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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 25 mai 2010
paru le 25 février 1998 (Food Records / Parlophone)
Sorti tout juste un an après le déroutant Blur, cette compilation fut lancée sur le marché pour capitaliser sur la nouvelle image et le nouveau son que venait juste de distiller l’ancien quatuor chéri du mouvement britpop. Rappel pour les non-initiés : Blur, sentant le vent de la pop tourner et usé par la guerre sans merci que lui lançait Oasis à chaque interview ou à chaque nouveau single, décida de casser le son inoffensif de ses débuts pour s’aventurer vers le rock indépendant américain. Bustin’ + Dronin’ se compose de deux disques au contenu tout à fait distinctif. Le premier album se compose de remixes de l’album Blur par le gratin des bidouilleurs de l’époque dont la plupart étaient déjà parus sur les singles. Le traitement techno qu’a donné William Orbit (futur producteur du groupe et qui avait auparavant collaboré avec Madonna) au titre Movin’ On est assez brut et reste assez représentatif de l’univers sonore que possédait alors les quatre cockneys. Moby y va également de sa contribution puisqu’il revisite Beetlebum comme le titre blues qu’il aurait du être, c’est à dire qu’il mixe la voix de Damon Albarn bien en avant et concocte un fond sonore en droite lignée des enregistrements qui figurent sur Play, l’album multi-platiné pour publicitaires en manque d’inspiration .
Pour rappeler que le groupe adore le milieu underground, quoi de mieux que deux remixes de membres de formations aussi vénérées que Sonic Youth et Tortoise ? Thurston Moore s’attaque au déjà sonique Essex Dogs en le déstructurant de manière assez efficace pour qu’on puisse croire à un exercice de style du Velvet Underground période White Light/White Heat souvent aux confins du trip hop. Mais parmis toutes ces réinterprétations, le bijou du lot est sans conteste Theme From Retro, complètement retravaillé par John McEntire, savant fou de Tortoise. Aucunes références aux claviers hantés ne subsistent, seules de succulentes progressions de climats tantôt lounge, tantôt jazzy aident à décortiquer cette chanson marquée sous le sceau de la grâce. Les autres titres sont souvent longs, parfois horriblement ennuyeux lorsqu’on vient de les entendre pour la troisième fois en neuf titres mais surtout totalement dénués d’intérêt.
Tout le contraire du second disque qui voit les Anglais se lancer dans une série de titres désormais historiques, interprétés à la vitesse de la lumière, aussi efficaces qu’un vaccin anti-grippe. Enregistrés live lors de sessions radio chez le célèbre DJ anglais John Peel le 8 mai 1997, ces six titres sont tous forts convaincants et achèvent de montrer la maturité scénique de Blur. Le groupe parvient avec le saignant Popscene à un évident accomplissement de concision qu’on pourrait penser temporaire. Nullement, l’ultra-sautillante Song 2 se greffe à la suite d’un larsen de guitare façon Coxon et puis tout s’accélère sans plus jamais s’arrêter. Les paroles se chantent dans l’urgence, la rythmique chahute et les guitares se font coupantes, on se retrouve alors en présence d’un groupe proto-punk qui jette un zest de old school de circonstance sur On Your Own avant de conclure de belle manière par les bombes Movin’ On et M.O.R.. Les petits princes de la britpop bourrés de bonnes manières se la jouent nouveaux émules de Buzzcocks le temps d’un soir et ça, personne ne pourra le leur reprocher !
Si l’on est en droit de douter de la valeur intrinsèque de cette compilation parue en 1998 et qui semble être l’exacte contraire d’un bilan des années pop, il est encore possible de conclure sur une note d’espérance : de nouveaux territoires resteraient encore à conquérir.
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