux relations troubles qu’entretiennent les deux personnages : Patrick arborant un drapeau à l’effigie de Bob, tenu entre ses fesses (!), Patrick dansant en bas résille... Dans plusieurs épisodes les deux se mettent à jouer les couples modèles (Bob se retrouvant souvent à faire la femme). Même si les personnages n’en sont finalement qu’à un stade pré-sexuel (Patrick qui veut montrer son slip à la princesse), l’ambiguïté demeure.
Quoi qu’il en soit, en dehors de ces considérations sexuelles sous-sous-jacentes, il reste indéniable que contrairement à beaucoup d’autres dessin-animés, Bob l’éponge représente tout sauf un exemple pour la jeunesse. Même si la liberté de ton du film reste bon-enfant, contrairement à South Park, une série qui est nettement plus politique et subversive, il est hallucinant de voir Bob et Patrick littéralement se bourrer la gueule à la glace, ou d’assister aux divers outrages physiques que les dessinateurs osent faire subir à leurs personnages, en témoigne la gueule de bois post-glace justement.
Alors je vous vois venir, vous allez me dire « que vient faire le rock là-dedans ? ». Attention SPOILER : Preuve ultime du bon goût des auteurs, le climax du film résume à lui seul l’esprit libertaire du show. Les habitants de Bikini Bottom, réduits à l’esclavage par les casques lobotomiseurs de l’infâme Plancton, seront en effet sauvés par le solo libérateur de la guitare électrique de Bob, dans une reprise endiablée du "I Wanna Rock" des Twisted Sisters. De là à en voir un éloge du Rock comme libérateur de conscience, il n’y a qu’un pas que je franchirais allègrement. De plus, la BO peut se targuer d’aligner de grands noms de la musique binaire, tel Wilco, Ween ou Motörhead.
Je sais que vous êtes déjà convaincus, je ferais donc l’impasse sur les bikers phobiques des bulles, les dommages irréversibles dus à la calvitie ou même l’apparition de David Hasselhoff himself, en prises de vue réelles. Précision non négligeable : nous ne pourrons être tenus responsables des dommages irréversibles causés par le visionnage du film. Ne vous étonnez donc pas si on vous retrouve ensuite en pleine rue, chantant à tue-tête et en slip "J’suis un glouton Barjo ouais !!! T’es un glouton Barjo ouais !!!".
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