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mercredi 15 avril 2015
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par Kris le 13 mars 2007
paru en 2005
Sans conteste le meilleur film de 2005, petit pièce montée de Jim Jarmusch qui après l’étonnant Cigarettes & Alcohol réalise ici un film intimiste, touchant et qui vise tout juste. Bill Murray, ou la renaissance d’un acteur en nouvelle icône du cinéma contemporain, incarne un homme mûr, Don, cloîtré dans sa solitude, pétri dans une vie emmurée dans un quotidien, ainsi nous est présenté la vie d’un monsieur tout-le-monde. Dans cet univers métronomisé s’insinue l’élément perturbateur révélateur de la trame du film. Don reçoit une lettre anonyme dont l’auteur lui dit qu’elle est une ancienne conquête de Don et qu’elle a eu un fils de lui sans qu’elle ne lui en touche mot. Don se lance alors à la recherche de cette fameuse ex...
Au fur et à mesure de la quête de son passé qu’entreprend ce Don Juan quinquagénaire, on parvient à se faire une esquisse de ce qu’à pu être la vie de ce Don. Parfaitement et justement désigné à cette tâche, le personnage de Don est indissociable du jeu, du physique de Bill Murray. La quasi-staticité des émotions transparaissant au travers des traits de Murray laisse parfaitement découler le passé supposé de Don au fil des retrouvailles avec ses ex-conquêtes. Jarmusch joue sur les non-dits et préfère faire plonger le spectateur dans l’implicite, dans ce qui est du domaine pur de l’émotion et de l’humanisme. Broken Flowers est aux antipodes d’un Rois & Reines par exemple. Ici, tout est dit à l’aide d’un regard complice, sans un mot, tout est compris par un silence plutôt que par un flot de dialogues. Ce n’est pas un mal, c’est un différent moyen de toucher son auditoire. Et ici il fait sans aucun doute mouche. Tout se déroule dans le domaine de l’inracontable finalement, dans le domaine de ce qui est uniquement perceptible mais auquel on ne peut y joindre aucun mot pour décrire ce qui est ressenti. C’est de l’alchimie, un courant qui passe, que l’on capte et que l’on comprend sans avoir besoin de l’analyser car tout est déjà su d’avance. On ne nous dévoile pas le final de l’intrigue mais finalement, as-t-on réellement besoin de le savoir ?
Don effectue ainsi un retour impromptu vers son passé. Durant tout le film, Don se verra renouer contact (ou pas) avec des ex, ayant elles comme lui évoluer dans leurs vies. Mais à son contact, elles redeviennent ce qu’elles avaient pu être pour lui, quelles qu’elles auraient pu être, ce lien qui les avait unis est toujours là, malgré les années qui se sont écoulés depuis. C’est cela qui découle de ce film, c’est cette perpétuelle quête du passé entreprise par Don. Non pas que sa vie ne lui plaisait pas, mais un retour dans le passé dans lequel il aurait pu oublier quelque chose est comme pour lui un retour aux sources. Murray exprime avec grâce cette mélancolie sous-jacente qui jonche ce film. Au bout du compte, lorsque Don se persuade qu’il a un fils quelque part et rencontre ce jeune homme quelconque, il se heurte à la réalité. Le passé ne peut être défait. Une perpétuelle course effrénée passéiste pour compenser l’avancée d’un futur incertain se révèle inutile. Le présent est tout ce à quoi nous devons et pouvons nous rattacher.
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